EDC de Dayrone~70862
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“ Je pleure pour vous... Vous avez fait de la Vie votre ennemie... „
J'étais assis sur le toit de cet immeuble, les jambes pliées, proches du corps, les bras croisés sur mes genoux, le bas du visage caché par ces derniers, je contemplais cette cité plongée dans un brouillard éternel. La pluie ne semblait jamais s'arrêter de tomber, mes cheveux étaient lourds, gorgés d'eau, les habits collants, des gouttes d'eau sur le bout du nez. Il était là lui aussi, assis non loin, sur le bord, à porter du vide, une jambe tendue, l'autre plié, appuyé sur son bras droit, le gauche posé sur sa jambe en angle droit, lui aussi contemplait la ville. Cette ville, elle semblait en feu, le brouillard faisait que les lumières ressemblaient à de grosses boules ardentes, les gens dans les rues ressemblaient à de petits points, certains de couleur, d'autres non. Parfois, ces points étaient si proches qu'on ne les différenciait plus, d'autres s'éloignaient, on ne pouvait pas savoir pourquoi... Nous étions deux spectateurs, regardant le film de la vie qui s'écoulait sous nous. Ma tête appuyée sur mes avants bras, j'observais en silence les scènes toutes similaires et qui avaient pourtant une histoire bien à elles, Retrouvailles déchirantes, séparations soulageantes, rencontres amusantes, ruptures séduisantes, tant de perversité, ça nous dégoûtait autant l'un que l'autre. Nous ne faisions aucun bruit face à nos esprits étriqués. Ce soir, la violence avait laissé sa place au silence, il avait le regard blasé, fixant le monde d'en bas, un peu en arrière, la pluie ne le dérangeait pas non plus, les cheveux attachés, il contemplait ces petits points qui se baladaient dans les rues de notre secteur, parfois seuls, parfois accompagnés, en grand groupe ou petit comité, nous... Nous étions accompagnés et pourtant... Seuls. Nous avions nos doutes, nos questionnements, et personne n'arrivait à y répondre, sauf nous-même, la vérité parfois trop dur à avouer, nous préférions utiliser les poings plutôt que notre bouche, mais aujourd'hui, ces coups ont créé le silence... Ce silence morbide, où nous voulions parler, mais aucun de nous n'osait le faire. Blottie contre mon propre corps détrempé, toujours à fixer le spectacle lumineux qu'offrait la cité, je brisai ce silence en premier.
Il continuait de regarder les rues plus bas, avant de lever la tête en direction du ciel, laissant son dos déjà mouillé toucher l'eau qui s'était accumulée sur le rebord du toit, plaçant ses bras derrière sa tête, il laissait la pluie s'abattre sur son visage, expirant doucement, il croisait les jambes, comme s'il était à la plage, au chaud, dans son élément.
"Oui, elle l'est, mais pas pour les raisons que notre marraine a évoquées. Notre citoyenneté, notre carrière militaire, ce n'est bien que de la poussière... Des broutilles... Non, elle est dangereuse car elle peut tout faire foiré... On a une idée dans la tête, on sait ce qu'on veut faire. Alors qu'elle... C'est un esprit chaotique, elle est libre et hors de contrôle, elle pourrait briser nos efforts, simplement pour s'amuser. Alors oui, cette piaf est un véritable danger."
Il avait la voix calme, il ne faisait bien qu'énoncer des faits, des choses que je savais déjà. C'est vrai que j'avais pris le risque de l'inclure dans nos plans, malgré le fait que je savais que son esprit chaotique peut à tout moment nous exploser entre les doigts, détruisant nos espoirs et nos rêves en même temps et pourtant... Et pourtant...
Il se tourna face au vide, couché sur le côté, il avait plié son bras pour y déposer sa tête, fixant de nouveau les petits points formés par les personnes en bas, j'avais détourné le regard pour ma part, nous étions en désaccord, comme toujours, je fixais les lumières de la ville, les enseignes clignotantes, sous la pluie et le brouillard, la ville restait magnifique. Le silence, aussi lourd qu'une enclume, c'était de nouveau installé, seul le bruit de l'eau qui tombait sur le béton, les bruits de pas et les rire parvenaient à nos oreilles. Ce silence assourdissent fut de nouveau brisé, par mon compagnon cette fois.
Je rentrais ma tête dans mes épaules, je savais qu'il avait raison dans un sens... Je savais que nous n'étions pas des gens foncièrement bon, mais est-ce que cela faisait de nous de mauvaises personnes ? J'essayais d'être quelqu'un d'altruiste, d'être à l'écoute, de tendre la main...
J'essayais de ne devenir plus qu'un cube, enfoui sous mon propre corps, j'étais honteux d'avouer cela à voix haute, je n'avais qu'une envie... Disparaître après avoir dit ça. Une main placée sur le haut de mon crâne, je voulais me cacher du monde qui ne pouvait pas me voir. J'avais l'impression d'être le dernier des enfoirés, un véritable monstre... Je pensais ne même pas mériter sa compagnie après avoir dit ça... La voix de l'homme raisonnait à nouveau.
C'est vrai... Il avait raison dans un sens, notre vision des choses nous empêchaient de voir autrement, de voir les gens comme autre chose que des pions sur un échiquier. Je ne pouvais voir ces petits points que comme des variables... Un calcul à la fois simple et... Terriblement douloureux... Appuyant mes doigts sur le haut de mon crâne, j'étais en colère contre moi-même... Les dents serrées, la gorge nouée, les mots sortaient en me déchirant les muqueuses
Mon voisin se redressait doucement, assis sur le bord du vide, les jambes se balançant dans ce dernier, les bras tendus, il ne pouvait s'arrêter de fixer le sol si éloigné. Il avait toujours une voix calme, presque funeste, comme s'il annonçait une fatalité à laquelle il s'était résolue
Il se levait alors, passant à côté de moi, posant sa main sur mon épaule, silencieux, il était parti tout comme il était arrivé, tel un véritable fantôme. Pour ma part, j'étais resté recroquevillé sur moi-même, me levant après bien des minutes sous la pluie, je devais avancer, malgré tout... Je devais simplement continuer d'avancer... Ça ne pouvait pas être très compliqué... Un pas après l'autre... Ça ne peut pas être si compliqué que ça...
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