EDC de Davian~28401

Comme souvent, cela commence par l'odorat. L'odeur du plastique, du propre, du neuf. La légère odeur de renfermé de la boutique. Si on a l'odorat vraiment fin, on pourra peut être même percevoir l'huile des machineries, d'odeur de brulé des lames qui ont coupé des centaines de panneaux de plastique avant ceux de ce deck là

Ensuite, le toucher. Doucement, faire glisser la main sur la coque. Sentir les aspérités. Pour s'approprier l'objet, il sauf s'en approprier tout les défauts, ces petites bosses, ces petits creux. Différencier les accrocs du voyage et ceux de la machine qui lui a donné vie. Essayer de s'imaginer comment à été fabriquée le deck. Sentir la résistance des touches sous les doigts, la légère électricité statique.

Puis vient l'ouïe. Le ronronnement du ventilateur, le claquement des touches. Le bruit de la respiration qui s'accélère. De la machine qui prends vie.

Et la vue. Même si ce modèle presque préhistorique ne permet pas de se plonger complètement dans la matrice, la danse des caractères sur l'écran à quelque chose de presque érotique, comme les mouvements de jupons d'une danseuse, laissant imaginer plus que voir.

Enfin le gout. Celui du cuivre dans la bouche, celui du sang qui coule. Se rappeler du feu brulant des électrodes qui mutile pour soigner, qui détruit pour sauver. Le gout de l'amertume qui nait quand on se rends compte que contrairement à la plupart des gens, la relation avec la toute puissante matrice sera une relation éloignée.

En dernier, une fois la machine éteinte, reprendre consistance. Essayer d'oublier la magie de la technologie qui s'est offerte à vous pendant quelques heures, comme l'amour de vacances. Essayer de ne pas montrer le feu qui brule en vous,de faire croire qu'il n'en est rien.

Mais il est trop tard. Vous avez entendu le chant des sirènes de la matrice. Vous savez que vous êtes maintenant condamnés à une vie dans une prison de chair, à ne pouvoir observer la liberté de la matrice que par les barreaux de votre cerveau ravagé.