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EDC de Daffodil~71935

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Pour la première fois... - Avril

⏮ ▶ ⏭ | Now playing : Good ending song
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Et c'est comme ça que pour la première fois, j'avais ouvert les yeux. Seule, le regard amer.
Je me trouvais dans une chambre individuelle, dans un lieu que je ne connaissais pas. Selon Elle, je m'étais sortie d'un coma d'une année entière. Ma mémoire n'était qu'un souvenir.
Ma vie d'avant n'était plus.
C'est ainsi que pour la première fois je me suis redressée, encore plus seule, l'âme morne. Elle n'était plus, m'avait abandonnée dans ce monde dont je ne connaissais rien. Livrée à d'atroces cauchemars qui hantaient mes nuits et mes jours.
Alors, pour la première fois, je suis sortie de mon lit, et je suis allée m'habiller avec ce que je supposais être mes affaires. Un trench noir, un pantalon troué. Isolée, dans un univers abstrait. Pendant un instant, mon regard à croisé dans le miroir celui d'une femme maigre à la chevelure pâle. Aux yeux voilés d'un blanc laiteux dont les reflets me laissaient croire qu'un jour, ils étaient d'un bleu froid. C'était la première fois que je me voyais. Mais était-ce vraiment moi ?
Je suis sortie de ma chambre et j'ai arpenté un long couloir. J'ai tourné à gauche, contourné une table de réunion à projecteur holographique, et je suis sortie dans les rues.
Pour la toute première fois, je respirais un brouillard épais qui teintait mes cheveux d'un gris sale. Noyée dans la foule, murée dans mon silence. Sur un appareil électronique enroulé autour de mon bras, apparaissait une seule adresse. Je n'avais nulle part d'autre où aller. Alors je me suis perdue, errant entre ceux qui s'affairaient, pelles en main, et ceux qui riaient dans les bars. J'étais spectatrice d'un monde en mouvement. Immobile au milieux d'acteurs ancrés dans leur temps. Avais-je encore ma place ?
J'ai mis pour la première fois les pieds dans mon appartement. Tout était poussiéreux, mal éclairé. J'avais atteint mon dernier refuge mais quelque chose résonnait encore dans mon esprit. Une voix, celle d'un mâle. Nous devions nous revoir. Mais qui était-ce ? Quand était-ce ?
Je me suis trainée vers ce que je supposais être une chambre. Un lit deux places entres plusieurs meubles qui donnaient aux lieux un air d'entrepôt abandonné.
Une ultime fois, je me suis allongée dans ce lit, et j'ai fouillé les dossiers de l'appareil sur mon bras. Pas de photos. Pas de messages.
Je n'avais plus qu'un seul contact.
Comment était ma vie d'avant ? Une étrange peur indicible naissait en moi.
Et si on avait délibérément effacé ma vie ?
* * *
Pour la première et dernière fois, j'ai connu le malaise d'une discussion hésitante, de sujets incertains et de propositions hasardeuses. Les discussions avec ce dernier contact étaient étranges. Nous ne venions pas du même monde. Nous ne croyions pas en les mêmes choses.
Son monde semblait si cohérent, si cartésien, pragmatique, et les flash de mon inconscient si décousus, sanglants, nauséabonds, éclairés par
Mes derniers jours, je les ais passé ainsi. A l'affut d'une réponse du contact, fuyant le sommeil pour éviter les cauchemars et fuyant la fatigue pour éviter le sommeil. Fondant dans mon dernier lit, n'observant ce monde effrayant que par le biais de mes messages.
Pour la dernière fois, j'ai cessé de me nourrir. Je n'avais plus faim. Je n'avais plus la force de me lever ni l'envie de manger.
Lentement, mes plumes blanches ont orné le lit autour de ma dépouille, m'habillant d'une dernière poésie. J'avais choisis la plus belle, car pour la première fois, ce dernier contact allait venir me voir.



Pour la première fois, elle a sonné à ma porte et est entrée. Pour la première fois, nous nous sommes vues, et je ne la connaissais pas.
Pour la première fois, elle s'est assise près de moi, tremblante. Je ne saurais dire si je lui faisais peur, où si elle avait peur d'elle même.
Mais pour la toute première fois, je l'ai vue pleurer. Alors, pour sécher ces larmes qui n'avaient pas lieu d'être, pour la dernière fois, je l'ai serrée dans mes bras. Alors qu'elle n'avait plus de forces, je lui ais donné celles qui me restaient, et j'allais m'en aller.
Pour la première fois, je lui ais demandé de m'aider. Pour la première fois, elle a refusé.
Pour la deuxième fois, je lui ais expliqué et pour la deuxième fois, elle a encore refusé. Je ne la connaissais pas, mais elle voulait partir avec moi.
Ainsi, pour la dernière fois, je lui ais demandé de rester. De continuer assez longtemps pour elle, mais aussi pour moi. Car si le temps avait avancé sans moi, je refusais qu'il avance sans elle.
Et pourtant, je ne la connaissais pas.
Pour l'ultime fois, elle a accepté, et lentement, j'ai pu m'en aller.
Dans un craquement mécanique, je n'étais plus.
Dans un de ses soupirs de douleur, elle avait mis fin à l'anachronisme que j'étais. A l'écho d'un scénario qui n'avait pas de chute, d'un être vidé de lui même.
Pour la première fois, elle avait Tué quelqu'un.

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Spoiler (Afficher)
Article HRP, écrit sur la fin de vie d'un pion défunt pour le concours d'Avril ! Merci à vous d'avoir lu.
PS : On est à 909 mots sans compter ceux écrits dans des images.

Informations sur l'article

Concours d'écriture
03 Avril 2020
698√  6 0

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