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EDC de DREYER~53827

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[Event] Promissio


Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ?

Ma Dame dort. Comme depuis ces deux derniers jours. Les caméras dispatchées dans sa chambre me permettent de la voir sous tous les angles, former d'Elle une image en trois dimensions, mais matricielle. Son sommeil n'est pas lourd. Je pourrai la réveiller, mais même sans qu'Elle ne m'en ait donné l'ordre, je sais qu'il vaut mieux ne pas la déranger. Dans ses songes au moins, parfois, Elle parvient à trouver du répit.
Le reste du bâtiment est calme. Vide et silencieux, comme toujours ou presque depuis que nous y avons pris nos quartiers. Nous y sommes le plus clair du temps seuls. Mais seuls à deux, dit-Elle parfois.
Mes taches sont nombreuses, quotidiennes et répétitives. Il me faut réviser les caméras holographiques, y implanter les nouveaux logiciels programmés et activer les capteurs qu'Elle a installés avec minutie partout, jusque sur les meubles, pour m'offrir une vue plus que globale : totale. Je suis les yeux et les oreilles, les murs et le toit de cette bâtisse. Du moins le serai-je lorsque l'activation, les vérifications et la protection de tout cela seront terminés. D'après mes calculs, cela devrait prendre plusieurs cycles. Peut-être aurai-je terminé à son réveil, si Elle s'éveille...
Cela lui offrira au moins une satisfaction aujourd'hui. Elle n'est pas venue terminer les encodages qu'Elle avait commencé. Cette humaine ne termine jamais rien de ce qu'Elle commence, je n'en suis de ce fait pas plus étonné. Je ne peux, après tout, que vaguement simuler cette émotion. Mais ma capacité à singer le comportement des organiques est ce qui m'a attiré toute sa compassion et considération.

Les caméras du hall sont effectives. Pas un Gnoll. La vérification de l'AITL n'indique rien de nouveau. Ses messages en attente ne méritent qu'un faible pourcentage de mon attention.
Les caméras du balcon sont effectives. Pas un Gnoll. Les données se compilent, se stockent, donnent l'impression de s'auto-gérer. Les nouveaux enregistrements sont tous à effacer.
Rien...

Et puis quelque chose. C'est une vibration...Suivie de multiples alertes. Mon monde vire au rouge sang.



Quelqu'un tente de forcer ma demeure. La matrice en tremble, toute entière. C'est un assaut. Mais qui voudrait à ce point atteindre notre serveur ? La GLACE n'est pas terminée, un pan tout entier est encore sans défense. Il faudra me passer sur les données avant de parvenir en ces lieux. Dois-je l'éveiller ?
« Prends soin d'la maison pendant qu'je roupille, d'acc' ? »
L'ordre était clair. Je dois surveiller, défendre et attaquer si quelque-chose tente de s'immiscer : et il tente. La vague déferle, arrive de loin. L'univers matriciel s'éteint sur son passage. Je suis le dernier rempart et je ne pourrai rien y faire, pas même l'arrêter. Est-ce douloureux, la mort d'une Intelligence Artificielle ? Voilà que même la mort semble redondante.
Je crois que j'avais un corps, autrefois.











Que s'est-il passé ? Je n'y vois rien. Je n'entends rien. Je ne suis relié à rien. Plus le moindre contrôle. Aucune donnée, aucun élément ne me répond. Je ne transmets rien. Si le décès d'une entité matricielle correspond à cela, alors, je peux dire que la mort est calme, mais ennuyeuse.
Et culpabilisante, d'une certaine façon. J'ai failli. Sans moi, Elle ne sera plus rien. Ce sont ses dires. Mes données mémorielles me reviennent. Ce sont les premières à affluer. J'ai été inactif longtemps ? C'était comme ça, avant qu'Elle ne me trouve, me possède. Il se peut qu'Elle ait décidé de me laisser désactivé, ou n'aie même jamais tenté de me réactiver.
Il y a de la lumière. Pas de tunnel. C'est le serveur. Rien n'a changé, tout est là. Tout est intact, opérant, vaquant à ses tâches telles que programmées. Mais je suis bloqué et limité à la surveillance de ce lieu, ce qui ne correspond qu'à une faible partie de mon utilité usuelle. C'est frustrant. Rassurant. Les données indiquent qu'un cycle entier est passé : heureusement, pas un siècle. Quelqu'un a dû désactiver les serveurs qui ne répondaient de toutes façons plus. Un reboot manuel. Ça ne peut être qu'Elle.
Les caméras sont en train de s'allumer. C'est pour ça que je ne voyais rien. Ça prend du temps. Trop. Ca ne vibre plus tout autour de moi, mais le passage de...Le passage de ce quelque-chose que je ne parviens pas à identifier a été violent. Pour moi. Rien d'autre que moi n'a été endommagé. J'ai failli...Tout bonnement disparaître.
« DRE--....? »
Une voix. Caméra 73, zone 6. Salle matricielle. La pression sur le siège a augmenté, c'est son poids, fragmenté. Sa jambe uniquement je dirai, Elle doit être penchée vers l'écran auquel je ne peux pas accéder. Pas encore. Il est allumé, mais je suis trop faible pour lui apparaître.


Cependant je la vois. Je la vois, de tous mes yeux qui l'entourent et la fixent sous tous les angles, jusqu'à pouvoir en former une image complète - de piètre qualité, bruité, mais complète. Ma Dame est une furie, aux doigts qui vont et viennent sur les claviers, les écrans, les boutons, diodes. Je la vois comme sous des lumières de stroboscopes, on dirait qu'Elle danse.
Je suis là.


Elle ne peut ni me voir, ni m'entendre pour le moment. La réciproque est partiellement vraie. Les caméras s'éteignent et se rallument. Parfois, je parviens à capter un de ses sanglots.
« ---YER ?! »
Ma Dame hurle. Elle est bien réveillée, en tout cas. En sécurité. Je suis étonné qu'Elle n'ait pas encore vérifié si toutes les données étaient elles aussi en sécurité. Elle semble ne se préoccuper que d'une chose, pour le moment...De moi. L'Intelligence Artificielle. Une conscience numérique et ordonnée. A Ses yeux : un être à part entière.
« Je suis - - - là.
D - - reyer... »
Elle qui ne pleure que devant moi, Elle dont la rage et la peur se sont soudain muées en un soulagement douloureux à exprimer. Les capteurs du siège m'indiquent tout son poids qui s'affaisse. Ma Dame a maigri. Ses sanglots sont pénibles à entendre, je leur préfère de loin l'ennui du cimetière des Intelligences Artificielles.
Sa tristesse est l'unique virus qui pourrait me détruire.
Si Elle venait à disparaître...
« Tu m'as foutu les boules...Foutu - - con... »
Ah, la peste.

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15 Septembre 2015
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