EDC de Cryx~52202

Un appartement silencieux, avec une lueur blafarde émanant de la seule lampe qui avait été allumé, un néon dans la cuisine.
Dans la pénombre du salon, Cryx était assis sur le canapé, le regard dans le vide, concentré à sa propre destruction mentale.
Beaucoup de monde semblait avoir du respect pour lui, à moins d'un avis de façade. D'autres en voyaient les faiblesses et son mal être, pourtant bien en deçà de la réalité.

Tout avait commencé alors qu'il était en plein apogée de sa vie. Il s'ouvrait enfin au monde après des années d'anorexie sociale. Une nouvelle relation sentimentale qui le rendait heureux. Un succès professionnel avec sa nomination comme Délégué Impérial. Pleins d'idées, plein d'envie, trop d'envie...
Une proposition de la noblesse pour faire de lui un aspirant. Que n'avait-il donc fait là... Jamais ô grand jamais il n'aurait du accepter. Trop sûr de lui et confiant, conforté par les inondations de bonnes intentions, d'encouragements et d'éloges qui l'asseyaient, alors qu'il n'en était pas habitué. Tout en étant paradoxalement rongé par la crainte d'échouer. La déception était à la hauteur du désastre qui s'en était découlé.
Il avait bien essayé de se relever, faire comme si de rien. Reprendre une façade neutre, continuer le travail pour l'Imperium... Ne rien exprimer... être outrilien.
L'effondrement psychique qui en avait découlé n'avait pourtant pas cessé depuis. Restait une plaie qui ne cicatrisait pas, sans cesse rappelé à la douleur à chaque nouvel échec qu'il subissait depuis 2 ans, tel des coups de marteau sur un fer au rouge.
Et certain continuaient de le soutenir. Mais il n'y croyais plus.
Le summum atteint avec la trahison de Ninde. Elle en qui il avait confiance, une des nobilis avec qui il était le plus à l'aise. Elle qui l'encourageait par devant.
"C'est qu'un raté qui n'atteindra jamais la noblesse".
Des mots rapportés qui lui résonnaient en tête. Combien étaient comme elle à dire une chose et le dénigrer par derrière?
Ne plus écouter, ne plus croire, ne plus faire confiance à personne...
Terriblement difficile en réalité. Et dans une lente désintégration que rien ne semblait arrêter, se sentir toujours plus inutile et inefficace. Toujours plus ignorant. Toujours plus nul.
Faire semblant que tout va bien, continuer ses projets, faire passer une partie de ce qu'il avait prévu tout de même, noblesse ou pas, qu'importe...

Tout juste se maintenant debout grâce à sa relation sentimentale avec Alleïsta. Mais cela aussi était tout autant chaotique que son esprit. Une succession de bonheur et de souffrance. Mais néanmoins ayant des projets avec elle, construit un immeuble pour eux, voulant la demander en mariage prochainement...
Voilà qui était fini également, abandonné aussi de celle qu'il aimait.
Cette fois là il n'avait même pas craqué. Contrairement à la crise précédente, quand il avait cru la perdre pour toujours, où il s'était tué d'un couteau dans le cœur pour faire passer la douleur. Rien. Quelques larmes, et surtout encore et toujours tout accumuler en soi comme depuis 2 ans.
Mais la seule coquille, seul squelette qui le maintenait encore debout, une fois brisé, son effondrement se poursuivit sans retenue.
"Comment tu vas?
- mouai..."
Voilà ce qui coulait de ses lèvres pour les autres. Pouvaient-ils deviner qu'il allait pas bien? Oui bien sur. Mais toujours incapable de se lâcher vraiment sentimentalement, c'était loin, très loin de la débâcle psychologique qui secouait son esprit en vrai.
Il pensait à la cryo parfois... Puis une voix quelque part à l'intérieur lui disait
Non, il faut tenir, pour l'Imperium d'abord.
Avant qu'une rechute ne le fasse reculer.
A quoi bon? Je sert à quoi? Je ne serai bientôt même plus Délégué.

Encore vivant pour le moment.
Cryx se relève du canapé, traînant la queue en se dirigeant vers sa chambre. Un mal de ventre le saisi. Il s'écroula dans le lit les larmes aux yeux. Vint une fièvre pour l'achever et cette crampe d'estomac qui ne passait pas. Voilà qu'il s'en rendait littéralement malade à présent.
Du moins le pensait-il.
Car ainsi commença sa mue...