EDC de Corbine~71145

« Si tu te rappelles de moi, sache que je t’ai aimé jusqu’à la fin, Colombine. »

Elle hurle, mais la porte se referme juste devant elle. La dernière chose qu’elle voit de lui, ce sont ses yeux.
Derrière, on l’arrache, on tire, on la tient par les bras et on la traîne. Ses talons fins rayent le sol tant elle se débat, avec la force du désespoir et de toute cette haine qui la parcourt et la transperce. Elle aimerait en finir là, mourir dès maintenant plutôt que d’avoir à vivre avec cette souffrance au coin du cœur. Cette colère, cette horreur qui lancine, qui l’assassine.

Qu’a-t-elle fait pour mériter ça que d’avoir répondu à ses regards et ses sourires ? N’a-t-elle pas été parfaite quand elle épousait ses lèvres des siennes, quand elle glissait ses doigts dans son dos ? Elle y a cru. Elle a cru qu’elle pourrait à jamais se réchauffer contre lui, mais elle a oublié que malgré ses longs cheveux blancs et son minois adorable, elle n’est pas une lumière, pas même une étincelle. Juste une vulgaire ombre.
Elle hurle, d’abord de rage, puis ensuite de douleur comme on la jette sur le sol. Elle se retourne aussitôt, prête à se défendre, mais elle sait que c’est déjà trop tard. L’orc qui se dessine dans la pénombre l’écrase au sol, lui broie les poignets. Elle se tord, soulève son corps pour finalement ramasser un coup de poing d’un outrilien. Elle aimerait hurler, mais au lieu de ça, elle se sent juste dépossédée.

De ce qu’elle a. De tout ce qu’elle aurait pu avoir ou être.
De son avenir.
De lui.

Le déchirement du tissu lui annonce la suite. Ses yeux se plissent et elle mord férocement sa propre lèvre pour ne pas faire le moindre bruit quand ils commencent leur besogne répugnante. Elle se mord plus fort encore alors qu’un gnoll ricane dans le fond.
Qui aura le premier morceau de la vautour ? Voilà ce qu’ils doivent se dire. De la petite colombe tombée du nid. Vulnérable. Offerte.

Elle se mord plus fort la lèvre et quand enfin la douleur irradie son corps que l’on déchire, que l’on malmène, elle ferme les yeux pour ne pas vociférer tout ce qu’elle a sur le cœur. D’ailleurs, il bat à tout rompre, prêt à éclater sa cage d’os pour mieux déballer ses vérités. Elle s’attends à quelque chose. Sans doute à la fin.
Si seulement c’était la fin.

Au lieu de ça, haletante, elle ouvre les yeux et il n’y a plus rien.

Un néon qui l’éclaire et l’aveugle. L’odeur la rend nauséeuse.

Plus rien devant elle qu’un homme habillé d’une blouse blanche qui fait le tour, jette un regard à la machine qui lui rend un « bip » anormal, rapide. Aussi essoufflé qu’elle ne l’est. Son myocarde est prêt à s’arrêter.

Quand la main de l’homme se tend vers elle, elle hoquette, ses yeux se révulsent et elle s’évanouit.

L’opérateur a une moue méprisante.

« Elle était instable depuis plus de vingt minutes, mais là, je crois que le clone a lâché, Monsieur. »

« Non, » répond la voix du second homme qui est plus loin, et se tient prêt à partir, « le démoulage est réussi, elle reprendra vite conscience. Elle est comme ça. »