EDC de Climax~44583
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2. Entre les lignes
« Cinq ans. Déjà cinq ans depuis mon insertion. »
Tels étaient les mots inscrits à la hâte par Lucius dans son manuel d'usage du matériel industriel en chaîne de production. Il en connaissait les consignes par cœur, les vieilles lettres imprimées sur le papier étaient en de nombreux endroits effacées par des empreintes digitales graisseuses. Huile, suie et transpiration était devenues le lot quotidien de l'homme et l'avait forgé autant physiquement que mentalement. Plutôt petit et d'une carrure relativement trapue, il avait marqué sa peau à l'encre de tatouages divers comme il marquait les produits qui sortait de sa chaîne par le crâne sombre de la corporation Donnellys.
Répétition des gestes, des entretiens, des horaires jusqu'à la monotonie des odeurs. Il soufflait comme les machines qui s’ébrouent et suintent, il transpirait en silence. Lucius avait quelques projets, bien que modestes. Aussi tentait t'il d’épargner autant que possible sur le maigre salaire qu'il récoltait chaque jour.
Répétition des gestes, des entretiens, des horaires jusqu'à la monotonie des odeurs. Il soufflait comme les machines qui s’ébrouent et suintent, il transpirait en silence. Lucius avait quelques projets, bien que modestes. Aussi tentait t'il d’épargner autant que possible sur le maigre salaire qu'il récoltait chaque jour.
« Déduit : 80 crédits de location..
Panier repas du jour 125 crédits..
Charges et factures diverses 60 crédits..
Reste : pas grand chose.»
Panier repas du jour 125 crédits..
Charges et factures diverses 60 crédits..
Reste : pas grand chose.»
Depuis la paillasse passée du placard à balais qui lui servait de logement, il tenait minutieusement ses comptes dans les coins de page de son manuel. C'est entre les lignes autoritaires des consignes de sécurité qu'il écrivait tout le reste. Il avait cette fièvre créatrice qui bouillonnait en lui, et espérait bien pouvoir acquérir un ou petit atelier ou il pourrait exprimer tout ce qu'il taisait. Il y vivrait certainement, pour ne pas s'endetter en quelques heptades. Il n'était pas de ces gens pompeux de la haute qui créaient pour une fondation ou une galerie prestigieuse. Il voulait créer pour lui, donner une matière au monde qu'il façonnait de longues heures durant dans le silence de ses pensées.
La réalité était écrasante à Dreadcast pour les gens du petit peuple. Aussi malgré son assiduité et sa docilité à la Factory, une nouvelle main d’œuvre plus jeune et aguerrie vint prendre sa place un jour et le contraint à nouveau à sa condition désœuvrée.
Lucius était conscient qu'il pourrait trouver sans mal une place dans une autre boutique de la corporation. Il pourrait certainement entretenir et mettre en rayon les armes qui avait des années durant assemblé en série. Mais il ne se faisait pas d'illusion quand a l'absence totale d'amélioration qu'un tel emploi apporterait à sa situation. Il aspirait a plus, comme tous les miséreux des bas-fonds, tout en sachant qu'il se contenterait simplement d'un peu moins pire sans viser le mieux.
Lucius était conscient qu'il pourrait trouver sans mal une place dans une autre boutique de la corporation. Il pourrait certainement entretenir et mettre en rayon les armes qui avait des années durant assemblé en série. Mais il ne se faisait pas d'illusion quand a l'absence totale d'amélioration qu'un tel emploi apporterait à sa situation. Il aspirait a plus, comme tous les miséreux des bas-fonds, tout en sachant qu'il se contenterait simplement d'un peu moins pire sans viser le mieux.
Il investit une bonne part de ses économies dans l'achat d'une tenue bon marché mais suffisamment propre. On ne pouvait quémander des avantages auprès d'un employeur dans des haillons.
Sa chemise d'occasion mais encore correcte bien repassée, il avait alors écumé les belles enseignes lumineuses de la haute ville. C'est ainsi qu'il avait un jour poussé la porte d'un établissement de restauration qui sentait encore le neuf : le Carpe Diem. La maison faisait aussi salle d'exposition, ce qui avait fait pencher la balance.
Il lui fallait des contacts.
« Entretien concluant. Je reste un larbin, mais je sens bon le savon, je mange à ma faim et je vois les jolies filles de la Haute. »
Il avait clos son manuel sur ses mots, a peine lisibles entre les lignes de l'adresse d'impression située en bas à la dernière page de l'ouvrage. Sa semaine d'essai avait été difficile, il lui fallait faire ses preuves. Se montrer sociable, alerte et accueillant là ou il n'avait souvent fait que jurer en réponse aux dysfonctionnements mécaniques de ces dernières années.
« - Je ne suis pas un rustre, vous savez. »
Il voulait tout du moins prouver que la marque profonde du Sud n'était pas indélébile, que l'on n'était pas condamné a rester dans les bas-fonds jusqu'à y étouffer. Il voulait prouver qu'il pouvait aussi être de ces « gens du nord » sans pour autant en perdre son identité.
L'ouvrier se tenait désormais bien droit, il était bien rasé, et avait vu sa paye doubler.
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Carnet de Suie
04 Mars 2014
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