EDC de Cassi~69033

Errer dans les rues sans même savoir qui je suis. Pousser les portes d'un bar pour tromper mon ennuie. Il est là!... juste devant moi, tel un dieu Grecque, réminiscence d'un passer oublié. Echange de regards en coin et sourires narquois. Qui de nous deux saura aimer?.

Cassi s'allonge sur un lit de fortune. Sous ses paupières closes, son image a pris toute la place. L'homme est d'une grande beauté rare en cette cité. Mais son âme semble torturée. La jeune femme se tourne et se retourne sur le lit exigu. Elle ne trouve pas le sommeil, tant son cœur se sent agité. De son doux rêve de l’apprivoiser, elle glisse doucement dans les bras de Morphée. Pays des rêves où tout est possible. Le visage au trait de l’Apollon surgit comme par enchantement, au plus prêt du sien. Ses lèvres bien dessinées effleurent à peine les siennes que la voilà projetée dans des temps funestes.
L'homme l'a saisi à la gorge et l'a plaque brutalement contre le mur. Elle suffoque du manque d'air, mais surtout de la violence de l'acte. Cassi le fixe de ses deux perles noisettes, plonge dans le bleu des yeux menaçant. Elle le sonde... essaye de se libérer de son emprise, mais il la tient fermement. Le temps semble s'être suspendu sous ses menaces. Il veut lui faire mal... qu'elle soit sa chose. Peut-être l'entendre même le supplier, qu'il jouisse de sa force supérieur sur elle. Cassi ne s'en défend pas. Elle lui sourit presque.

- Tu veux me prendre?.... prend moi!... tu auras peut-être mon corps mais jamais tu ne me voleras mon âme...
JAMAIS!....

Une minute d’inattention de sa part peut-être volontaire et voilà qu'elle se libère...Cassi le contourne, le scrute avec un regret...Non cet homme n'est pas ce qu'il prêtant. La jeune femme perçoit en lui au delà des apparences une certaine noblesse d'âme.
Une certaine faiblesse?.
A qui en voulait-il à ce point pour ne pas savoir montrer de la tendresse?.
A qui?
Ce n'est pas à moi qu'il fait du mal..Mais à lui même!...pourquoi?...Son questionnement restera silencieux et le laisse planté là, pantois.

C'est le milieu de la nuit et Cassi se réveille brusquement. S'assied sur le lit... porte ses doigts sur sa gorge dont elle ressent tangiblement la morsure de la main puissante qui l'avait enserrer.rêve ou une réalité?..

Les nuits qui suivirent pour Cassi furent à quelques détails prêts , identiques. Elle avait beau vouloir chasser ses traits de son esprit, il revenait toujours en force hantant ses nuits. Quoiqu'elle fasse c'est à lui qu'elle pense. Plus elle y pense et plus les réponses sont confuses dans sa tête.Tout ce dont elle est sûre, c'est ce qu'elle ressent dans son corps, comme les morsures brûlantes qui lui vrillent le ventre quand il apparaît sous ses paupières closes. Alors elle promène sa main délicatement dans des mouvements de vagues sur sa nudité. Prémisse au plaisir solitaire. Puis dans un cri de délivrance elle se tourne sur le lit trop grand pour elle seule, le maudissant pour son indifférence.

Elle se souvient d'un matin. Il était apparu au coin d'une rue, appuyé l'épaule contre un mur...Il l'a narguait presque. Il avait sortit une cigarette qu'il alluma. Un nuage de fumée sortait de sa bouche , voile laiteux brouillant un sourire en coin. Cassi ne le quittait pas des yeux, elle aurait donner cher, juste pour un seul mot... pour savoir ce qu'il pensait en cet instant. Mais il garda le silence et la jeune femme fila son chemin.
Bien des jours s'étaient égrainés lentement depuis.

Pause entre deux temps de travail,
Cassi pousse la porte d'un bar... s'assied face au comptoir. L'endroit est vide... même pas un employé pour lui servir un verre... Non!... personne. Personne avec qui échanger deux mots... Dos à la porte, elle ne peut pas voir qui entre. Quelques minutes plus tard elle ressent une présence derrière elle. Elle reconnait son pas... sans même se retourné elle sait que c'est lui...Il avance décidé jusqu'au comptoir.. la dépassant de quelques mètres sans s’arrêter. Elle suit sa démarche , le détaille . Dans son dos est accrochée en bandoulière une épée . Même de dos elle savoure avec délice sa silhouette.

- Tiens donc!...
- Salut!... lui répond t-il . Puis sourit prenant appuis de ses coudes repliés sur le comptoir pour lui faire face.Un instant... une éternité... il reste campé sur ses deux pieds. Elle, de ne pas le quitter des yeux envieuse. Puis fini par lui demander:

- Vous suis- je si indifférente que vous ne daignez venir à ma table?

Sur ces mots le Bellâtre vient s'asseoir à ses cotés. Une conversation un peu décousue en découle. L 'homme campe sur sa position, il la traite même de folle. Folle , de s'intéresser à lui. Il essaie même de la mettre mal à l'aise dans ce qu'il croit être l'insulte suprême, en prétendant avoir eu vent qu'elle se donne aux hommes à tout va. Cassi lui laisse le loisir de le croire sous un sourire "si c'est son bon vouloir". Elle a sa conscience pour elle et c'est tout ce qui compte à ses yeux. Oui!... possible qu'il ait raison, qu'elle soit un peu folle de s’attarder auprès d'un homme qui ne veut pas d'elle, où simplement pour un plan cul comme il aima gentiment de lui souligner. Et là!...""C'est toi qui rêve "" pense t'elle fortement.

Cassi descend de son tabouret, s’apprête à le quitter qu'il réfléchisse à ce qu'elle vient de lui dire. Mais avant de partir une pulsion qu'elle ne contrôle pas l'envahit. Elle l'attrape par le col de sa chemise et lui vole un baiser avant de s'enfuir....

Elle s'était enfuie...
Enfuie pour ne pas voir dans son regard de l'indifférence. A tout choisir elle aurait préféré qu'il la gifle ou qu'il lui hurle dessus...Tout!... mais pas l'indifférence..
Cassi était rentrée chez elle et les jours s'étaient allongés dans un silence morne de sa part. Pas un mot... rien!... Rien que le vide. Elle le maudissait les poings serrés si fort que ses ongles s'enfonçaient dans la chair tendre de sa jeunesse, laissant couler un filet de sang bien rouge. Ses nuits se succédaient toutes identiques les unes derrière les autres et autour d'elle rien que le vide...Ce silence qui comme un cri déchirant était devenu sa torture . Il fallait qu'elle le sorte le mal du plus profond de ses entrailles. Qu'elle le couche pour l'exorciser , douce délivrance. C' était le beau milieu de la nuit et Cassi s'était levée. La toute jeune femme s'était assise à sa table pour noircir de ses maux le papier, en pensant à lui.... rien qu'à lui:
.
Il est des silences
Qui viennent d'outre tombe
Des absences
Que rien, ni personne ne comble

JD Cassi.

Elle se relève dans un soupir et retourne se coucher espérant qu'elle finira par trouver un sommeil réparateur.

à suivre...