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L'Impérialisme, la Rébellion et la Radicalité Pure.

. : Ou Phénoménologie de la Révolte Intérieure : .
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Les moments les plus anodins donnent souvent naissance à des réflexions qui émergent dans un calme doux et absolu, presque éthéré; aux petites aurores, ou tard dans la nuit noire. C'est dans ces moments propices, que l'esprit digère l'abstraction du monde environnant pour le questionner, lui, et sa condition précaire. En traduire les contours pour en saisir pleinement son essence. Au-delà même de l'introspection que tout un chacun, sain d'esprit, pratiquerait consciencieusement dans un monde qui lui échappe, le questionnement concernait avant tout l'Homme et la société qu'il avait alors créé. De tous les Hommes doués de volonté propre et d'intelligence. Mais cette quête de la Vérité, passe inéluctablement par une vendetta aveugle et égoïste, par une haine vengeresse induite par les IA omnipotentes, puis en dernière instance, aboutit au Pardon. Peut-être.

Son Kender s'illumina en d'étincelantes nitescences rouges. Le cycle sonna. Dans la foulée et minutieusement silencieux, le brun se saisit du dispositif rougeâtre sur la table de nuit, qu'il fixa à son poignet, puis glissa hors du douillet reposoir mou, délaissant sa femelle somnolente. La main se faufila contre le satin bordeaux, encore et toujours chaud de leur incandescente étreinte. Il en saisit le bord et de cette couverture saisie, il en recouvrit l'elfe encore endormie.
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Le Fatum est taquin. Sans cesse Il l'observe, lui le taiseux au visage éternellement figé dans sa sévérité naturelle et altière. Il le fait dériver dans ses pérégrinations réflexives, au fin fond des méandres de son esprit affligé et tourmenté. D'aucuns le voit fier, peut-être même versé dans une attitude un peu hautaine, dictée par un monde froid et insensé, où le chaos règne. En fait, il incarne seulement l'Idée de droiture et de discipline chères aux Anciens de jadis, alors que la civilisation nouvelle n'en était qu'à ses balbutiements. Un double vestige du passé qui tord son coeur, puisqu'il n'est plus et que la Cité n'incarne que le délétère et le frivole. Mais la voie qu'il s'était prescrite, n'était pas des plus aisées ou celle où il en retirerait abondante gloire et richesse. Que nenni, elle n'était dictée que par son principe moral inaltérable et supérieur. Par sa profonde conviction qui allait de la sauvegarde de la civilisation et du précieux legs, dont les fils de l'Homme en ont hérité, à dessein. Face à l'Histoire, et pour lui-même, il se devait de maintenir cette stricte et respectable posture. Parfois intenable, dans la douleur des âmes qui saignent, dans les larmes abondantes, l’infamie se dévoile telle qu'elle est, dans toute sa répugnance et sa laideur. Tandis que partout, elle devient norme.

Le prolongement de ses agiles phalanges se fit jusqu'à ce qu'elles tâtèrent l'oreille pointue, celle qui dépassa de sa chevelure. Elle dormait profondément, imperturbable, elle. Le regard marron du mâle, insista longuement sur ses formes moulées à travers les draps, avant qu'il ne se décida finalement de se rendre à la salle d'eau. Toujours discrètement et sans un bruit.
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C'est au détour du funeste épisode de la Domus lâchement profanée, qu'il surgit chez lui, en son for intérieur, un sursaut visible et vif, qui le métamorphosa. Une empreinte qui se matérialisa par une posture dorénavant en toute radicalité. Mais il n'en mesurait pas encore toute la dimension idéologique, ni n'en saisissait d'ailleurs sa réelle nature et son étendue sur son affect. Lui, le parangon de l'Ordre, jusqu'à l'obsession. Ordre qui se perdait peu à peu dans le plus profond des abîmes marranites, bafouillé, souillé, jusqu'à en fantasmer ses émanations passées, car presque vaporisé par l’inénarrable bêtise des Hommes. Relégué en simple spectateur impuissant, l'Ordre se délitait de plus en plus, sous son regard, entre ses doigts, insaisissable et sans qu'il ne puisse décemment faire quoi que ce soit. Observateur mutique de cette dérive manifeste et douloureuse, il se cantonna à l'analyse rationnelle pour extérioriser sa rage irraisonnée.

Les cheveux ébouriffés et humides, à peine vêtu d'un boxer bordeaux sombre, il sortit de la salle-de-bain tout net puis avança à travers les couloirs sombres pour regagner la chambre à coucher. Habillé léger, cela le changeait de sa tenue militaire stricte, il commanda la domotique de la villa à l'aide de son Kender connecté. Les luminaires et la machine à cafey dans la cuisine, s'activèrent à distance, diffusant une ambiance douce et chaleureuse. A travers les persiennes, le capricieux Smog gris et jaloux, ne laissa aucunement les premières lueurs de la journée, filtrer à l'intérieur des pièces.
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Cette radicalité se muait parfois, dans les moments les plus affligeants et insupportables, en une âpreté profonde et agressive. Ainsi, il se laissa aller à sa primitive condition humaine, dépouillée de tout et laissée à l'état de nature. Un état primordial pré-existant à toute société et où l'Homme n'est soumis à aucun Codex. Telle une bête féroce, il agit alors selon ce que son instinct viscéral lui suggère. Cette fois-là, il éclata le visage déjà déformé et boursouflé d'un rebelle tombé et à l'agonie. Sans aucune pitié, ni once d'humanité, il brutalisa à l'extrême, jusqu'à lui défoncer le crâne avec la crosse de son FL à verrou. L'apoptose suivit, alors qu'il continuait à taper en toute férocité dans l'informe bouillie dégueulée par les affres, éclaboussant au passage, son masque aux mimiques effroyables. Maculé du sang d'un homme, c'était là le signe de l'éternel recommencement, dans lequel l'humanité était piégée et à jamais.

Il gagna à pas feutrés, ceux d'un félin, son bureau. Le rituel consistait à vérifier son barda militaire, très minutieusement et en apprécier le méticuleux rangement. Il croisa le regard de son masque, qui le toisait en retour. Chacun des deux reconnaissaient chez l'autre, quelque chose en lui qu'il n'aimait pas. L'effet miroir. Il l'empoigna fermement pour vérifier les optiques en Nanotech. Il fronça plus qu'à l'accoutumé, puis le déposa délicatement sur une table à proximité.
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L'expression faciale du trentenaire était cachée derrière ce masque, comme si ce n'était point lui qui s'affairait dans les plus basses oeuvres. Comme si le fait de recouvrir son visage d'un voile, le parait d’innocence et de respectabilité, ou encore le dédouanait de l'acte commis. Il expérimentait l'abject, l'ignominieux, le répugnant, l'immonde, alors qu'une déflagration au plus profond de lui s'opéra, jusqu'à l'étouffer. Qu'était-il en train de devenir. Incarnait-il, symboliquement, ce qu'il honnissait par dessus tout. Et si Alastor et Zlatows le voyaient dans cet état de haine cristalline. Horreur. Cette simple idée qui effleura son esprit embrumé, l'enragea comme jamais, ajoutant davantage d'amertume à sa crise existentielle. Parce que la tristesse l'avait quitté désormais et pour toujours, comme la roseur des joues de Paladine, gelée dans son caisson de givre. Que ne donnerait-il pas pour revoir une toute dernière fois, le premier survivaliste, l'instaurateur de la toute première école militaire de DreadCast et pour qui, il vouait une admiration sans borne. Ses conseils avisés, résonnent encore dans sa tête.

Il se dirigea enfin vers son fauteuil, pour s'y installer confortablement. Devant le terminal principal qui se dressait devant lui, il finit par pivoter son dossier, pour se pencher davantage sur un Lyria qui était là, déjà allumé sur tout un tas de fichiers. Il se leva rapidement, se rappelant qu'il avait enclenché la préparation d'un cafey qui attendait patiemment dans la cuisine. L'aller-retour fait, il commença enfin activement à rédiger ce qui s'annonçait comme une esquisse d'essai philosophique. Le sujet traiterait résolument de la dualité;
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L'Impérialisme était donc la seule issue viable pour que subsiste une société ordonnée, disciplinée, qui a su dépasser le stade de la violence tribale. C'est seulement au sein d'une telle structure à l'échelle humaine, que l'on pouvait avancer tout en pardonnant à autrui. Mais d'abord se pardonner soi-même. De toute évidence, cette voie, celle de l'Imperium originel, semblait contraindre toute velléité belliqueuse et inhérente à l'âme humaine. L'âme humaine est toujours encline à la destruction perpétuelle, comme si paradoxalement elle y voyait un renouvellement par le vide. Et du vide, il en était imprégné de partout. Empiriquement, le militaire a su, enfin. Prenant pleinement conscience de ce qui se jouait dans l'ombre. L'Imperium n'était donc pas une pure construction de l'esprit, un concept subjectif, voire abscons. C'était plutôt une réalité fonctionnelle, lorsque les Hommes aux commandes en étaient dignes et compétents. L'enseignement était donc éclatant. Tandis que lui, éclatant le crâne d'un rebelle qui fit rougir la crosse de son FL et son masque, attisait le regard de ses comparses horrifiés, car témoins de sa sauvagerie.

Il tenait un titre explicite: L’Impérialisme confronté au caractère rebelle et organique d'une proto-société, telle que le secteur un. Rapidement, il se laissa porter par l'écriture, dans cette pièce insonorisée où le calme était roi. Il dérivait dans une critique radicale et acerbe de la société, armé symboliquement d'une plume qui débitait de son encre-farin explosive. Palliatif si il en est, à la fureur pure si aisément accessible.
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Exutoire si il en est, il fallait en passer par là pour comprendre où ils avaient échoué. Il fallait impérativement faire l'examen de leur propre conscience. Et celle-ci devait passer par le douloureux exercice de l'autocritique. C'est le lot de tout esprit cartésien en prise à la névrose; prendre conscience et pointer intelligiblement les dysfonctionnements, mais sans jamais pouvoir annihiler la source des maux qui l'accable. Une inextinguible contradiction au plus secret de son âme alors se jouait, entre ce qui est et ce qui ne peut être. Une dualité ontologique, quasi-transcendantale. Lui rêve, inconsciemment peut-être, d'une réification de l'Imperium au sens le plus noble du terme, et au sein duquel toute l'humanité est une et indivisible. A travers le spectre d'un monisme dialectique qui s'exprime dans toute sa splendeur, dans l'unité du temps, à travers l'univers infini. Cette envie de conjurer sa tourmente obsédante, se concrétisa formellement à travers les mots. Car les maux engendrent les mots. Et l'amour, la mort.

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Extrait de l'essai...

◊ Commentaires

  • Naurestel (438☆) Le 01 Octobre 2020
    Wouah. Juste wouah... Ça mérite bien une *
  • Phylène (1948☆) Le 02 Octobre 2020
    Il est très bien cet article.
  • Alexf (56☆) Le 08 Octobre 2020
    et moi qui pensait qu'il etait depressif, non juste en introspection