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EDC de Callian~48825

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3 - Par le Souffle du Créateur

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Hors DC, toujours smiley

Dans les méandres de Venice, tout paraît glauque, dès lors qu'on en arrive à quitter les quartiers dorés de la haute-ville, qui surplombe l'ensemble, depuis ses tours d'acier. Le reste de la cité forme des entrelacs de rues et de canaux, où les habitants, sortes d'âmes grises transitent de façon anonyme. Car personne ne s'observe ni ne se parle... Pas dehors, alors que la pluie acide est le quotidien et que la ville charrie son lot de crimes et de déviances. Callian n'avait pas l'habitude de voir cette déliquescence de si près. Jusqu'alors, elle n'avait que peu quitté les tours, car les ponts suspendus relient le centre névralgique de la ville, avec l'ambassade en son centre, aux diverses zones dites de "confort", qui permettent aux citoyens fortunés de se changer les idées. Jamais elle n'avait marché dans les ruelles, jamais arpenté les passerelles vers le tramway aérien, qui n'a d'aérien que le nom. En réalité, tandis qu'elle se penchait depuis le quai, en attendant que le prochain arrive, elle pouvait voir juste en-dessous, le canal n°13, où divers détritus tenaient compagnie à une barque qui n'était pas en mouvement. Elle frissonna et Rutherford, dans son coin, eut un léger sourire tout en l'observant. Tout en elle trahissait son extraction. Il voyait bien qu'elle n'avait ni l'habitude de la basse-ville, ni les atours d'une fille qui était née dans les baraquements. Et cela l'excédait certainement plus que ça n'aurait dû.

D'un côté, il savait que la plupart des elfes venaient des tours, parce qu'ils étaient tous fils d'employés de la haute administration, ou des magisters, formant ainsi le conseil restreint qu'on nommait Magisterium. Il ne savait pas trop d'où venait Amnell, mais il subodorait qu'elle avait certainement fait l'école des officiers du quartier Est, la plus réputée. Lui n'avait pas eu cette chance. Il était né dans un baraquement sordide et c'est seulement grâce à ses tests d'aptitude qu'il avait pu intégrer une école dans la basse-ville Nord. Ce n'est qu'après qu'il avait été suffisamment remarqué pour intégrer les Templiers. À chaque fois qu'il y songeait, sa figure redevenait sombre. Dire que cette gourde l'avait appelé "Sous-capitaine". Cela aussi l'excédait et depuis lors, il n'avait échangé avec elle que des phrases acerbes et ce matin, c'était à peine s'il l'avait saluée. La migraine, due à l'abus de Whisky en était peut-être la cause.

De temps à autres, il voyait l'elfe qui regardait dans sa direction, mais à chaque fois qu'il relevait le nez, elle faisait mine de s'intéresser au canal, quelques mètres en-dessous, qui avait cette couleur verdâtre que lui donnait les pluies acides et les excréments. L'odeur, sur le quai, était à peine atténuée par la petite bulle en verre où les voyageurs pouvaient attendre le tramway. Les jours de grande affluence, bien entendu, ces espaces étaient réservés aux employés gradés à partir de B, en résumé, les forces de l'ordre, les sous-administrateurs et les tribuns. Tous deux, en tant que SSV, pouvaient transiter en haute et basse-ville, bien entendu, et ils étaient gradés A. À chaque fois qu'il lisait cette lettre sur sa carte d'identité, il faisait la grimace, ayant l'impression d'avoir usurpé un rang qui ne ressemblait en rien à ses souvenirs de jeunesse. La petite finit, au bout de cinq minutes de religieux silence, par l'interpeller. C'était désespérant mais il semblait que la démotivation n'avait aucune prise sur elle, comme si elle arrivait toujours à remonter la pente quoiqu'elle rencontre. Ici, en l'occurrence, un collègue particulièrement mal luné. On appelait cela de l'opiniâtreté et même si ça lui donnait envie de lui dire une énième fois de la fermer, le fait qu'elle recommence à chaque fois finissait par forcer le respect. Ou bien elle était complètement tarée, ce qui était encore envisageable. "Quoi ?", aboya-t-il.

"Rien, je disais que même si vous faisiez la gueule, vous n'arriverez pas à me décourager. J'ai connu pire."

Ouais, tarée, songea-t-il tandis qu'il haussait les épaules tout en regardant le Tramway arriver. Par habitude, elle monta dans le premier wagon, car lorsqu'elle prenait les taxis suburbain ou le métro de la haute-ville, elle était toujours prioritaire. Il lui tira le bras, sans grand ménagement, puis la mena dans le wagon 3. Elle finit par se dégager dans un geste brusque, qui lui valut une vive douleur, mais suivit le mouvement en grommelant : "Je ne vois pas pourquoi vous voulez aller en plein milieu de la rame, il y aura plus de monde et nous avons le droit de..."

Il leva la main, de cette façon péremptoire qu'il avait de la faire taire - le pire était que ça marchait plutôt bien sur elle, vu qu'elle avait toujours été de ces jeunes filles bien sages - puis répliqua : "Le droit, je m'en cogne, vous apprendrez que lorsqu'on est SSV, on se doit de côtoyer la masse, jusqu'à se fondre en elle. Si ça vous répugne, libre à vous de demander une mutation dans les bureaux. Vous serez sans nul doute une dactylo efficace." Elle rougit légèrement sous la réprimande et regarda ses bottes cloutées, plus petit modèle que celles de Rutherford. Elle n'avait pas à se sentir coupable, les habitudes avaient la vie dure. Puis elle n'avait pas particulièrement l'envie de se fondre dans la masse. Toute sa vie n'avait été poussée que dans un sens unique : il fallait qu'elle sorte du lot, qu'elle se fasse remarquer et ses pouvoirs de mage avaient bien aidé à cela. Quelle idée ridicule alors qu'ils avaient le grade et la fonction parfaits pour les éloigner des gens justement ? Ils représentaient l'ordre. Le bras armé de l'Empire et bien qu'ils ne portaient pas d'uniforme comme les flics ordinaires, leurs habits noirs réglementaires, ainsi que leurs épaulières frappées SSV, ne les faisaient guère ressembler au péquin moyen.

Le chef leur avait assigné une mission de routine. Un tribun du quartier Est, en basse-ville, avait fait appel aux SSV pour une affaire qui "ne souffrait aucun délai", selon ses propres dires. Pas si étrange que cela, car les hommes politiques de la basse-ville étaient souvent impliqués dans de sombres affaires et venaient ensuite quémander protection aux SSV, en échange de diverses informations. La vie de tribun en basse-ville était plutôt ingrate et chacun était conscient qu'on ne pouvait exercer la politique dans de tels quartiers en demeurant probes. Tant que cela n'était pas dit officiellement, tout le monde était content. Sibellius Fox était un tribun reconnu, son nom qui était sur certaines lèvres quand il s'agissait de cargaisons exotiques transitant dans Venice. Ils se présentèrent au matin, leur tasse de café synthétique avalée sur le chemin dans le plus grand silence et sonnèrent à la maison de l'homme. C'était un pavillon qui n'était pas délabré, ce qui n'était pas rare dans l'Est de la basse-ville. Une droïde vint leur ouvrir, annonçant leur venue de sa voix monocorde, tandis qu'ils pénétraient dans l'entrée. Callian avait le nez en l'air, saisissant les moindres détails, Rutherford regardait droit devant lui. Elle lui balança un coup de coude et attira son attention sur la caméra dissimulée dans l'applique murale, qu'il avait déjà remarquée. "Bravo ! C'est qu'on a l'oeil", se moqua-t-il avant de suivre la droïde qui les invitait à passer au salon.

Rutherford avait l'air de se ficher de tout et de tout le monde, en toute circonstance. Il avait cette posture et cette mine égale, soit assez inexpressive et froide, qu'il s'agisse de la droïde, de Callian et de ses remarques qui lui semblaient absurdes, ou du propriétaire des lieux qui arriva, l'air un brin survolté. C'était un homme de taille assez petite, maigrelet mais qui semblait avoir l'habitude de prendre la parole en public. Il considéra un instant ses deux interlocuteurs, en congédiant la droïde, qui s'appelait Soréa, puis prit la parole, tout en gesticulant ses bras maigres :

"Oh par le souffle du Créateur, vous voilà ! C'est une affaire urgente, des plus urgentes et vos services ont tardé. Ils ont bien trop tardé."

Cette remarque eut le don d'agacer Rutherford, à qui il ne fallait pas grand chose, reconnaissons-le et Callian nota qu'elle n'était pas aujourd'hui la cible unique de son regard noir. Toutefois, Sibellius ne se démonta pas et soutint les yeux de son interlocuteur avant de continuer, sans sourciller :

"Mais maintenant vous êtes là, agent... hmm Rutherford, agent Callian." Il déchiffrait leur badge tout en les invitant à prendre place sur le canapé blanc et immaculé du salon. L'elfe s'assit mais Cullen demeura debout, les bras croisés : "Si c'est si urgent, allez-y, racontez donc monsieur Fox."

Il avait abandonné son regard désapprobateur pour quelque chose de plus inquisiteur, tandis que le tribun racontait que c'était absolument scandaleux, qu'il s'occupait toujours avec beaucoup d'application de ses commandes, que jamais il ne perdait de chargement, que si ça se savait, c'était fini pour lui et que vu qu'il avait les entrepôts les plus sécurisés de la basse-ville, il fallait bien le SSV pour coincer les malfaiteurs. Rutherford, lorsqu'il comprit qu'il s'agissait d'un vol, referma son carnet de notes holographique et annonça d'un ton sans appel :

"Vous nous avez fait perdre notre temps Fox. Voyez avec l'agence de sécurité en charge de vos entrepôts, ou avec la police du secteur Est, les SSV ne s'occupent pas de ce genre d'affaire."

Le tribun eut un de ces sourires qui mit immédiatement mal à l'aise Amnell. Un sourire entendu, qui montrait qu'il savait certaines choses qu'ils ignoraient. La révélation ne se fit pas attendre plus longtemps :

"Et moi, agent Rutherford, je peux vous assurer que les SSV s'occuperont de celle-ci. On ne m'a pas volé n'importe quelle cargaison, voyez-vous... Il s'agit de Lyrium."

Callian releva la tête pour observer Rutherford qui ne quittait pas des yeux le tribun, alors qu'il rouvrait le carnet de notes d'un geste du doigt. "Je vous écoute", maugréa-t-il, entre ses dents.

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Derrière le voile
26 Janvier 2015
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◊ Commentaires

  • Alinka~5723 (154☆) Le 27 Janvier 2015
    Dis moi tu jouerai pas à Dragon Age toi ? smiley
  • Callian~48825 (366☆) Le 27 Janvier 2015
    @Alinka Eheh super, quelqu'un qui connaît DA smiley
    @Owen Merci toi smiley
  • Joyce (132☆) Le 27 Janvier 2015
    Un peu tout le monde connait ce jeu ..
    enfin ceux qui s'interesse un minimum au gaming.
  • Callian~48825 (366☆) Le 28 Janvier 2015
    @Fury Je ne peux que plussoyer. Mais bizarrement, beaucoup de gamers autour de moi ne connaissent pas. Moins versés dans la fantasy j'imagine.
  • Alinka~5723 (154☆) Le 28 Janvier 2015
    Je suis une grosse fan Callian smiley
    Quand j'ai vu "par le souffle du créateur" j'ai eu un putain de baume au cœur =D
  • Callian~48825 (366☆) Le 28 Janvier 2015
    @Alinka Je ne décroche pas de DAI depuis qu'il est sorti xD Contente que le clin d'oeil t'ait plu smiley