EDC de Callian~48825

Sa tête n'est plus que tempête... Ses yeux ne peuvent voir qu'à travers des flammes dévorantes. Cette cuve-là, elle ne s'en est jamais réellement relevée semble-t-il. Car à chaque fois que ses paupières voilent la lumière à sa vue, elle se meurt... Encore. Toujours. Elle sent la chair grésillante, la douleur la faire suffoquer, et la terreur pousser son coeur jusqu'à ce qu'elle ait l'impression qu'il va se rompre. Alors elle se tapit dans l'ombre, arrachant quelques sursauts à l'horreur vécue chaque cycle, pour ne pas sombrer dans le sommeil qui ne charrie que des cauchemars. Et la peur de s'être perdue... Ce soir-là.

La Belle lui tend encore la main. Loin, proche. Elle demeure seul rempart à la folie profonde, depuis que la glace lui a ôté dans cette croisade insensée le socle de sa raison. Héraut gelé dont elle entend murmures à chaque fois qu'elle perd la notion du temps. Et elle la perd bien souvent, dès qu'elle s'abîme dans son effroi. Dans le noir, elle entend gratter. À moins que son intellicom ne soit l'objet du harcèlement récurrent.

Replier. Le corps. L'esprit. Tendre la main vers le clavier.
Rêver. Encore ? Parti. Prendre le chemin de l'inachevé.

Elle entend gratter. Et plonge ses ongles dans les blessures à peine cicatrisées. Est-ce Lui ? Non c'est Elle. Loin et proche. Bien entendu... Car la prison glacée n'est pas suffisante, il faut encore enfermer ce qui demeure voilé. Bien entendu... Elle rit de ce qu'elle seule semble comprendre de son esprit en déliquescence. Il se fait certainement la malle par ses oreilles pointues. Papa avait pourtant dit qu'il ne fallait pas rester enfermée. Où est-Il ? Est-ce Lui ? Non c'est Elle. Elle encore...

Gratter la terre battue et viciée du garage. La tête dedans. Mirage. Elle ne croit plus pouvoir sortir de là. Jamais non jamais. Les quatre murs sont le cadre d'un tableau hurlant les fautes, les manques, les illusions perdues. Son ventre se tort de n'avoir que de l'aigreur à consommer. Son esprit se meurt de n'avoir que des flammes à consumer. Et pourtant, elle respire.

Où est-Elle ? Est-ce Elle enfin ? Non c'est Lui. Différent, changé, modifié par le temps implacable d'une Rébellion falsifiée. Broyant l'être ? Un numéro sur le papier. Numérisé. Traqué. Trahi. Tracé. En lettres de sang. Voilà tout ce que l'orgueil a su conserver dans les replis putrides des âmes noyées dans l'essence même de la déraison des traitres. Pardonne-leur... Non... Jamais. Ils savent si bien ce qu'ils font. Enténébrer jusqu'à ne voir plus rien. Que la folie ou la mort.

Et pourtant... Elle respire.