EDC de Callian~48825

La conviction. Voilà qui fait tout. Le petit, qui fait quand même 2m10, a du mal avec le concept de conviction mais je ne désespère pas. Il a peur d'y perdre son objectivité, après tout, peut-être n'a-t-il pas totalement tort. Alors je le laisse se tracer son chemin, en faisant en sorte qu'il soit le plus dégagé possible. Il est étonnant de voir comme prendre soin d'une tierce personne peut vous désengluer de la confortable et pourtant si éprouvante monotonie. Malgré ma posture et mon sourcil prompt à se hausser de façon moqueuse sur tout ce qui ressemble à du sentimentalisme, j'avoue que j'aime bien ce changement de situation.

Notons malgré tout le fait que lorsque je passe beaucoup de temps dans mon dojo d'entrainement, en tête à tête, il me faut lever la mienne de tête. Faut-il toujours que je m'entoure de personnes qui me font l'impression d'être naine ? Je pense que lorsque j'aurai la clef de cette question, peut-être que le mystère entier de mon existence sera résolu. Parlons bref.

Cela faisait un moment que je cherchais un apprenti digne de ce titre. Au hasard, j'aurais aimé le coincer dans un bar, avoir un regard pénétrant, des mots percutants et terminer sur un "quel est ton nom". Mais cela fait longtemps que j'ai abandonné toute prétention encombrante... ou presque. Toujours est-il que le choix de mon apprenti s'est fait avec moins de panache que lorsque mon mentor était jadis venu me trouver. Il m'a demandé si j'aimerais l'entrainer. J'ai dit oui. Clair non ? Mais entre nous soit dit, ça claque quand même moins que "je me propose de t'éduquer". M'enfin, on fait comme on peut hein ?

Après, j'ai déroulé mes convictions, sans rien maquiller car le "petit" a un esprit qui tourne rond, ce qui fait plutôt plaisir. Nous nous comprenions avec facilité, aucun jugement nocif et plein de préjugés ne venait couper court à notre conversation. Croire en la nécessité du Combat, cela n'a pas été difficile de tomber d'accord là-dessus. En pleine déliquescence sectorielle, nombreuses étaient les questions à creuser, les écueils à combattre, pourquoi donc ne pas s'entendre et le faire à deux, du mieux que l'on pouvait ?

Cela nous amène à un soir où nous avons longuement parlé. Chacun qui me connait sait combien parler est une activité qui me ravit. Par trop bavarde j'étais jadis et c'est un trait de caractère qui parfois s'évade de sa prison de morosité. Mon apprenti est plutôt bavard lui aussi, ce qui tombe bien. Ça commençait sur le bon ton : il me raconte que l'insigne que je porte pourrait être un signe de reconnaissance. J'aime quand les nouveaux ont des bonnes idées. Surtout quand mon apprenti a de bonnes idées, ce qui lui arrive souvent mais... ce soir là donc je lui réplique que justement, c'est intéressant comme symbole, détourner ainsi quelque chose d'impérial etc. Mais ne le voilà pas qui percute soudain genre : mais il faut détruire cet objet ?!

Ahah... Bah non. Celui qui approche mon insigne, je le crève, je le démembre et je danse autour de son cadavre rôti. Non mais ! Je crois que c'est pas exactement ce que je lui ai sorti comme réponse, mais je pense que ma posture hérissée d'écureuil un peu trop dopé au kronatium disait peu ou prou la même chose. Tout ça pour dire que voilà bien la jeunesse. Vous êtes tranquillement campé sur vos acquis et votre expérience, vous essayez de poser en mentor et paf, voilà qu'on vous explique qu'il vaut mieux tout cramer et partir sur de la nouveauté. Non mais c'est un comble ma bonne dame !

Ok... Le sang neuf c'est bien, ce n'est quand même pas moi qui vais prétendre le contraire. Mais quand même - oui je bougonne, et alors ?! - 2m10 ou pas, touche pas à mon insigne !