EDC de Callian~48825

Est-ce un fardeau que de porter les stigmates de son passé ? Passé mouvant lentement charrié par les voix innombrables et anonymes du bouche à oreille. Passé changeant, en kaléidoscope des attentes et des fantasmes de chacun. Le fardeau est lourd, plus lourd chaque jour mais il crée l'étoffe de l'être, de celui qui n'a pu renoncer à un idéal qu'on accuse d'être tombé en désuétude ou en déshérence. Un idéal trop négligé ou jeté aux flammes d'égos bruyants et carcantés, sans qu'ils en aient même conscience.

L'Avenir se construit toujours sur les arêtes tranchantes du Passé. Histoire unique ou Histoire commune, elle se doit d'être transmise pour mieux avancer. On ne crée rien du Néant.

Le chemin vers l'Unité est long et sinueux. Cette course effrénée pour n'être plus qu'Un, je n'ai pu me résoudre à ne pas m'y lancer quitte à y laisser chaque parcelle de ce que je croyais être des convictions. N'aspirons-nous pas, Rebelles et Libres, au combat ? Mais combattre pourquoi ? À quoi bon si ce n'est que pour ménager son petit pré carré sans autre visée plus haute et plus noble ? Combattre pour l'unité, c'est là la clef que tu as léguée au secteur, afin que nous ouvrions enfin la porte vers notre liberté.

Toi, tu l'avais bien compris, malgré le fardeau, malgré la cicatrice cruelle du temps. Ni les heurts, ni les violences, ni les médisances n'ont su écorcher l'idéal que tu portais, oriflamme flamboyant de ton altérité si impérieuse. Tu avais compris que les sacrifices n'étaient rien s'ils étaient consentis dans un but ultime et noble. Noblesse d'esprit, esprit libre et pourtant enchaîné à la chair marquée, marque de la fureur des hommes et de leur égoïsme.

Aujourd'hui, je me pose la question. Saurons-nous tenir assez à ce rêve d'unité pour ne pas le sacrifier une fois encore sur l'autel de la déraison ? Tu n'avais pas désespéré face aux schémas répétés et aux écueils attendus, jusqu'au bout tu as su tenir et même donner ta vie et ton essence pour que Rébellion ne soit pas qu'échec et néant. Tu as pris ton envol sans hésiter et c'est à nous à présent de prendre le nôtre, d'aller caresser du bout des doigts et de nos lames le rêve de n'être plus qu'Un. Un seul coeur battant notre courroux face à l'oppression, une seule Force frayant aux confins de la connaissance de ce qui nous échappe encore. Une Unique Balafre ravageant la terre qui nous porte jusqu'à la sublimation de nos espoirs enfin réunis au coeur d'une saine meurtrissure.

Je savais ta volonté, je connaissais tes rêves. Tu savais nos errances, tu connaissais nos travers. Nous saurons nos expiations, nous connaitrons notre accomplissement.

La Force me libèrera mais je ne pourrai l'appuyer que sur l'union de nos âmes passionnées.