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Pygmalion
- La vie avec toi n'est pas de tout repos, c'est bien.
On verra ton discours dans 10 ans !
Nous sommes assis, sur cet inconfortable meuble en aggloméré qui sert de siège, de lit, de table et d'à peu près tout ce qui nécessite une surface plane. J'aime ce côté dépouillé, ça lui ressemble, et ça me plaît de plus en plus. Je le chambre à propos du fait que d'ici là, je serai assez forte pour le foutre par terre si jamais il ose venir m'ennuyer. Nous continuons de plaisanter autour du sujet, c'était la fin d'heptade, c'était tranquille.
- Ça m'ennuierait de t'abîmer, dans 10 ans, tu pourras toujours servir.
Je ne sers déjà plus.
Déjà cette remarque, déjà cet air. De celui qui en a trop vu et trop fait. Mais ce n'est que plus tard que l'esquisse se complètera. Plus tard... Ce soir-là.
***
4/241.3
Je suis rentrée, en nage, suite à mon entraînement intensif avec Flavie. Elle est sympa, c'est une disciple de Sodom et même avant que je le sache, elle me plaisait de fait. On s'était croisées à quelques reprises, on avait échangé quelques mots. Maintenant, on échange des coups. À croire que c'est la seule forme de dialogue qui me soit familière. Je ne m'en lasse pas, bien au contraire. Ma progression se sent chaque jour : je suis moins essoufflée, moins courbaturée le lendemain, mes muscles résistent mieux et ô miracle, j'arrive à décemment soigner mes blessures, alors qu'avant, c'était un peu un massacre.
Je rentre chez moi, chez lui, bref au Dojo. Sodom est au milieu de la pièce, comme à son habitude dernièrement. Je le soupçonne vaguement de poser mais je ne le lui ai pas encore fait remarquer. Pas osé. Je passe comme une flèche direction la douche avant de me transformer en flaque et histoire aussi de me redonner un aspect décent. Que ceux qui croient que les elfes sont les plus belles créatures existantes se détrompent : après un entrainement ou une baston, on transpire pareil, on a les cheveux en tous sens et on ne ressemble plus à grand chose. Comme quoi, il y a une justice.
Lorsque je reviens, je rejoins mon perchoir en aggloméré, histoire de souffler un peu. Mon mentor s'étire : j'admire. J'avoue, je ne vais pas détourner les yeux non plus hein et faire la midinette. Il finit par noter ma présence et alors que j'entame les banalités d'usage du "ça va ?" j'ai le droit à une réponse assez matérielle. Un nouvel équipement, superbe, classe. J'objecte parce qu'il m'offre beaucoup de choses, je ne veux pas qu'il se sente obligé envers moi alors que je ne fais que frapper et recevoir des coups. Ça m'use mais ça ne me pèse pas, j'ai compris pourquoi il me faudrait acquérir de meilleures techniques d'attaque et de défense. Je croyais qu'il allait juste me répondre l'une de ses phrases, qui clôturent en général les débats de ce genre et me poussent à tout accepter. Parce qu'il manie le langage et l'argument avec brio, et que refuser obstinément ce qu'on a la chance de recevoir est un brin impoli.
Lorsque je reviens, je rejoins mon perchoir en aggloméré, histoire de souffler un peu. Mon mentor s'étire : j'admire. J'avoue, je ne vais pas détourner les yeux non plus hein et faire la midinette. Il finit par noter ma présence et alors que j'entame les banalités d'usage du "ça va ?" j'ai le droit à une réponse assez matérielle. Un nouvel équipement, superbe, classe. J'objecte parce qu'il m'offre beaucoup de choses, je ne veux pas qu'il se sente obligé envers moi alors que je ne fais que frapper et recevoir des coups. Ça m'use mais ça ne me pèse pas, j'ai compris pourquoi il me faudrait acquérir de meilleures techniques d'attaque et de défense. Je croyais qu'il allait juste me répondre l'une de ses phrases, qui clôturent en général les débats de ce genre et me poussent à tout accepter. Parce qu'il manie le langage et l'argument avec brio, et que refuser obstinément ce qu'on a la chance de recevoir est un brin impoli.
Mais ce soir, il a décidé de parler, d'esquisser l'avenir qu'il voit pour moi. Il n'a jamais autant parlé d'un coup, d'ailleurs, à la réflexion. Alors que j'essaye mes nouvelles fringues, toute contente, sa voix m'entoure bien mieux que le manteau que je viens de passer. L'ambition, la volonté, l'action et la finalité, au service de la rébellion. Voilà ce qu'il peint et façonne, voilà ce dont il veut que j'hérite.
Je ne veux pas que tu t'élèves parmi la foule. Je veux que tu diriges cette foule en une direction qui fera l'unité. Tu comprends ?
Il me fait une pichenette sur le nez, comme pour m'éviter de continuer à objecter, ce que je fais depuis dix bonnes minutes. Le manteau me semble soudain très grand, et très lourd. Je me demande lequel de nous deux est le plus clairvoyant. Moi diriger quoique ce soit ? J'étais une serveuse quand il m'a trouvée, rien d'autre. Je retrouve la parole, ayant pendant un instant manqué de m'écrouler sur la table en agglo : sortie peu digne lorsqu'on vous explique quelle destinée on souhaite tracer pour vous. À la place, je m'assieds, posément et je réfléchis. Il m'a appris à faire cela : à calculer, à comprendre, à digérer les événements. Le projet me paraît toujours aussi dingue mais la pensée derrière pas tant que ça. Si ce n'est que je lui explique que c'est à lui de le faire, qu'il a toute l'expérience, et la vision d'ensemble pour mener les gens.
J'ai une vieille vision du monde, je n'ai plus d'avenir ici, une vision qui représente la dernière de la Lame. Je suis le dernier Lame, tu connais ma réputation pourtant. Les impériaux ont réussi à me détruire.
Quelque chose en moi se révolte. Sa réputation ? Bien sûr que je la connais, et encore, je n'en connais que des racontars et des parcelles, on m'en a cependant suffisamment rebattu les oreilles. Tout cela sonne faux, tout cela ne me plaît guère. J'ai foi en lui, je ne trouve sa vision ni dépassée, ni désuète. Et je refuse de croire que l'empire ait réussi son travail de sape sur lui, je veux penser qu'il a tort. Et cela, il ne peut m'en empêcher.
- Je n'en connais que des bribes. Et ce que je vois, c'est que tu es encore là, comme un veilleur, observant, jaugeant. C'est parfois sur les vieilles visions qu'on construit les avenirs. Je ne serais qu'un électron libre sans toi.
Je serai là, même en tant que souvenir.
Nos regards se croisent, son masque fier se craquèle un instant. J'aimerais lever la main et effleurer son visage, m'approprier cette faille sous-jacente, la refermer peut-être ? J'aimerais tellement que cette envie me cloue littéralement sur ce foutu comptoir. L'instant passe, mon bras reste lourd, peut-être est-ce le manteau, et il finit par se dérober, me tournant le dos.
Mon estomac et ma tête s'insurgent. J'ai l'impression qu'il tire sa révérence à l'avance, après m'avoir dévoilé l'avenir et je ne le supporte pas. Je sais qu'il se trompe et qu'il n'est pas destiné à demeurer en arrière. Et s'il faut que je porte à bout de bras ses espoirs déchus, sa vision d'une rébellion forte et unie et lui par dessus le marché, je le ferai. Ma voix est claire et presque suppliante :
Mon estomac et ma tête s'insurgent. J'ai l'impression qu'il tire sa révérence à l'avance, après m'avoir dévoilé l'avenir et je ne le supporte pas. Je sais qu'il se trompe et qu'il n'est pas destiné à demeurer en arrière. Et s'il faut que je porte à bout de bras ses espoirs déchus, sa vision d'une rébellion forte et unie et lui par dessus le marché, je le ferai. Ma voix est claire et presque suppliante :
- Tu ne comptes pas m'abandonner, n'est-ce pas ?
J'en suis presque à répéter, murmurer, le "n'est-ce pas" mais je préfère me déplacer. En vérité, je signifie aussi que moi, je ne vais pas l'abandonner. Nous sommes liés à présent, c'est ainsi, que l'un ou l'autre l'ait prévu ou non, l'ait voulu ou non, nous ne pouvons rien y faire. Je me décloue du comptoir et avance à sa suite, jouant la métaphore de mon existence depuis qu'il m'a croisée. Il ne m'a jamais paru aussi grand qu'à cet instant-là.
Non. Mais ce monde est dangereux, tu dois pouvoir compter sur toi-même. Sur ce que je t'ai appris ou j'aurai échoué.
Il ne connaîtra pas cet échec, nous ne connaitrons pas cet échec, j'en fais le serment silencieux. Comment lui faire comprendre cependant qu'avant de courir, il me faut encore marcher, et que je n'en suis qu'au stade de tituber sur mes deux jambes. Comment lui faire comprendre que j'ai besoin de son soutien pour m'éveiller, que l'un n'ira pas sans l'autre. Son enseignement, c'est tout ce qu'il me restera à la fin. Et si cela ne suffit pas ? Pourrais-je supporter de le décevoir ?
Il m'ébouriffe les cheveux, comme si mon allure capillaire pouvait être pire à cet instant précis et nous nous entraînons. Le débat est clos. Pour le moment me dis-je. Mais le langage du combat semble plus sûr et j'ai soudain un grand besoin de me défouler. Ce n'est qu'au bout de longues minutes, après avoir encore subi bien des bleus que je demande grâce, ce qu'il m'accorde, comme toujours.
Il m'ébouriffe les cheveux, comme si mon allure capillaire pouvait être pire à cet instant précis et nous nous entraînons. Le débat est clos. Pour le moment me dis-je. Mais le langage du combat semble plus sûr et j'ai soudain un grand besoin de me défouler. Ce n'est qu'au bout de longues minutes, après avoir encore subi bien des bleus que je demande grâce, ce qu'il m'accorde, comme toujours.
- Dire que Flavie me disait : une douche et les bras d'un homme pour finir la journée. J'suis pas sûre qu'elle entendait les bras comme ça...
- Ah bah non, j'ai eu des cadeaux et une destinée, c'est mieux.
Pourtant, il n'y a pas à se plaindre.
- Ah bah non, j'ai eu des cadeaux et une destinée, c'est mieux.
Une fois ta tâche accomplie, tu pourras vivre des désirs, mais avant, le devoir.
Eh bah, ça va être facile : devenir quelqu'un, embraser la rébellion, anéantir l'empire. C'est bon, en dix minutes, j'ai fini. Je ricane :
- C'est une promesse ?
Je repars au contact et seuls les coups me répondent. Mais je prends ça pour un oui.
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Gimme a break
20 Mars 2014
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