EDC de Callian~48825

Elle est pourrie cette blague ! Par la matrice... Ça doit être l'état de nervosité dans l'quel j'me trouve d'puis deux jours à présent. Tout a commencé par l'arrivée d'ce grand elfe à l'air sombre, balafré, des anneaux, gothique tu fais pas mieux. Insigne impé aussi, un vieil insigne, mais c'est un détail qui s'loupe pas. J'lui ai servi à boire, il a fait de grandes phrases sur l'impartialité et l'devoir. J'ai participé, en faisant la tambouille, histoire de m'occuper. Il m'a r'gardé, longtemps, il m'a d'mandé mon nom et s'est tiré. L'histoire aurait pu s'arrêter là, bonjour chez vous hein ? Mais peu de temps après, j'ai reçu un com' :

Bonjour chez vous... Nan. Bref. Blanc plutôt. J'ai cligné des yeux en m'disant, mais qu'est-c'qu'il m'dit ? Et puis, j'me suis rappelé la conversation, un truc du genre "c'est notre devoir d'enseigner aux jeunes rebelles etc..." C'était énigmatique comme proposition, voire flippant. Mais comment vous dire... Les trucs flippants sortis du chapeau, ça m'donne le frisson. Vous savez, quand vous vous t'nez au-dessus d'un grand vide, du haut d'un immeuble par exemple. Vous vous dites : et si j'tombe, ça fait quoi ? Bon ok, vous allez en cuve et rebelotte mais je parle de la sensation, ce chatouillement au niveau de la nuque. J'y vais, j'y vais pas ? J'ai répondu à son com', il m'a répondu, on a parlé un bon moment avant qu'je me pose juste la question élémentaire. Mais au fait, c'est qui exactement ? Je le deck, je r'garde s'il a une adresse, il n'en a pas. Bon ok, un emploi alors ? Archiviste ? Bah, le job que j'ai failli sélectionner quand j'suis arrivée. Et puis j'me souviens d'une commande qu'je viens d'apprendre grâce à Eve, alors je deck ses diverses activités illégales dirons nous.

...

Ah ouais, quand même.

...

Mais je hausse les épaules. J'me fiche un peu de c'qu'on peut inscrire sur le dos de quelqu'un. J'aurais dû m'arrêter là dans ma quête du savoir. Juste lui dire ok, on s'entraîne quand tu veux mais ya eu la question fatidique posée :

- Tu l'connais, toi, Sodom ?

Pourquoi j'ai posé cette foutue putain de question ? Vraiment, parfois, j'devrais juste la fermer. Au départ, j'ai eu des réponses comme "bah j'sais pas trop, il est bizarre". Nan mais merci, j'avais remarqué. Mais il a juste fallu qu'je m'absente genre quelques cycles pour qu'on m'tombe sur le dos. Florilège de "ne fais pas ça, c'est un salaud, il est horrible" sans oublier le coup de massue "c'est un violeur". J'ai failli dire : c'est tout ? Il égorge pas des bébés écureuils à la nuit tombée aussi, pour parfaire le tableau ? Au début, j'ai t'nu, j'ai dit que les rumeurs ne m'intéressaient pas. Il me proposait un mentorat et il a un charisme dingue, bon, ce dernier détail n'est pas un argument. Et puis quoi ? Depuis le début on me met dans une case, bien au chaud : trouve un travail, trouve un logement, entraîne-toi, mange, bois, dors, répare, soigne, decke, tombe amoureuse... J'me suis demandé si je m'étais pas un peu endormie en ch'min. Genre, ça va être ça, cycle après cycle après cycle ? Et en plus va falloir que j'fasse oui-oui aux rumeurs sur un type que j'connais pas moi-même ? Parce qu'il va falloir que moi aussi j'mette les gens dans des cases ? Sympa, Aguicheuse, Frimeur, Serviable, Honnête, sans oublier Violeur, avec un grand V, entouré de rouge pour pas l'oublier.

J'ai passé une sale nuit, à me quereller, à me justifier, à presque céder parce qu'on voulait m'forcer la main. Pas de pot, je déteste ça, c'est encore pire que le résultat attendu. Même si chacun avait ma santé à coeur au final, autant mentale que physique. C'est louable, c'est même agréable de compter pour certains... C'est vrai au fond, ils font ça parc'qu'ils tiennent à moi.

Au réveil, je savais qu'j'allais accepter, que j'allais l'faire quoiqu'on en dise, rien que pour refuser la case qui commençait à m'étouffer. Oh bien sûr, on va me mettre dans une autre à présent : Cinglée. Mais ya plus de place dans celle-ci. Et puis qu'ils pensent ce qu'ils veulent. Qui suis-je pour ne pas laisser le bénéfice du doute lorsqu'on vous propose de l'aide ? Bon, vu que ça m'ennuyait, je lui ai quand même dit que s'il voulait s'acheter une nouvelle réputation, c'tait pas du luxe hein, car la sienne était vraiment vérolée. Histoire de détendre l'atmosphère quoi. Mais j'sais pas, il a pas l'air d'un gars très détendu...

- Non, je ne renonces pas. Quand commence-t-on ?

Comme j'vous l'disais, c'est pas un marrant. Je crois que d'puis qu'j'ai accepté, j'ai dû dire "je te le promets" des dizaines de fois, car tout le monde affiche des têtes d'enterrement. Moi pas. Parfois, le destin vous emmène, quitte à vous broyer. Et ça n'me fait absolument pas peur. Peut-être qu'au passage, qui sait, j'arriverai à l'dérider. Chiche ?