EDC de Boüne~73411

Avouez, vous aussi vous l'avez déjà connu cet instant.
Si, si... Ce moment où vous vous faites tellement chier que vous vous décidez à faire un truc complètement spontané, sortit de nulle part. J'ai vécu également un de ces moments-là un soir, quelques jours après mon arrivée en ville.
Entre le machin sauvage qui attaquait tout le monde en rue et les autres machins encore plus sauvages qui défoncent des SAS, honnêtement, il y avait de quoi s'emmerder à rester cloîtrer entre quatre murs.
Pendant une accalmie, j'avais enfin la possibilité de sortir et je décidais sur un coup de tête de ne pas me priver. D'être naine et spontanée, ce que je sais faire de mieux !
Au cours de ma brève errance, j'ai fini par croiser un mâle entrain de donner des coups de pelles plus absents et automatiques que réellement déterminés et volontaires. Un mégot fumait au coin de ses lèvres, des yeux rouge vif semblaient parfois percer le smog pour vérifier les alentours. Géant, baraqué, taciturne.Aaah.. Cet instant aussi vous l'avez connu, j'en suis persuadée.
Ce truc qui s'éveille dans votre ventre et à l'arrière-plan, votre cerveau qui tire la sonnette d'alarme
telle une alerte du Militarium.
Pfff... L'écoute-t-on pour autant ? Moi ? J'ai foncé dans le panneau tête la première.
Une bravade contre mon instinct qui me hurlait combien ça pouvait être une Boünerie, une sacrée Boünerie même. J'engageais la conversation avec l'aisance que me confère ma race. Autrement dit, bruyamment et énergiquement. Sur le coup, je suis sûre que le type a dû se dire "Mais putain, elle sort d'où celle-là ?". On dit que je suis impertinente, grande gueule et franchement comique même quand je m'énerve.
C'était typiquement le genre de bad boy qui sait capter votre attention par son mystère, sa virilité et finalement ce côté sombre impossible à nier. Et c'est exactement ce qui m'a enchantée presque sur le champ. Une chose en amenant à une autre, nous avons fini par nous revoir le lendemain puis le surlendemain.Celui-là aussi vous l'avez connu, O-BLI-GÉ !
Cet instant où tout bascule. Où le sourire devient tentateur.
Où votre gestuelle pourtant habituellement gauche se fait séductrice et féminine.
Où les regards deviennent un appel au sexe sans même que vous en ayez conscience. Je pensais que le coup de foudre frappait aux portes les plus jolies, les plus voyantes. Pourtant, il est venu toquer à la mienne discrètement et insidieusement. Et j'ai ouvert.
Je n'ai même pas eu le temps de comprendre que je finissais bouleversée, les pensées aux quatre vents et un sourire de débile sur ma face. Nos corps s'emballèrent et s'embrasèrent tellement vite que je devrais probablement en concevoir une certaine honte. Mais non, j'ai été heureuse d'ignorer mes instincts qui me disaient que c'était encore une nouvelle Boünerie, plus grosse que la précédente encore.Encore une fois, vous l'avez forcément connu cet instant.
L'un des moins joyeux, l'un de ceux qu'on n'assume pas vraiment d'avoir vécu, éprouver
mais qui pourtant fait partie des choses de la vie.
Le doute, la jalousie et finalement l'incompréhension qui se heurte à son partenaire
qui reste bien silencieux en face.
Silencieux mais éveillé et actif. Le chien. Parmi les moments que je déteste le plus, ce sont ceux remplit de silence. Remplit de rien et qui te donnent l'occasion de gamberger.
Et il m'en a laissé, des moments remplit de rien, où il n'y avait que moi pour me raisonner et me rassurer. Entre les passages des rebelles où tu dois encore et toujours rester cloîtrée parce que t'es à peine capable de tenir deux kanufs. Ceux où tu perds tout parce qu'un caïd n'a pas pensé que ses informations pouvaient se révéler fausses et qu'il décide de te dépouiller du peu que tu possèdes. Il y avait juste moi et mes pensées qui construisions une relation parfaitement illusoire et "idéalistique". Lui, que faisait-il pendant ce temps ? Demandez-lui.En fin, celui-là, vous le connaissez.
Cet instant où votre instinct vous crie d'attacher votre ceinture parce que ça va péter sec.
Lorsque les murs de votre conscience, de votre moi intérieur tremblent et vacillent.
Lorsque ce tout finit en grand rien et durant lequel vous êtes juste un spectateur impuissant
et que les autres vous regardent avec cet air compatissant totalement à gerber.
Parce qu'eux savaient, eux connaissaient l'issue que vous aviez choisi d'ignorer.