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EDC de Barshabba

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Une nuit cannibale.

Les murs de la prison fédérale enferma, ce soir-là, de sourdes alarmes. Bâillonnées par l’enchevêtrement de couloirs mal éclairés et de voies au marquage défraîchi, un cri venu de gauche ou bien de droite — qui aurait pu dire le point d’origine de l’émission, si ce n'étaient ceux ou celles pourvues d'une redoutable habitude des lieux — de cette plainte sauvage. Cette lamentation. Cet appel de détresse qui rebondissait sur l'indifférence terne de l'architecture carcérale, en échos plaintifs, comme une balle perdue qui se refusait avec obstination à atteindre un but, un corps ou un objet.
Le premier à former cette trinité du désespoir était difficile à saisir par les biais de l'entendement logique, rectiligne, raisonnable, mais on peut comprendre par les tripes bien des phénomènes qui échappent d'ordinaire à la réflexion pure. La blessure d'une bête trahie, captive, qui tourne en rond et en meuglant dans les quatre coins de sa cellule rectangulaire, faisait partie de ces phénomènes-ci. Ainsi, le gardien improvisé parvenait à cerner, par un lien primal qu'il semblait partager avec la créature, tout le tragique de sa situation ; bien qu'ils fussent tous deux séparés par d’épaisses armatures de Farinium.
Le corps quant à lui n'était autre que cet ensemble décharné de tissus à vif, de muscles nus, mordus qui roulaient avec désinvolture des gestes indomptés d'une furie cadavérique. Pourtant, sur le champ de bataille où ils l'avaient, sous les ordres de Skara, capturé avec Mamoru par une heureuse rossée de coups de pelles, quelque chose avait frappé l'homme à présent son geôlier. La goule avait tenté de fuir. Elle n'était que rage dans sa cage, c'était entendu, les caméras en étaient témoins, mais dès lors que l’alternative exista, le choix de la préservation s’était imposée sur tout autre considération ; abandonnant le buffet froid des morts, servi par les armes fumantes des compagnons d'Einor. Barshabba reconnaissait par là, chez cet anthropophage, une humanité difficilement avouable.
Pour l'objet, le simple soldat qu'il était se refusait à croire qu'il fut ne serait-ce qu'un instant la cible de tant de haine. Il avait certes, comme Lilith et Octo, participé aux massacres des autres goules ; asséné les frappes qui permirent la capture de celle-ci, alors qu'elle se faisait un troll-mollet, en toute tranquillité ; fit front contre la charge des chimères, en première ligne, avec Shagthoga et vit avec stupéfaction le bond terrifiant de leur alpha, une bête énorme, fondre sur la jeune Bruine dont elle éventra l'armure avec une facilité déconcertante... Tout cela s’était finalement résolu par une division en deux du groupe d'assaut B. Les uns, valides dont Aldenya, partirent vers le mur ; les autres escortèrent les blessés sous la surveillance d'Heaven ainsi que la créature, transportée sur l'épaule d'un Frelon troublé.

C'est presque humain.
S'apprêtait-il à répéter, les yeux sur les écrans de surveillance, alors qu'un tir de canon s'écrasa, de toute sa puissance, sur la population qu'il avait juré, juché sur les murs du secteur, de défendre contre toutes les menaces extérieures. Le moustachu valdingua, la prison fédérale trembla de peur sous le souffle que provoqua cette ignoble trahison. Communément hébétés, assommés, stupéfaits, il leur fallut des heures d'un silence de mort pour revenir à eux, vivants mais surtout toujours debout.

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