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EDC de Barshabba

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Serment d'un serviteur silencieux.


Cette nuit-là, Hector ne rentrerait pas à temps. Trop tard, oui, pour assister à la rencontre de dreadball diffusée pendant le prime. Pourtant, toute la semaine durant, il s'était entendu professer à quel point cette dernière marquait un tournant dans la discipline, qu'il y avait un avant et un après. Comme une déchirure irréconciliable, dont seule la douleur ressentie permettait d'admettre la dissociation entre un tendon et un os, un présent et un passé, une soirée canapé-télé et une longue nuit d'heures supplémentaires. Mais, pour lui, ce changement de programme importait peu.
— Encore un ! On bâcle celui-là et on…Se… TIRE !
Marius, quant à lui, vivait une véritable tragédie. Et bien qu'elle ne fît que commencer, les signes d'une crise à venir rongeaient déjà les fins câbles de son professionnalisme en rupture. Les communicateurs vibraient, les corps se succédaient, sa patience fusillée armait ses poings d'une frustration explosive. Celle-ci chuta, droite, sur l'armure dermique immobile qui recouvrait un buste qu'aucun souffle ne soulevait plus. Calme, allongé comme pour dormir, c'était un mort.
C'était Barshabba.
Qui suivait Octo dans la cuve, précédant lui-même des noms plus illustres et qui, à leur tour, alourdiraient la rubrique nécrologique de l'AITL. Petit espace de matrice maîtrisé entre les murs inexpugnables d'un objet connecté. Victime lui aussi de cette guerre sacrée, inépuisable, totale, envahissant les rues vides comme les petites annonces abandonnées. Où s'embrasèrent malgré tout, sous l'artillerie canonique impériale, les moqueries en vers et les promesses de lumière. Mais, rien n'y faisait. Le macchab restait froid aux augustes appels ; étendu, attendant que s'éloignent les mânes, il subissait la colère vivante d'un chagrin grandissant. Tristesse qui comprenait à peine, pliée sur elle-même, que devant elle se tenait un serment. À corps donné, à sang versé et en silence.
Il fallait être Marius pour y cracher dessus.
Il fallait être Hector pour sourire au mort.


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ref : Dean Ellis cover art to the 1977 sci-fi The Duplicated Man, by James Blish & Robert Lowndes

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