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5/ A la découverte de Soi

Krix venait de m'aider à mieux comprendre cette ville, cette "vie". Et à peu de chose près, ce quand ainsi que ce pourquoi. Mais pas ce quoi.

Non, j'avais toujours besoin de savoir qui j'étais. Ce que j'étais. Androïde. Un terme bien vague pouvant regrouper des myriades de corps différents, allant d'un presque humain, à un presque robot. Et moi: à quel point avait-on troqué mon corps contre des rouages et autres pièces mécaniques?

Krix m'amena au Centre Médical, non loin de mon lieu de travail découvrais-je. Cela ne payait pas vraiment de mine. Un centre aseptisé comme un autre. Propre, fade, sans vie. Je frissonnais de peur en entrant, repensant aux affirmations de la doctoresse. Avais-je été créée dans un lieu tel que celui-ci? La température me semblait si froide entre ces murs.

Krix me fit entrer dans une salle de taille modeste. Il y avait plein de matériel électronique et informatique, pilotant je ne sais quel matériel d'analyse. Et bien sûr, il y avait des tables. Froides, métalliques, sentant la mort. En tout cas, c'est ainsi que je le percevais, malgré les sourires rassurants de mon hôte. Elle me fit allonger. L'air sembla se raréfier. J'avais peur. Peur de la machine. Peur du diagnostic. Peur du résultat. La voix douce de Krix m'accompagna, et elle fit sortir d'enceintes cachées dans le plafond supposais-je, une musique douce et calmante. Fut-ce les notes harmonieuses, ou la température, en tout cas je finis par me détendre, trouvant une respiration lente me convenant.

Le scanner tournait en voletant tout autour de moi. Je ne ressentais rien mais il semblait pourtant travailler. Cela aussi me rassura: pas de douleur. Donc, a priori pas de risque. Un diagnostic totalement non invasif. Restait à savoir ce qu'il indiquerait une fois fini. Ses cinq minutes d'analyse furent une torture bien acide, contre laquelle même les questions simples de Krix ne purent me soulager.

Finalement, le module retrouva sa position de départ, laissant l'ordinateur compiler les données avant de les projeter dans l'air au milieu de la salle. Je me relevais et découvrais pour la première fois ce corps qui était le mien. Krix semblait radieuse, souriant comme à une enfant idiote, sûre d'elle et de son savoir. Oui elle avait raison, oui oui oui. Mais moi! Moi j'avais besoin de voir pour savoir, de vivre pour apprendre, comprendre! Si peu semblaient comprendre cela. Quelqu'un le comprenait-il seulement?

Je récupérais les données de l'hologramme et après avoir remercié la doctoresse, filait chez moi, pressant le pas dans les rues grises. Le digicode passé j'ouvrais mon blouson et le jetais au sol avant de suivre la même voie. Je branchais alors mon deck et mon AITL, projetant la visualisation 3D de mon corps au dessus de moi. Durant deux heures je l'épluchais, l'effeuillais, le découpais, l'analysais. Recoupant mes observations aux données glanées sur la matrice.

J'étais très peu mécanique réalisais-je. J'avais l'ensemble de mon réseau nerveux et neural modifié par nanotechnologie. Toutes mes fibres semblait plus...sensibles, réactives. Mes os et ma peau étaient une matrice à l'interface de matières biologiques et métalliques. Je notais aussi des modifications sur mes organes internes. Visiblement une sorte de filtre à air et d'autres fonctions du même ordre pour tout le système digestif. Mon crâne était la seule zone à avoir vraiment été retouché. Connexion directe pour un environnement virtuel. Espace de stockage et d'analyse en complément d'un cerveau autrement naturel. Et deux ou trois choses dont la fonction m'échappaient encore.

Je restais là, allongée sur le sol, à me regarder. Et tout ceci me semblait étranger.
J'avais peut-être perdu la mémoire, mais pourtant, une voix au fond de moi criait:

Ce n'est pas MOI!

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Définition du Soi
04 Novembre 2012
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