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4/ Ghostanalyse
Enfin.
Depuis le temps que je l'attendais, j'arrive enfin à avoir un rendez-vous avec la doctoresse Krix. Forcément, c'est qu'elle est occupée. Quel bon médecin ne le serait pas? On me l'avait conseillée et, malgré ma peur, j'avais fini par prendre contact. Il aura fallu presque une heptade pour la rencontrer, mais nous y voilà. Son cabinet est à deux pas du Requiem. Spacieux, luxueux, calme...aseptisé. Tout ce que l'on peut attendre d'un cabinet d'un médecin huppé non?
Cela ne m'aide pas pour autant à me détendre. Nous nous asseyons, chacune d'un côté de son bureau. Et elle attend que j'amorce la conversation. Tout d'abord, rien ne vient. Et puis, c'est comme une vanne qui se débouche, et le trop plein depuis mon arrivée dans cette ville se déverse.
Ma peur. Mon amnésie. Mon incompréhension.
Krix est professionnelle. Elle est calme, et sa voix posée. Elle tente m'expliquer ce que je devrais (semble-t-il) savoir. Que le monde, en dehors de cette cité n'existe pas. Pas autrement qu'en désolation et terres empoisonnées. Que nous sommes des créations de l'empereur. Que notre "vie" est un don, son don. Ca et d'autres choses. Que j'enregistre, mais traite sans m'en rendre compte.
Cling.
Cling.
Ma réalité s'écroule, comme un miroir brisé. Un miroir qui n'avait de toute façon jamais affiché un reflet qui me plaisait. Mais un miroir qui au moins, avait un sens. Et maintenant? Dois-je accepter que je suis une création? Que malgré tout, j'ai une âme? Que le libre arbitre m'ait offert? Dans ce simulacre de ville, de vie? Krix me parle des sentiments, de la survie, de l'ordre, de l'âme...que tous ici ont. Mais les avons-nous réellement? Ne sont-ils pas une création de cet "empereur"? Qui est-il? Qui est celui qui se prend pour un pan-géniteur? un dieu? Le monde est-il tel qu'il nous est décrit? N'y a-t-il rien que désolation et mort en dehors de ces murs? Ou sont-ce là les réelles limites de notre prison?
Vérité.
Un mot qui perd tout son sens, sa substance. La matrice n'est-elle pas plus réelle? Ce que nos sens nous rapportent, ces informations, ne sont-elles pas truquées? Jusqu'à quel point ce patriarche contrôle nos vies? Existe-t-il seulement? Mes pensées volent aussi vite que les informations sur les lignes de la matrice, des paquets lourdement chargés, des fonctions complexes...pour un résultat pour l'instant nul.
Le rendez-vous prend fin. Et je ressors encore plus perdue que je ne l'étais avant d'arriver. Je me sens comme un insecte accroché dans la toile d'une grosse, poilue et immonde araignée. La bile m'en vient à la bouche. Je prends appui sur un mur, me penche...et déverse mon mal sur le coin du trottoir. Autant pour le luxe du quartier. Je m'essuie les lèvres, enfonce mes mains dans mes poches et repart travailler. Mais au final, qu'importe les questions soulevées par cet entretien. Une seule demeure et m'intéresse encore:
Que suis-je?
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Définition du Soi
02 Novembre 2012
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