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EDC de Aodren~52923

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1 - L'éveil

Cinq heures du mat’. L’heure de se bouger, un peu.

Dans un appartement qui a dû appartenir à tous les passants du coin, allongé sur un matelas en piteux état, un homme s’éveille dans l’obscurité ambiante. Une odeur de renfermé transpire des murs et inonde tout l’immeuble depuis des jours. Il pleut, un peu, et les choses ne font qu’empirer. Le papier peint s’est effrité de lui-même, révélant toutes les traces d’humidité imprégnées dans les parois. Cet endroit n’a rien d’agréable, au fond, mais il a le mérite d'offrir un peu de calme.

Doucement, il se penche sur le bord de son lit de fortune. Sa main s’égare contre le béton glacé, rencontre son deck, son pantalon et d’autres merdes qu’il laisse trainer ça et là, jusqu’à trouver son paquet de cigarettes. Il en saisit une et la porte à sa bouche, avant de l’allumer avec une petite allumette.

Tout est calme dans le coin, et les âmes agitées qui habitent le secteur dorment encore, ou viennent à peine de s’assoupir. L’aube a le mérite de contenter tout le monde, par ici. Le jeune homme à la barbe épaisse se lève et s’approche d’une fenêtre cachée par un drap servant de rideau. De l’autre côté se trouve la ville, « l’Imperium », dont tant prétendent qu’il est l’endroit rêvé pour reconstruire l’humanité. Il esquisse un sourire, mi-amusé, mi-désabusé, et expire lentement la fumée de ses poumons pour brouiller cette vision utopique. Ça ne vaut pas la peine de se gâcher la journée.

La journée qui vient va être semblable à toutes les précédentes : il va falloir travailler, servir, sourire et tenter d’être le plus aimable auprès des autres. Il va falloir aimer, aussi. Aimer les nouveaux arrivants qui, semblables à des enfants, cherchent une raison à leur présence entre ces murs ; aimer ses amis, ses supérieurs et même ceux qui nous détestent, pour mieux les tourner à la dérision. Il faut bien tuer les heures… !

Enfilant son pantalon, un débardeur et une veste, le jeune homme rassemble ses affaires et enfile son Silmerion à son poignet. Comme toujours.

Au fond, il y a dans ce rituel quelque chose de rassurant. Toutes ses journées commencent et finissent quasiment de la même façon, à proximité d’une cigarette et d’une bouteille de skiwi plus ou moins vide. Ça a le mérite d’être redondant et il aime ça. Il enfile ses baskets, prend son sac à dos et ouvre la porte vers l’extérieur. Dans la cage d’escalier, il s’est exercé au dessin et, après plusieurs essais, a peint le visage d’un diable au sourire ravageur, dans les yeux duquel se trouvent les silhouettes de deux femmes qui semblent vouloir sortir de leur geôle. Il s’arrête un instant devant son œuvre, hoche la tête d’un air satisfait et descend les escaliers qui vont le mener à la civilisation.

Dans la rue, le vent fouette son visage et l'éveille définitivement. Au loin, sur le trottoir d'en face, il aperçoit le contour d’une femme blonde à quelques mètres de lui. Il pense la reconnaître, mais ne lui adresse pas la parole. A quoi bon ? Les gens de bien ne sortent pas à cette heure-ci.
***

Informations sur l'article

Au gré des vicissitudes de la vie
27 Novembre 2014
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