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Bleu comme l'espoir...

Bleu comme l'espoir...
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Anthelia courrait dans les couloirs souterrains de la ville. On aurait cru qu'elle avait le diable aux trousses, son visage était transformé par la terreur et ses membres étaient agités de spasmes liés au stress d'être rattrapée par cette créature. D'ailleurs quelle était cette créature ? Nul ne le savait à part la jeune femme qui regardait de temps à autre par-dessus son épaule lorsqu'elle était sûre de ne pas rencontrer d'obstacles imprévus qui la feraient chuter. Finalement elle reprit son souffle non loin de la porte de chez elle. La jeune femme s'engouffra à l'intérieur en soupirant de soulagement, elle était enfin en sécurité.

Elle posa son sac sur le canapé, déchaussa ses boosters et activa son commutateur qui lui indiquait en clignotant qu'elle avait des messages. Elle ouvrit directement celui qui l’intéressait.
A la lecture, ses jambes lâchèrent en premier, puis ce fut au tour du buste et des bras de faillir, le corps tomba durement sur le sol comme si son cœur était transpercé de part et d’autre.
Dans l’obscurité de la chambre, on pouvait discerner une fenêtre entrebâillée, le rideau bougeant doucement avec l’air.
Allongée sur les draps du lit, elle songe.

« Je traverse les sables du temps pour replonger dans le passé et je me retrouve dans cette chambre, quelques cycles plus tôt. Le crépuscule de la ville brille par la fenêtre, les mêmes draps embrassent le lit, le même rideau danse avec le vent. Pourtant, tout est différent. Tu es là, allongé avec moi sur le nid de l’amour. Ma tête repose sur ton torse. Ton cœur bat en harmonie avec le mien, essoufflé d’avoir tant dansé, heureux d’avoir si bien voyagé. Nos deux corps nus s’enlacent amoureusement, profitant de la chaleur de l’autre et savourant cette sensation de bien-être. Au contact de ce douloureux souvenir, mes yeux se remplissent de larmes et inondent mon visage.

Le regard toujours plongé dans les lumières naissantes de la ville, je tourne une autre page de ce livre, et reviens un jour après cette escapade souterraine. Quand tu m’as envoyé ce message. Quand j’ai compris que des voyages comme ça, il n’y en aurait plus.

La vie est injuste, elle t’a donné à moi et nos avenirs semblaient liés à jamais, puis elle t’a arraché à mon étreinte, elle t’a volé à mon âme. Retour au présent, mes larmes n’en finissent plus. Je décide alors de visiter un dernier souvenir, sans doute le plus dur. Il n’y a pas si longtemps que ça, pourtant ça me paraît une éternité. Toi, bien habillé, puis les yeux fermés sur ce lit. Toi, froid enfermé dans un caisson, glissant doucement vers ton ailleurs. Je ne veux pas comprendre ce qu’on me dit, je n’entends plus rien. Rien à part le battement de mon cœur qui déjà a des ratés... Je rouvre les yeux, je vois le caisson et dans un sanglot, je laisse tomber ton vieux carnet de note.

La nuit est tombée maintenant, le ciel est noir. La chambre est plongée dans l’obscurité, le rideau bouge toujours légèrement. Ils disent qu’avec le temps, je continuerais d’avancer, même avec la douleur. Mais elle est toujours là, aussi puissante qu’au premier jour. Et la vie a perdu sa saveur quand on t’a arraché à moi. Je ferme les yeux une dernière fois sur les lumières brillantes de la ville et m’endors pour toujours sur le souvenir de nos premiers pas de danse.

L'horizon pleure, le ciel saigne, et, ironie du sort… ce corps mué en un bloc de glace… bleu, couleur dite de l'espoir.
Espoir... Tu m'en diras tant. »

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Carnet de bord
19 Février 2022
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