EDC de Amaya~69517

Me voilà donc de l’autre côté du SAS, cette fois, découvrant un environnement inconnu.
Il fait sombre. Un silence de mort règne autour de moi et pourtant j’entends un martèlement sourd tout près de moi… Ce martèlement résonne à travers tout mon corps. Je porte une main au niveau de ma poitrine tout en posant un pied devant l’autre, lentement. Le bruit répété s’estompe légèrement.

Un frisson me parcourt le dos. Quelle idée d’être descendue en débardeur… !
Je me retourne tout en continuant d’avancer, il faut que je rattrape les autres. J’observe les environs. Il fait toujours aussi sombre. Il n’y a personne dans les parages, tout est parfaitement calme… Pourquoi m’a-t-on dit que les ST étaient dangereux ?


Là !
Une ombre vient de bouger.

Je me fige un instant, scrutant dans la direction du mouvement. Non, il n’y a rien… Pourtant je suis sûre d’avoir perçu quelque chose d’irrégulier. Une illusion de l’esprit ?
J’attends. Au bout de 5 minutes, rien ne se passe, je reprends ma route.

Combien de temps s’est écoulé ? Je n’en sais rien. Je me sens bizarre, j’ai froid, et pourtant quelque chose me brûle de l’intérieur. Mais je continue de marcher.

Un grondement se fait entendre. Ce grondement, je le reconnais, je l’ai trop souvent entendu, à l’annexe, dans la rue… Il m’a toujours mise mal à l’aise mais aujourd’hui, il est synonyme de soulagement, c’est vers lui que je veux aller !
J’accélère le mouvement, je cours, je vole. Enfin je les retrouve !

La gnoll au pelage sombre parsemé de deux lueurs oranges se dresse majestueusement, figure imposante au milieu de la foule.
Ladite foule se précise devant mes yeux au fur et à mesure que j’approche, et je hoquette : des casquettes bleues se battent contre des bérets rouges, c’est le chaos, le sang gicle de partout.


Que se passe-t-il ? Que dois-je faire ? Qui est blessé ? Qui a besoin d’aide ? Pas le temps de réfléchir...
Mon pistolet en main pointé sur les bérets rouges, des seringues sifflent en traversant l’air alors que j’appuie sur la détente encore, et encore, et encore.

Quelqu’un tombe au sol à mes côtés, j’ai à peine le temps de faire attention. Un détail attire mon regard cependant, ce sont ses cheveux blonds…
Mon dieu !
Je lâche le pistolet et me précipite sur lui, le retourne. Le visage maculé de sang et tordu par une grimace de douleur est orné de deux saphirs intenses qui me fixent.

Avant que j’aie le temps de réagir, deux silhouettes féminines apparaissent à ses côtés, affairées à le soigner.
« Dans doc de combat, il y a combat » lance sévèrement l’androïde brune aux cheveux courts.
« Il va falloir l’opérer... » constate calmement l’elfe à la chevelure claire ornée d’une tresse.
« Alex ! Non ! Pitié... » Un sanglot me coupe la parole alors que je fouille mes affaires à la recherche de la panacée. Pitié, Thallys, faites qu’il survive et qu’il guérisse, je ne peux pas vivre sans lui !

Un goût amer envahit ma bouche, ma main fouille toujours dans ce sac qui semble sans fin. Soudain, mon com vibre.



Alors quoi, moi je dois rester en arrière pendant que tu te bats pour nous ? Pour que tu finisses dans cet état ? Si j’avais été là plus tôt, j’aurais pu faire attention à toi, tu ne serais pas par terre !
Je regrette de t’avoir laissé faire ça, qu’est-ce que je faisais quand tu es parti dans le SAS bon sang ? J’aurais dû te retenir, j’aurais dû te dire non, si j’avais su que ça se terminerait comme ça…
Je ne supporte pas de te voir ainsi, je ressens ta douleur, pitié qu’on en finisse et qu’on rentre à la maison comme avant…

Mais non. Impossible maintenant. C’est trop tard.
Une masse menaçante s’avance, elle porte l’insigne impérial. Elle abat son arme, sans pitié, sur l'androïde, puis sur l'elfette, et enfin elle s’approche de moi et lève son arme.
Je déglutis en tremblant de tout mon corps, et ferme les yeux.
Je t’aime…
***
J’ouvre les yeux en sursautant, en sueur, la respiration irrégulière, le corps brûlant. L’oreiller sous ma tête et les draps sur lesquels je suis allongée sont humides. Je regarde autour de moi, reconnaissant peu à peu l’endroit. Je me tourne sur le côté : il est là, allongé à côté de moi, il dort paisiblement, aucune trace de sang nulle part.
Je reste immobile pendant quelques moments, à l’exception de ma main qui caresse doucement son visage indemne. Quel bonheur de l’avoir sain et sauf auprès de moi… !

Puis je me blottis contre lui et referme les yeux.