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La première fois

***

"Bonjour."

La première fois que j'ai entendu ta voix, cette voix grave et pourtant douce qui m’est aujourd’hui si familière, j’ai sursauté ne sachant trouver son origine. La seconde d’après, tu m’as permis de lever le voile sur ce mystère en apparaissant soudain devant le comptoir, me prenant au dépourvu alors que nos regards se croisaient. J’ai découvert ce jour-là tes yeux d’un bleu cristallin si pur, si beau, qui me regardaient alors. Ce n’était pas ce regard tel que je le connais maintenant, c’était un regard où ta sympathie était entachée d’une certaine curiosité. Nous avons fait rapidement connaissance, puis tu es parti vers d’autres horizons, me laissant seule dans l’immensité du silence d’un Cachot à 9 heures du matin.
La première fois que nous nous sommes rapprochés, c’était dans un contexte tendu. Le secteur était en état d’alerte pour une potentielle attaque ennemie qui faisait partie d’une longue série de tentatives répétées. Nous étions tous deux barricadés de notre côté, toi dans ton appartement, seul, et moi à l’annexe militaire, seul refuge dont je disposais à cette époque. La soirée aurait dû être angoissante et longue… Mais elle ne l’a pas été grâce aux plaisanteries concernant une créature aquatique et nombreuses paroles réconfortantes échangées toute la nuit durant. Ce soir là c’est le cœur réchauffé par une promesse secrète que je me suis endormie paisiblement.
La première fois que j'ai réalisé que tu ne m’étais pas indifférent, je me suis sentie totalement impuissante. Cette belle femme à la crinière d’ébène et aux yeux bleus comme les tiens quoique plus perçants, t’a approché tout naturellement, déposant ses lèvres sur ta joue comme si de rien n’était, dans un claquement aussi cinglant que celui qui a ébranlé mon âme. Tu ne peux pas imaginer l’enchaînement d’émotions qui a eu lieu en mon for intérieur à cet instant précis. Tout sourire, tu me l’as présentée ensuite comme ton amie – un nom, six lettres toutes banales, qui me marqueront pourtant à tout jamais. Je n’ai pas été très loquace face à elle, ni très agréable peut-être… Quand tu m’as demandé par la suite, amusé, si j’étais jalouse, je l’ai nié, mais en réalité je n’avais qu’une envie en tête, c’était de l’imiter. Mais je n’osais pas alors, j’avais peur que ce geste te dérange, qu’une tentative trop osée détruise ce que nous avions construit jusqu’alors… Ignorant que j’étais dans l’erreur la plus totale.
La première fois que tu t'es ouvert à moi, je me suis sentie à la fois heureuse et peinée. Heureuse parce que ce moment d’intimité était une preuve de ta confiance si durement gagnée. Peinée, parce que plus j’en apprenais sur toi, plus je voyais comment ce monde pour lequel je me battais avait pu te faire mal. J’ai aussi appris que le bonheur que je voulais vivre pouvait se construire sur le malheur d’autrui, un malheur peut-être bien plus important… Je me suis fait la promesse intérieure de compenser cela en assurant ton bonheur à toi, en étant ton « petit sucre » - comme tu as l’habitude de m’appeler depuis – même dans les moments les plus difficiles.
La première fois que tu m'as embrassée, mon corps m’a donné l’impression de s’élever vers le plafond, au-delà de ton appartement, au-delà du smog qui recouvre Orion. La sensation de tes douces lèvres sur les miennes, que je découvrais pour la première fois, s’est répandue le long de mon corps en doux frissons. J’ai souhaité alors que ce moment dure pour l’éternité… Sans savoir que quelque chose d’encore mieux m’attendait…
La première fois que tu m’as fait découvrir ton corps, ainsi que le mien, c’est tout un nouveau monde qui s’est révélé à moi. Je n’avais jamais rien ressenti de tel et me suis laissée abandonner à la volupté de tes caresses si agréables. La douceur de tes gestes m’a donné l’impression d’être élevée sur un piédestal de reine devant lequel tu te prosternais tout en le convoitant. Même si nul mot n’a été prononcé, ton regard alors que nos corps fusionnaient dans une valse sensuelle suffisait à me donner la certitude sur ce que je ressentais, ce que nous ressentions, et j’ai su que rien ne pourrait détruire le lien qui nous unissait désormais.
***

Tu es la première fois.
La première fois que j'ai eu envie de me battre pour quelque chose de tangible. 
La première fois que le feu dans mon âme a brûlé pour autre chose que la libération du joug Impérial. 
La première fois pourtant que j'ai été égoïste, ne voulant pas sacrifier ce que j'avais pour une cause commune bien plus noble.
La première fois que face à l'immensité de ce monde et à la contingence de la vie, je ne me suis plus sentie seule. 
La première fois que j'ai compris ce que signifiait aimer. 

Informations sur l'article

Un peu de douceur et de sucre dans ce monde de brutes
01 Mai 2020
647√  8☆ 7◊

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◊ Commentaires

  • Alexius~40999 (0☆) Le 01 Mai 2020
    Franchement, c'est beau. Je suis sans doutes pas très objectif mais * !

  • Léonie (324☆) Le 01 Mai 2020
    C'est aussi délicat que tendre, en accord avec les deux personnages. ⭐

  • Zackk~72383 (10☆) Le 01 Mai 2020
    Mais c'est trop meugnon ça !
    elle est amoureuse~
    On sent de la fraîcheur émaner de ce texte.. Nétoile !

  • Yzad~70418 (81☆) Le 01 Mai 2020
    C'est chou ! *

  • Thalion~72248 (11☆) Le 02 Mai 2020
    une étoile pour la route

  • Osanwë (48☆) Le 02 Mai 2020
    une étoile rien que parce que...."Cette belle femme à la crinière d’ébène et aux yeux bleus comme les tiens quoique plus perçants" non je plaisante une étoile bien méritée... quoi que je vous boude ma petite Osy a perdu son seul ami se jour là xd