EDC de Alinka~5723

Perdue dans une séance d'apnée, envahie d'une sensation d'étouffement couronnée de quelques gesticulations alors que de la sueur froide perle doucement de son front. Elle jongle de la vigilance de l'état du rêve à celui de la veille.

Ce cauchemar, source du trouble de son sommeil, il se joue d'elle, retentissant comme une sonnette d'alarme, l'avertissant du danger qui la menace, un danger auquel elle se doit de faire face alors que la subite sensation d'avoir le corps fendu en deux la redresse d'un bon en un bruit étouffé, paniqué et court.

" Wa .... "

Son dos maintenant trempé, la sueur dévale le long sa colonne vertébrale en un frisson gelé. Elle s’assoit sur ses jambes flageolantes puis arrange son oreiller, l'esprit hanté et nauséeux.

D'un geste lent, elle encadre ensuite son visage de ses mains, soufflant doucement entre celles-ci, songeant à sa réalité et s'efforçant de calmer ses gênantes palpitations.

L'irritabilité et la confusion entrainent ses sanglants iris à divaguer sur sa table de nuit, à la recherche de son paquet de cigarettes, son lot de fidèles amantes qui termineront toujours leur vie à l'étreinte de ses lèvres, et dont elle consomme allègrement deux paquets par jour.

Dans ce noir, elle attrape son Zippo et tourne la pierre, déclenchant une flamme imposante aux couleurs chaudes, éclairant son visage fatigué en pleine inhalation de fumée. Ses mains tremblent, la tâche ne semble pas évidente mais en quelques secondes l'embout blanc s'enflamme enfin correctement.

"P'tain..."

C'est qu'elle serait vraiment troublée, tout du moins c'est la conclusion qu'elle s'accorde en fixant sa cigarette victime d'une cruelle Parkinson momentanée.

"..."

Les minutes s'écoulent lentement, bien trop lentement à son goût et alors que ses tremblements se calment c'est son pied qui commence à s'agiter, remuant nerveusement.

Un flash, toujours le même, cette monstruosité sur pattes, trop surréaliste pour que l’œil humain puisse l'analyser en une fraction de seconde, non non il faut bien plus de temps et d'effort pour cela. Sa taille gigantesque, sa grande mâchoire, ses dents pointues aussi coupantes qu'un d'agrimensor et peignées d'une couche sanglante. Vaut mieux pas terminer là-dedans... C'est la première pensée propre à son instinct de survie alors qu'elle ne trouve aucun mot pour définir ce qu'il lui fait face, un gnoll à côté pourrait gagner un concours de beauté la patte dans le museau.

Et... Pourtant il est bien là... Telle l'incarnation de la mort, de sa propre mort.

D'un bon, elle se lève, un certain mal-être commençant à la démanger, elle fonce dans un coin de son salon, pianotant sur son droïde d'entrainement équipé de gant de fer. Avec précipitation, elle lance un module de combat basé sur du corps à corps, un art martial oublié : le taekwondo.

"Dépêche toi ... "

Hop on valide, et la voilà qui lui fait face, jogging de nuit et brassière sportive flexible de combat du citoyen sur le dos. Joignant son poing dans la paume ouverte de son autre main d'un geste précis, elle incline légèrement le buste vers le droïde et se met en garde. Son regard est vif, et précis vers l'approche de l'adversaire alors que ses avants bras se dressent instinctivement devant elle, bien tendus, les poings serrés.

Son collègue d'entrainement attaque rapidement, dans des trajectoires aussi nettes que précises, d'une rapidité atteignant sans aucun doute ses limites. Derrière ses poings, la Red Hair s'agite, contractant ses bras à chaque impact contre ses avant-bras, gesticulant habilement du bassin, glissant son buste pour esquiver les coups qu'elle pouvait calculer à l'avance avant de reculer, net, en un bon.

"Nan... Ça va pas.... Nan....."

Souffle-t-elle en relâchant sa garde, abaissant ses bras devant elle, levant doucement son visage en l'air alors que ses yeux sont maintenant fixés aux plafond.
Une vilaine gauche parvient à l'atteindre en plein visage alors qu'elle commençait tout juste à trouver son équilibre dans son désir d'être... Reculant instinctivement de quelques pas, une main sur sa joue maintenant en sang et douloureuse, elle se redresse à nouveau, droite devant son bourreau, les dents serrés. Ce n'est pas la rage qui semble l'habiter alors qu'elle le dévisage, tremblante et déjà en sueur....

Elle abaisse doucement ses bras le long de corps, fermant ses rubis, face à lui, soufflant avec une once de désir :

"Je veux... Vivre...."

Sur ces mots, comme un déclic, tout lui semble plus clair, mise à part la souffrance physique tout lui semble en un instant imaginaire, elle n'attend maintenant plus que ça, qu'il frappe encore, cherchant à atteindre son salut ainsi sans défense. Un coup au visage lui fait quitter son humble posture, de quoi rabattre à nouveau sa main sur sa joue ou tout du moins esquisser le geste car le droïde n'est pas là pour lui laisser le moindre repos et abat lourdement son poing ganté en plein dans son plexus, coupant net sa respiration.

"Arhg.."

Un râle aussi fin soit-il vint vite s'étouffer, ne dégageant par la suite qu'un murmure à peine audible alors qu'elle tente en vain de prendre une bouffée d'air, les lèvres entrouvertes, sans aucun souffle pour les guider juste un filet de sang qui en découle. Sa langue glisse, goutant son liquide vital puis c'est du revers de la main qu'elle s’essuie les babines. Ses yeux plongeant dans cette tache rouge, un sourire se dessine à mesure qu'elle réalise que ses tremblements ont disparus.

"Je suis vivante...."

Lui non, mais il enchaine... Au contact de cette violence elle tombe un genoux à terre après plusieurs coups pour finir propulsée contre un mur d'un bon kick ferme, elle ne peut faire autrement que de rencontrer ainsi sa propre humanité, comme souhaité.
La combativité ressuscitée, la voilà qui se redresse d'un bon et fonce droit sur le robot, assénant des coups furieux à la machine, à mains nues, jusqu’à ressentir la douleur au plus profond de ses os.

"Je suis vivante.... Je suis vivante.... VIVANTE ! "

Lui, en piteux état, le voilà qui crépite au sol sous ses coups, la ferraille s’écorchant, son huile, ou ce qui y ressemble, se mélangeant au sang des poings de la tatouée, il ne peut plus se redresser, seuls des échos s'étouffent de l'appareil alors qu'elle se redresse, le délaissant enfin. Appuyée contre un mur, elle se laisse doucement glisser contre ce dernier jusqu’à finir le derrière à terre, serrant fermement ses poings douloureux contre elle, se crispant sur ces derniers tout en se basculant légèrement en avant, réfléchissant.
Il était temps, temps qu'elle comprenne que cette souffrance n'était là que pour lui donner une raison et un but dans sa vie, survivre. Survivre à sa conscience tourmentée par l'angoisse, non pas d'une chose, d'un avenir ou même d'un instant, seulement l'angoisse de sa propre essence vitale car elle a ressenti la peur de la mort, de sa propre mort.

Dans son salut, elle lance sa main ensanglantée dans la poche de son jogging pour attraper le dit paquet et le fameux briquet, s'enfumant rapidement. Savourant chaque bouffée comme si c'était la dernière, elle finit par trembler à nouveau et c'est d'un regard paniqué qu'elle dévisage à nouveau sa main gauche défaillante. Les yeux bloqués sur cette dernière, la Vakarian sent son sang affluer dans sa main droite, des picotements au bout des doigts tandis qu'ils tiennent sa cigarette. Cette étrange sensation se faisait de plus en plus forte alors qu'un éclair de survie l'amène à écraser le bout fumant de sa cigarette au creux de la paume de sa main tremblante. En une grande inspiration digne de la sortie d'une apnée, elle bascule la tête en arrière, les yeux dans le vague et un sourire aux lèvres, la béatitude complète.

Elle reporte sa clope à ses lèvres et de sa main blessée se saisit de son briquet et allume à nouveau sa tige, les tremblements disparus, la douleur toujours présente, la vie également, que du bonheur.