(☺)Les putes n'existeraient pas si les sens ne dictaient pas à l'esprit ; ni la fine cuisine, l'alcool, les lits confortables ou la musique, tout serait austère, et je serais déjà morte. La paresse n'est pas un vice mais bien la carotte qui me fait avancer, comme d'autres pensent avec leur bite, leur foie ; et pour les plus ingénus, ceux qui croient encore à l'amitié, qui emploient des termes tels que « bien commun », ils ne font que se fourvoyer, car ils ne sont que des sens dans un corps, corps qui régit leurs décisions. À demi fidèle à mes propres propos, quelquefois, je montre ma coquille vide au travail, discute avec qui il me sied, tandis que dégénère mon envie de respecter chacun par le simple principe des normes sociales ; qu'à cela ne tienne, de ma perception relève mon univers, tout ce qui est important, et les autres ne sont qu'une vague idée dans laquelle je peine à me projeter, car peu à peu, la conversation perd de son importance ; petit à petit, s'interroger sur le monde perd de son impact. Alors dans un ultime élan de lucidité peut-être, je rédige et laisse une trace, avant de me perdre dans les sens, et de m'y complaire pour y mourir.
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Les apparences s’effacent ; à mesure que ma faiblesse, mon inexpugnable manque de courage s'estompe prend le dessus ce besoin, celui de contenter mes sens, de ne plus jamais trop bouger, ni d'avoir froid, ou de trop réfléchir ; à mesure que mon esprit s'étiole et disparaît grandit mon désintérêt pour les normes sociales, mon amour des bonbons et des étreintes d'un corps tiède ; c'est bien en elfette que je transforme, au fil de ma fin : superficielle et oisive, pimbêche aigrie et casanière, auto-centrée. Et puis soudain, mon opinion se retourne et je retourne ma veste, évacue mon mépris et ma haine. Tout cela n'a plus d'importance, mais prétendons quelques instants que ce genre de choses m'importait toujours, ne serait-ce qu'un rien, je pourrais m'écrier : comme je vous comprends ! Vous qui baisez dans vos appartements à longueur de journée, buvez le soir vos cocktails immondes et mielleux dans les bouis-bouis proprets du méridion, vous m'aviez surpassé, moi et mes considérations métaphysiques médiocres, dans votre conception de l'existence même !
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Le bien, le mal sont écrasés par la prépondérante hégémonie de mon seul ressenti physique, et la quête du bonheur devient soudain une quête du confort et du bien-être corporel, dans son plus simple appareil. Et bientôt, tout cela mourra aussi, car j'en aurai assez de musique, de plumes et de glukoz, et bientôt, le froid m'emportera à jamais ; et puis ils m'oublieront sans trop tarder, mourront à leur tour, jusqu'à la mort de la civilisation et de l'existence, sous l'indifférent regard de l'univers, dans lequel nos remous ne sont qu'écume, vu depuis son éternité. Et rien n'aura eu de sens, et rien n'aura servi à rien, mais personne ne sera plus là pour le constater, et ça m'en touche une sans faire bouger l'autre. Nous serons tous oubliés, brisés enfin par le ressac de la routine et du travail, oui ! Et je n'aurais raté ma vie, car il n'y avait nulle matière à échouer.
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