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EDC de Alice~51211

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Au pays des Merveilles (Non référencé)

(☺)
Des merveilles s'étalent, en éventail, dans mon univers ; elles ont un visage clair, des cheveux sombres. Elles ont quelques rides, ou quelques plumes. Elles ont un sourire suffisant. Elles ont un air supérieur. Elles travaillent efficacement, elles sont parfaites, adamantines. Je baigne dans leur pays, il n'est plus le mien. Elles m'encerclent. Je leur arracherai les plumes. Les cheveux. Elles sont faibles et vulnérables, ou au port aliter. Leur langue titille les dialectes abscons du septentrion, s'articulent dans un vouvoiement froid. Mes pouces racleront le fond de leurs orbites. Il n'y en a pas sept, mais un millier. Ils grouillent comme les rats des souterrains, des ruelles, mais ils sont propres sur eux. Je me répète qu'ils détonnent, blancs sur le gris sale local, mais je suis celle qui transparaît sur le smog. Je suis celle qui n'est à sa place. Ils sont ailleurs et partout, leurs têtes sont hautes et leur menton droit. Ils s'intègrent et s'adaptent comme l'alcool des verres à scotch. La pièce est trop petite pour moi et j'étouffe, mais ils inspirent à plein poumons. Ils rejoignent les rangs et envahissent mon espace, et ma vie, mon foyer. Je leur tracerai des cicatrices. Je riais des masques, mais il s'est fondu à ma peau. Je ne suis plus que haine en mon pays, bile de mes plasmas.
La haine regagne mes veines, j'exulte, tremble, ne vis-je qu'en haïssant autrui. Je suis faible et trop petit est mon corps pour ce qui y bouillonne; mes larmes brûlent mes joues et ma colère est acerbe. La paresse est trop loin, l'amour, l'inaction, les rêves sont des souvenirs d'ailleurs, Jumellet l'unique bastion de bon sens de tout le putain de secteur. Je suis celle qui est anormale, la bête de scène, ce ne sont eux, les marginaux, ici, je le suis devenue, car tous les aiment, je suis hors de ça. Le sentiment est puissant, celui d'être soudain seule, que tous ces hommes et ces femmes vous voient comme l'étranger, celui qui n'accepte la nouveauté et la jeunesse. Je n'ai plus envie d'être professionnelle. Je ne veux plus être raisonnable, courtoise. Je veux que le comptoir aplatisse leurs petites têtes et leurs dents, qu'enfin leur putain de sourire s'efface de leur visage, leur certitude d'être au-dessus, celle de valoir mieux, et que leurs dents se brisent.
Que leur souffrance subsiste dans leur misérable chef et qu'ils comprennent que je suis née là ou ils n'ont fait que migrer, que je souffrais déjà alors qu'ils titubaient en ville. Qu'ils perdent enfin leur assurance et qu'ils comprennent ce qu'est être brisé. Bande de petites salopes. Que toutes vos certitudes soient évaporées à jamais, que la mort soit la seule chose dont vous soyez à jamais certains. Je veux que vous tombiez au plus bas, je veux vous voir souhaiter crever sans l'obtenir, vivre l'amour sans retour et la perte de tout ce qui vous est cher. La fureur s'empare de moi et je ne veux plus jamais la lâcher, demain, je ne le regretterai, cette fois, elle est intarissable. Qu'ils pourrissent de la gangrène la plus noire, que l'ennui les emporte, que l'angoisse les saisissent, et que la joie les abandonne. Cette nuit, je préfère les hurlements aux larmes. La haine à l'anéantissement. Je préfère que tout éclate, surtout leurs visages et leurs vies. Qu'un troll les encule. Je ne suis plus celle du fond des plumes, celle d'hier. Je ne suis plus contenue dans mon corps et dans la comédie sociale. Assez.

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La Marmoréenne
20 Juin 2016
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