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EDC de Alice~51211

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Cacher

Rabbit hole

(☺)
La chaleur douce de sa dextre irradie doucement entre les miennes. La chambre, familière, inconnue, s'étend au-devant, partout autour. A mes côtés il somnole, j'observe son menton imberbe, son souffle, et ses cheveux. Le temps est tiède comme du miel. Des mots me viennent , poésie minable; il a pris les Rennes de mon cœur. Mon nez expire doucement, mes lèvres sourient presque et mes yeux le dévorent, gris sur sa peau fine. Mes cheveux s'étalent, blancs sur l'oreiller albâtre, translucides.
Mon souffle se perd au plafond, j'écoute le bruit du silence, de sa présence; j'imagine les couloirs qui s'étalent à l'infini. Je suis fondante comme une guimauve chauffée à blanc, gisante, molle et tiède. Mon mascara souligne les déboires de la veille, me tatoue les joues de mes larmes, indélébiles. Je cherche ce que j'ai perdu et j'emplis mon appartement pour remplir mon âme amère. Précipitation et regrets ; mon regard s'égare, les couvertures m'avalent. L'appareil vibre et brise l'instant. Des fils de communication s'étiolent, je m'endors ; l'air vespéral me sortira du lit bien assez tôt. Son manteau m'entoure, faute de ses bras, j'ai volé sa main, au creux de la mienne. Nous progressons, il est patient, pataud, parfois; je suis pétrie de tiédeur, tendre et sucrée.
C'est lui qui brise la glace, ma gangue et mon masque lorsque le zinc me fait face, lorsque j'amuse la galerie. Le cynisme, l'aigreur, tout cela fond sous sa douce irradiance, je ne suis plus que celle que j'étais. Vulnérable, je montre le ventre, les yeux, la sincérité. Les phrases, les mots sont simples; il me vole tous mes sourires, tout mon amour, je n'en ai plus pour les autres. Pour autrui, plus grand chose; plus que quelques personnes ne comptent. Je m'entoure de mes semblables comme de son anapurnol; brisés, timides, biaisés, taiseux. La sincérité cachée sous une couche de crasse, de causticité plutôt que sous les faux-semblants et faux sourires.
Les marginaux. Chez qui échouent encore, parfois; ceux aux imperfections. Qui aiment et qui pleurent, qui gueulent, parfois, crient toute leur haine du monde, toute leur haine au smog. Les ingénus. Ceux qui soudain s'ouvrent, comme des fleurs, révèlent leur cœurs, inattendus, et ceux qui craquent, se brisent, s'écroulent et se lèvent à nouveau. Ceux mal à l'aise dans la foule, ceux qui bégaient parfois, ceux dans la norme, pas finis, mal achevés. Ceux aux peurs dévorantes et aux grands yeux. Comme lui, moi, ceux-là.

Informations sur l'article

La Marmoréenne
09 Avril 2016
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