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Réminiscence et renaissance. (Acte 2)
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Dans la pénombre de ce monde asphyxié j'émerge doucement de la torpeur qui m'a plongé dans un abysse sans fond, flottant dans un néant éthéré de souvenirs confus, m'immisçant douloureusement dans chacune de ses oasis qui parsèment le vide qui m'assaille pour m'attirer à lui. Enfant conçu pour n'être qu'une marionnette je parcours ce chemin vers mon passé, vers ce passé qu'ils m'ont créé, vers ce que je suis et ce que je ne suis pas... fantôme d'un être oublié, esprit d'un corps depuis longtemps consumé, ancêtre et descendance devant cohabiter dans ce clone mourant, âme s'essoufflant pour se maintenir en vie, réminiscence d'un passé glorieux qui me hante, être maudit et béni à la fois, j'arpente mon chemin de croix parsemé de morts et de souffrances.
Ai-je eu le choix, avais je le choix de refuser ce combat, pourquoi m'offrir ce don qui m'ouvre les yeux mais à un prix si élevé... être ou ne pas être... qui se résume à être et ne pas être... je suis tant et si peu à la fois. Mes yeux sont clos depuis des heptades, mon corps immobile se refroidit lentement et j'aurai sombré définitivement sans la chaleur de cette elfe qui prend soin de moi, sans son amour qui m'émeut et me trouble, je n'ai jamais connu cela, jamais pensé avoir la chance de vivre cela... souffrir quand elle saigne, trembler quand elle a peur, paniquer quand nous nous engueulons... cette rousse en qui je ne voyais qu'un outil à manipuler et devenu ma raison de vivre.
J'escalade les difficultés pour revenir à elle, me bercer dans son aura de protection, sentir cet être qui prend soin de moi, qui m'apaise et m'apporte tant. J'affronte en pensant à elle les épreuves du passé, ces souvenirs que j'aurai préféré maintenir dans le néant de l'oubli.
Le faucheur... terrible virus qui décima une grande partie de la population, de nombreuses hypothèses parcourent les rues pour expliquer que ce pathogène mortel synthétisé dans les laboratoires impériaux finissent par éclore dans le secteur criminel, ce terrible secteur 9 qui est le repaire du Nexus. La propagation fut fulgurante, le vaccin hors de prix ne pouvait être acheté que par les riches ou les nobles, le peuple impérial lui, subissait de plein fouet la mortelle maladie, les rues se jonchant de cadavres, des rats sortant des égouts pour se régaler de ces corps souffreteux qui ne peuvent se défendre contre ces envahisseurs.
L'épidémie doit être contrôlée, maîtrisée et contenue par tous les moyens à votre disposition... tels sont les ordres, telle est notre terrible mission.
Ce n'est plus l'habituelle poursuite contre les criminels, ce n'est pas abattre des hommes qui vivent dans le vice mais la population entière que nous allons combattre. Les consignes ne sont pas criées comme de coutume mais murmurées dans un souffle, aucune trace écrite, aucun rapport... la longue descente en enfer des recteurs est entamée, nos âmes s'enlisent au nom de l'Imperium dans les ténèbres. Les sourires et les rires qui parsèment un départ en mission laissent place à des visages lourds de sens, la gravité de l'instant se peignant durablement, nos yeux scrutent le sol, n'osant discuter entre nous, connaissant le prix que nous paierons pour cet acte. Il est aisé de donner un ordre depuis son bureau car ce sont les agents sur le terrain qui se sacrifient.
Nous patrouillons tel des annonciateurs de mort dans les rues de la cité, les badauds nous fuient, les malades tentent de se soustraire à notre regard, ils sont faciles à reconnaître, faibles et toussant ils ne peuvent échapper à des recteurs entraînés. Nous les alignons contre un mur sale, à l'ombre d'une ruelle transverse, l'odeur de la peur se fait sentir, certains se sont fait dessus, d'autres supplient en pleurant mais nous continuons notre macabre moisson, femmes, enfants, vieillards... nous nous montrons intransigeants et finissons par rassembler les malades de ce quartier. Quelques femmes nous supplient d'épargner leurs enfants, que les puces ne fonctionnent pas toujours... l'une est enceinte, une âme qui sera morte avant de naitre, cruelle nature, cruel monde, cruelle humanité...
Les ordres sont les ordres... désolé...
Nous, fidèles parmi les fidèles, nous, héros de l'Imperium, ouvrons le feu sur ces civils sans défense, les corps tombent au sol, foudroyés, déchiquetés... regardant tristement la majorité des corps disparaître petit à petit, notre âme subissant une première fissure, cicatrice qui ne guérira jamais mais qui se soucie de l'âme de ceux protégeant l'Empire. Une larme sèche sur ma joue, se mêlant à la poussière du smog elle disparaîtra rapidement car nous n'avons pas le temps de pleurer nos morts, la mission doit continuer, un autre quartier doit être épuré de ses malades puis encore un autre et ainsi de suite jusqu'à ce que l'ensemble de Dreadcast soit purifié de ce virus qui pourrait tous nous anéantir...
La nuit finit par tomber sur cette scène puante et morbide, nul rideau pour apaiser notre vue de ce spectacle digne d'une tragédie grecque, pour survivre nous devons mourir, terrible ironie de ce monde qui ne manquerait pas de me faire sourire si je n'étais la victime de ce jeu de massacre. Les félicitations du conseil de la noblesse nous semblent une maigre compensation, nous fermons les yeux, essayant de ne pas revoir ces visages, de ne pas entendre ces cris, de ne plus sentir cette odeur de mort... L'insomnie nous atteint, notre joie de vivre s'effiloche chaque jour qui passe, n'osant plus nous regarder dans un miroir nous devenons des machines essayant de s'affranchir de toutes pensées, de tous souvenirs, de tous remords... mais quand la nuit devient trop sombre pour retenir nos larmes, nous nous apaisons dans la boisson, les femmes et les prises de risques... j'opte pour un autre moyen, écrivant mon désarroi sur une feuille, couchant à l'aide d'une plume mes peines, évacuant dans l'encre mes tourments... Les mots deviennent ma rédemption, me libère lentement de mon passé, de mes actes, de mes souvenirs...
Le tumulte du ressac se brisant,
Le grincement de la coque se pliant,
Douce mélopée me rendant sourd.
Je m'enivre de cet instant apaisant,
Au milieu des embruns rugissants,
Les soucis terrestres s'éloignant,
La douce solitude m'enveloppant.
Théâtre de guerre, théâtre de mort,
Les flots engloutissant les corps,
Drame se jouant dans l'indifférence,
Apothéose d'une nuit de violence.
Mélancolique veillée mortuaire,
Spectateur impuissant de cette tragédie,
Observant sans une once d'empathie,
Ses hommes et femmes s'ôtant la vie.
Âme flétrissant de ce mutisme,
Maudissant ma propre impuissance,
Demandant pardon de cette offense,
Amenant la tolérance du fanatisme.
Nourrissant cette appétence morbide,
Admirant cyniquement ce spectacle,
A proximité lointaine de ce cénacle,
Je sombre de plus en plus dans le vide.
Informations sur l'article
[RP] Voyage vers le néant.
16 Août 2015
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10☆
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◊ Commentaires
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Nefer~54050 (135☆) Le 16 Août 2015
Terrible, dense, et beau... * -
Jay (579☆) Le 16 Août 2015
Faut dire ce qui est , c'est superbe.. -
Alexander~33707 (254☆) Le 17 Août 2015
Merci à tous.
Les fautes viennent d'être corrigées par la joueuse de Ninde que je remercie.
Les phrases longues... cela demeure justement le style. -
Zalaniz (135☆) Le 17 Août 2015
pour le poème *