EDC de Aillas~45317

-Embrasse moi, embrasse moi, embrasse moi, vas-y embrasse moi !

Elle ne savait dire que ça, ses lèvres pleines s'ouvraient et se fermaient au rythme lancinant de cette phrase sans forme qu'elle me balançait au visage toutes les minutes. Assis sur le tourniquet, j'avais le mal de mer, le malaise du cœur qui tourne, celui qui donne envie de se lever, de marcher faire un tour. Des cheveux pleins la face, elle articulait encore pourtant, ça en devenait presque de la détresse, mais elle ne s'arrêtait pas. Son besoin était si pressant qu'elle agrippait les pans de mon blouson, partagée entre le désir de me l'arracher et celui de me tirer à elle. Tout ce que je voyais c'était son visage couvert et du flou tout autour, plein de flou qui m’oppressait, et ce visage unique et avide qui aspirait le mien sans cesse. Ce que je voulais c'était de l'air, du calme, que ça cesse de tourner, que les choses s'immobilisent l'espace d'un instant, d'un silence salvateur.

-Je t'aime ! Ai-je crié. C'était autant pour couvrir mon écœurement que pour implorer ma libération, quelle me laisse m'en aller.

Elle a écrasé sa bouche sur la mienne, encore et encore, pendant que le monde s'acharnait à rompre mon équilibre mental, pendant que mon oreille interne se croyait dans une déferlante depuis des heures. L'air de mes poumons se raréfia, faisant de mon crâne un enfer, j'étais en apnée dans le tourbillon de l'amour et voué à mourir lentement et douloureusement. C'en était trop, mon corps en entier appelait à l'aide et m'hurla de fuir. Ce que je fis.

-Pourquoi me dire que tu m'aimes alors ? Me demanda-t-elle au loin. Je t'aime moi !

En réalité, j'aurais dû périr étouffé ce jour là, j'aurais dû me casser une jambe, j'aurais dû m'assoupir, j'aurais dû rester assis. Parce que cette ronde était la chose la plus mouvementée que j'aie goûté, cette étreinte était la plus intime que j'aie eu, cet amour... Mais je l'aimais putain ! Qu'est ce que j'ai foutu !

-Embrasse moi, embrasse moi, embrasse moi, vas-y embrasse moi !