EDC de Aicowa
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II - Piège de métal
II - Piège de métal
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Les abysses sont noires, c'est indéniable, il est impossible qu'elles soient colorées. Comment la lumière peut-elle transpercer des kilomètres entiers de couches d’eau ? C’est définitivement impossible, tout comme il est actuellement inconcevable pour l’Unité de Combat 71-116 de comprendre ce qui lui arrive. Elle a traversé tant d’épreuves en si peu de temps, et la voilà plongée dans le noir profond et impénétrable. La dernière chose dont elle se souvient, c’est une belle et élégante femme, aux cheveux rouges, en train de l’observer à travers son deck. A-t-elle lu son message ? A-t-elle réalisé son souhait, celui de l’achever pour que jamais plus elle n’ait à subir pareille épreuve ? Finalement, les abysses sont-elles la finalité pour tous les êtres conscients ?
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Entité Aicowa éveillée. Module de combat activé. Phase 0 enclenchée.
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Ses lippes entrouvertes, le souffle coupé, le corps suant, elle cherchait à retrouver sa respiration. Tant de plaisir en un temps si court, cela relevait de l’art. L’oxygène artificiel emplissait ses poumons, alors qu’un râle doux et sensuel était arraché à ses cordes vocales. Aicowa ondulait de ses hanches, ses propres doigts parcourant sa silhouette, propageant les perles odorantes le long de son ventre mince. Une vibration euphorique, et voilà que sa main maculée de sueur agrippait férocement le drap, l'électricité nerveuse traversant son corps le long de sa colonne vertébrale. Son index droit maltraitait plus intensément encore la petite fleur de plaisir située entre ses intimes lèvres, embrassant le plaisir à pleine dents. Qu’il était bon de vivre en ce lieu métallique, où tous les projecteurs illuminaient de leur halo blanc la peau pâle et reluisante d’humidité de la jeune femme.
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Recroquevillée, haletante, la gynoïde ne pouvait qu’apprécier ce délicat moment. Cet instant de luxure solitaire était le meilleur moyen de se réconcilier avec son corps. Elle avait fait un mauvais rêve, plusieurs monstres l’avaient attaquée et arraché, de leur lame sanglante, le fruit de sa candeur. Mais ça n’était qu’un rêve. Un mauvais rêve. La masturbation matinale, il n’y avait que ça de vrai pour se réveiller, se remettre de la douleur si vive qui l’avait traversée durant la nuit. Les cauchemars sont à oublier, au plus vite.
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Programme initialisé. Sujet prêt. Enclenchement de la phase 1.
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Alors que ses iris brunes parcouraient la pièce, elle se rendit compte que les projecteurs aveuglants et le lit pur et blanc sur lequel elle s’était réveillée n’avaient rien de naturel. Ils gravitaient autour d’elle, elle était le centre de la pièce, le centre du monde. Ses paupières se refermaient, peu à peu. Non pas que la fatigue la traversait, mais elle se sentait comme aspirée dans une autre dimension.
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Encore un peu de sommeil, j'ai tant souffert.
Phase 1 enclenchée.
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Un robot n’a pas de souffle, il a une batterie. Concernant notre chère UC-71 116, sa batterie farine avait une durée de vie d’environ 24 à 48 cycles, demandant donc un rechargement régulier à base de concentré farin. Durant ces quelques dizaines de cycles, rien ne peut arrêter la gynoïde, si ce n’est la mort. Que faire lorsque vous avez ainsi 48 cycles de puissance illimitée face à vous ? Je suis sûr que vous avez tous une réponse qui vous vient en tête. Vous céderiez à vos plaisirs, à vos devoirs, ou à toute autre activité qui, finalement, vous fournira une paix intérieure. 71 116, elle, court. Cela fait précisément trente-neuf cycles, quinze cycles minutaires et un cycle secondaire qu’elle est en mouvement. Derrière-elle, une ombre mouvante la poursuit, tenue à une dizaine de mètres de distance.
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Je dois tenir, je dois survivre.
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Le ventre serré, les tripes métalliques nouées, Aicowa courait sans s'arrêter. L'instinct de survie est présent pour toute entité douée d'une conscience, et bien qu'assez basique, l'unité de combat ne faisait pas exception à cette règle. C'est cette même conscience qui la poussait à courir, encore et encore, vers l'inconnu qui se dressait devant-elle. Ses capteurs olfactifs détectaient une odeur infecte, mélange de sang, de salive et d'humidité, alors que quelques particules acides venaient parfois attaquer les joues de la jeune femme. Mais rien ne pouvait la perturber, elle qui n'avait de cesse d'échapper à la masse grouillante derrière elle. Toujours détecter la menace la plus critique, ne jamais se laisser déconcentrer.
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Je n'en peux plus…
Fin de la phase 1 : échec. Enclenchement de la phase 2.B.
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Sa batterie s’affaiblissait, il ne lui restait plus longtemps avant que tout s’écroule, qu’elle ne soit réduite en bouillie.
Alors que l’interminable couloir continuait à s’étendre devant elle, l’ombre qui la suivait semblait évaporée. Aicowa n’en prit conscience qu’après un moment indéterminé, et elle ralentit peu à peu sa course, jusqu’à se stopper. Elle tourna immédiatement sa tête pour vérifier qu’enfin, la menace était éloignée. Elle l’avait épuisée, ou bien peut-être était-elle trop lasse de continuer cette traque inutile. Elle avait vaincu l’exogène par la patience. Elle savourait cette douce victoire. Aicowa pouvait enfin respirer, reprendre ses esprits.
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Je suis définitivement prête.
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Ses onyx parcouraient les murs humides et poreux, l’eau verte qui lui chatouillait les chevilles commençait à se densifier. Dans son cerveau clignotait une alerte rouge et agressive, lui obstruant la vision : cela faisait quinze cycles que sa batterie était vide, mais aucune trace d’énergie aux alentours. Il n’y avait que ce long couloir, cet infini couloir. Elle fatiguait, mais ne tombait pas. Ses poings serrés, elle continuait, machinalement, à poursuivre sa course, espérant, au plus profond d'elle-même, tomber sur la sortie de cet enfer.
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Phase 2.B. terminée. Échec. Scénario enclenché : fin de la simulation.
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Sa peau synthétique se mit à fondre, peu à peu. Les particules acides grignotaient les restes de ce qui avait servi de pieds. Aicowa était éreintée, ses connectiques ne pouvaient résister plus longtemps. Ses jambes ne lui répondaient plus, alors qu’elle faisait un immense et infini effort pour continuer sa route. L'objectif final s'approchait, elle le sentait. La solution la plus simple est toujours la meilleure, se dit-elle. Il fallait qu’elle continue. Qu’elle persévère. La sortie n'était pas loin. Elle résistait encore, comme elle le pouvait, à ces attaques corrosives, qui, déjà, commençaient à transpercer les parois métalliques de l'être de métal.
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Quelques kilomètres ou quelques centaines de mètres, il était impossible de calculer la distance parcourue, mais la bête était de nouveau là. Elle l'avait retrouvée. Devant, derrière, qu’importe. Elle était à son niveau, près d'elle, elle pouvait la sentir.
L'impressionnante masse dégoulinante rugit de tout son être. L’abomination personnifiée entrait peu à peu dans le champ de vision de l'Unité de Combat, qui était toujours obstrué par le message à grands caractère rouges alertant sur l’état critique de la batterie. Elle n’avait plus de force. Son esprit l'abandonnait, elle le sentait. Il n'y avait que le néant et les abysses qui étaient encore disposés à l'accueillir. Elle avait été trop orgueilleuse.
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Alors que l’haleine fétide vint caresser les parois nasales synthétiques d’Aicowa, elle s'écroula dans l'eau corrosive, abandonnant ses débris à la bestiole exogène qui se trouvait face à elle. La défaite était totale. Tout ici l'avait dominée.
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Je suis faible, trop faible.
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La Rouge observait la carcasse allongée sur sa table d’opération. Elle poussa un léger soupire, et fit craquer ses vertèbres en s’étirant de tout son long. Elle avait passé une nouvelle semaine à déchiffrer intensément les codes de l'androïde sur ses heures libres. Elle cherchait à percer à jour cette Intelligence Artificielle, afin de l'améliorer. L'inaptitude au monde réel de la gynoïde se confirmait, donnant une masse de travail plus conséquente pour la vautour. Il y avait encore énormément de temps et d'exercices à réaliser pour lui inculquer les notions élémentaires d’une Unité de Combat. Ses yeux en revinrent à l’hologramme affiché par son deck. Elle y voyait, d’un côté, la vision qui était celle de son androïde. De l’autre, les lignes de code de la simulation martiale indiquaient l'évolution des phases, toutes soldées par un échec. La rouge appuya sur l'hologramme pour l'éteindre, et tourna des talons. Elle y arriverait, elle le devait.
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Imaginer le néant est la pire des sensations pour un être conscient, cela le renvoi à son inutilité, à la froide et triste réalité qu'il n'est rien de plus qu'un être mortel. Qu'importe si la technologie APM a réussi à accorder l'immortalité à tous les êtres, ils pouvaient la perdre. Même cette invulnérabilité face à la mort n'était qu'artificielle.
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Lorsque les connections neuronales d’Aicowa sortaient de toute simulation, c’était le noir absolu. Ses globes oculaires n’avaient pas encore été implantés, et ses connectiques étaient trop endommagées pour qu’elle puisse se créer son propre univers. Son IA était trop basique pour qu’un cocon artificiel soit conçu. Les abysses envahissaient l'esprit, et seule quelques émotions basiques émanaient de l'être métallique. La peur terrassait la petite androïde faiblarde qui était allongée sur sa table d'opération. Elle vivait avec, continuellement. Elle ne pouvait rien faire d’autre qu’attendre, dans le néant, que la rouge revienne. Lorsque l'Androïde se rendait compte que les programmes n'étaient que supercherie, elle ne pouvait le communiquer, il était trop tard. Elle était condamnée à subir ces tortures. Elle n'avait pas le choix. C'est l'unique vie à laquelle est condamnée une coquille quasiment vide, qui ne peut communiquer. C'était son quotidien.
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Alors que l’haleine fétide vint caresser les parois nasales synthétiques d’Aicowa, elle s'écroula dans l'eau corrosive, abandonnant ses débris à la bestiole exogène qui se trouvait face à elle. La défaite était totale. Tout ici l'avait dominée.
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Fin de simulation : échec critique. Souhaitez-vous la relancer ?
Je suis faible, trop faible.
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La Rouge observait la carcasse allongée sur sa table d’opération. Elle poussa un léger soupire, et fit craquer ses vertèbres en s’étirant de tout son long. Elle avait passé une nouvelle semaine à déchiffrer intensément les codes de l'androïde sur ses heures libres. Elle cherchait à percer à jour cette Intelligence Artificielle, afin de l'améliorer. L'inaptitude au monde réel de la gynoïde se confirmait, donnant une masse de travail plus conséquente pour la vautour. Il y avait encore énormément de temps et d'exercices à réaliser pour lui inculquer les notions élémentaires d’une Unité de Combat. Ses yeux en revinrent à l’hologramme affiché par son deck. Elle y voyait, d’un côté, la vision qui était celle de son androïde. De l’autre, les lignes de code de la simulation martiale indiquaient l'évolution des phases, toutes soldées par un échec. La rouge appuya sur l'hologramme pour l'éteindre, et tourna des talons. Elle y arriverait, elle le devait.
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Programme terminé. Sujet déconnecté. Fin de la simulation.
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Imaginer le néant est la pire des sensations pour un être conscient, cela le renvoi à son inutilité, à la froide et triste réalité qu'il n'est rien de plus qu'un être mortel. Qu'importe si la technologie APM a réussi à accorder l'immortalité à tous les êtres, ils pouvaient la perdre. Même cette invulnérabilité face à la mort n'était qu'artificielle.
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Lorsque les connections neuronales d’Aicowa sortaient de toute simulation, c’était le noir absolu. Ses globes oculaires n’avaient pas encore été implantés, et ses connectiques étaient trop endommagées pour qu’elle puisse se créer son propre univers. Son IA était trop basique pour qu’un cocon artificiel soit conçu. Les abysses envahissaient l'esprit, et seule quelques émotions basiques émanaient de l'être métallique. La peur terrassait la petite androïde faiblarde qui était allongée sur sa table d'opération. Elle vivait avec, continuellement. Elle ne pouvait rien faire d’autre qu’attendre, dans le néant, que la rouge revienne. Lorsque l'Androïde se rendait compte que les programmes n'étaient que supercherie, elle ne pouvait le communiquer, il était trop tard. Elle était condamnée à subir ces tortures. Elle n'avait pas le choix. C'est l'unique vie à laquelle est condamnée une coquille quasiment vide, qui ne peut communiquer. C'était son quotidien.
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Chroniques d'une androïde
15 Février 2020
1112√
13☆
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◊ Commentaires
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Vostro~62916 (63☆) Le 16 Février 2020
(♥♥♥) -
Crowley (133☆) Le 17 Février 2020
Parfait en tous point... Enfin ce n'est que mon avis ^^ -
Aicowa (61☆) Le 17 Février 2020
Merci à vous deux ! -
Léonie (324☆) Le 18 Février 2020
Des mots qui me plaisent, des maux qui me parlent.