EDC de Ael~23566

Assise sur le comptoir, paupières closes, l'Ombre songeait aux évènements de ces derniers jours, une fumée grisâtre s'échappant de ses lèvres. Un ricanement brise le lourd silence qui s'est emparé de l'UpRising.

Ael n'avait fait que suivre le dawa monstrueux de loin, ses oreilles traînant ça et là à des heures improbables de son service. Au contact des clients, quand ceux-ci daignaient bien répondre... Gratuitement ou moyennant consommation. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que tout ça avait été plus qu'inattendu... Sous plusieurs angles. Des gamins qui faisaient presque régresser des adultes. Adultes qui, un temps, oubliaient le vide du secteur et sa mort programmée pour s'unir et protéger ces bouts d'vivants.

Les cris des gamins, les sourires qu'on pouvait déceler dans leur voix, leur bonne humeur... Cette insouciance si caractéristique, malgré tout ce qui leur était arrivé depuis leur fuite du secteur 1... Oui, bien qu'elle ne l'avouerait jamais, Ael les avait jalousés un instant, avant de se tempérer en repenser à ce par quoi justement ils étaient passés. Oui, entre deux taffes prises à la gitane collée entre ses lèvres, elle ricané différemment. Un ricanement nostalgique s'était échappé de sa gorge, étouffé dans les conversations et la dynamique du moment.

Puis était venue la petite conversation avec Syllanh, au beau milieu de la nuit, le jour suivant. Pas grand chose à raconter là dessus... Si ce n'est qu'elle avait réalisé deux trois choses. Il suffisait de quelques grains singuliers de la masse pour faire péter l'ensemble. L'Ombre aveugle ne faisait pas partie de ceux-là. Et cela lui convenait parfaitement. Tant pis si on la traitait de vulgaire parasite... Elle n'avait pas de combat à mener ici. Elle laissait volontiers cela aux autres...

Elle ignorait ce qui se passait dans le sous-sol de dreadcast. Elle se fichait des sas qui avaient lâchés. Elle se foutait encore plus des discussions politiques qui frétillaient à droite et à gauche. Elle se foutait des opportunistes, en étant une elle même. Et encore plus, elle se foutait du devenir de ces gamins. Parce qu'au fond, quoi qu'on dise, ils n'étaient que des marionnettes couineuses et désarticulées dont les fils étaient plus ou moins libre de la trame de cette salope qu'on appelait la vie.

- Adieu les petits. La masse vous saluera et ceux qui vous ont mieux connu auront le droit de pleurer votre départ. Les autres ne sont que des imbéciles... Krkrkrkr ♫

La cendre se détache du filtre avant de s'écraser sur le zinc, dans un bruit à peine perceptible pour ses oreilles pointues. Elle se contentait de survoler ce monde avec mépris et dédain...

Et cela lui convenait parfaitement ainsi.