EDC de Achab

Assis devant sa baignoire, Achab frotte sans grande conviction un trench-coat usé à la corde et tâché de sang. Son esprit vagabonde, retraçant le fil des derniers événements.

Quelques jours plus tôt :

Achab entre à grands pas dans un bâtiment, module activé et fusil à la main, et se met à la recherche de sa filleule. Il la retrouve rapidement. Elle est allongée, presque nue, les yeux éclatés par les drogues. Des sachets contenant une poudre inidentifiable traînent sur le lit. A ses côtés se tient celui qu'il espérait encore ne pas trouver là. Il est nu comme un ver et désarmé. L'idée de l'envoyer en cuve traverse l'esprit d'Achab, mais il se retient. Ca n'aiderait pas sa filleule à sortir de cette mauvaise passe, et il est là pour l'aider, pas pour nettoyer le secteur de ses ordures, si tentant que ça puisse être. Il désactive son module à deux pas du lit, provoquant une certaine panique.
Quelques minutes de discussion plus tard, il ressort, soutenant la jeune vaut' à la démarche instable comme il peut. Son fusil sera resté à sa place, et il s'en félicite.

A quelques détails près, la même scène se répète à deux reprises les jours suivants. Les deux fois Achab se fait violence pour ne pas intervenir avant que sa filleule ne lui fasse signe et pour ne pas demander à quelqu'un de régler le souci à coups de fusil après son départ. Plus d'une personne se serait portée volontaire pourtant.

Et puis ce soir, alors qu'il discutait calmement au bar, un détail lui avait mis la puce à l'oreille. Son com à sa filleule restant sans réponse, il avait décidé d'aller vérifier la situation sur place. Accompagné cette fois. La situation lui avait rapidement échappé, finissant par une exécution dans un lieu public. Il s'en serait bien passé, mais les mots ne suffisent malheureusement pas toujours. Tant pis pour sa promesse de ne plus verser de sang rebelle. Puisqu'il lui fallait de toute manière briser une promesse autant que ce soit celle qui ne lui demandait que de se trahir lui même.

Il finit de nettoyer son trench-coat et envoie un com' à son tueur à gage préféré. Une cuve ne suffira probablement pas à faire passer le message, il le sait très bien. Alors il va taper là où ça fait mal : directement dans les crédits. Ca l'amènera à trahir une autre promesse qu'il s'était faite : ne jamais cibler d'innocents. Tant pis, il veut que le message passe donc il fera une exception. Les actes ont des conséquences, et il est plus que temps pour sa cible d'y faire face.

Quelques coms plus tard, un plan prend forme. Si tout se passe bien, trois meurtres auront lieu, et environ trois millions changeront de mains. Il se lève, étend son trench-coat pour le faire sécher et enfile sa tenue de traque. Il est temps de faire ce qu'il sait faire le mieux : trouver des infos.

Le lendemain soir :

Passage à l'acte. Enfin. Il a l'impression que le temps accélère. Ses guetteurs s'avérant décevants, le plan connait quelques accrocs. Heureusement les compétences d'Erèbe sont à la hauteur de ses attentes et suffisent à rectifier le tir. Les cibles sont localisées et abattues les unes après les autres, puis la négociation débute. Après quelques longues minutes, la nouvelle tombe. Le coup a réussi, et dans les grandes largeurs. 3,5 millions de crédits, plus que ce qu'il avait oser espérer en le planifiant.
Voilà qui devrait faire passer le message. Et retirer un outil de pression à sa cible. Pour l'heure, le vaut' décide de s'en tenir là et s'observer les conséquences. Trop d'innocents ont déjà été cuvés pour régler ce problème.
Achab soupire : "Il est loin le jeune vaut' idéaliste. Ville de merde."