La vautour passa les portes de l'ascenseur, seule source de bruit dans ce lieu qui semblait presque abandonné. Ses iris cybernétiques scrutant de gauche à droite la grande salle plongée dans la pénombre, elle passa les portes qui se refermaient dans son dos alors qu'elle était laissée dans une obscurité faussée par les gamma artificiels obtenus par ses implants. Tout semblait... Figé dans le temps, un silence pesant recouvrait la pièce noire.S'approchant du zinc, venant passer la pulpe gantée de son index sur la surface de ce dernier, la petite femme récoltait la poussière accumulée avec le temps avant de regarder son index rouge recouvert de cette poudre grise, sans jamais briser le silence de l'endroit vide.
Est-ce là tout ce qu'il reste de ses envies ? Pathétique. Comme d'habitude avec Elle.
Frottant son pouce à son index pour faire disparaitre la poussière souillant son gant de rouge et de noir, la grise avançait lentement jusqu'à la grande terrasse, les bras cachés sous ses trop longues manches, sans un seul bruit, observant l'eau calme du grand bassin chauffé à peine bouger par le vent. Contemplant la ville de haut par delà le grillage, la femme marchait tranquillement, le bruit de ses talons frappant maintenant le sol dur, créant un bruit de martelage raisonnant, pulvérisant le silence du bâtiment à chaque pas pourtant léger.
Est-ce là notre faute ? Avons-nous abandonné ce lieu ? Somme-nous responsable, au fond ?
Dans un soupire, et dans le silence, la petite plume retraversait le bar, arrivant dans la salle de tir, ses bottes frappant maintenant les grilles métalliques de son passage éphémère. Les ambrées se déposant sur les cibles trouée au loin, passant ensuite sur le jukebox, laissé ici à son triste sort, abandonné comme le reste de l'établissement. Ses doigts effleurant doucement le sac de frappe à l'entrée, le faisant bouger dans le tintement léger de la chaine qui le soutenait alors qu'elle quittait la pièce silencieuse.
Pouvons-nous être blâmés pour la peur ? Somme-nous responsable de l'incapacité des autres à prendre des risques ?
Remontant lentement le long couloir, les néons des silhouettes éteintes, le bruit de ses bottes étouffées par le sol mou, avant d'arriver jusqu'à la petite pièce, aussi vide qu'elle n'était rempli. Approchant du billard tranquillement pour venir faire rouler la blanche d'un geste volatile de son index crochu. Tournant ses yeux vers le flipper qui essayait tant bien que mal de ne pas subir le même sort que le reste des autres misérables, clignotant de vives lumières dans ce morne lieu, essayant désespérément d'attirer l'attention du vide.Tout en avançant dans la pièce, ses yeux cybernétiques se concentrèrent sur la rampe présente, recréant la silhouette d'une personne qu'elle n'avait pourtant pas connu, retraçant l'histoire de ces dernières dans leurs derniers instants avant de passer les paravent pour arriver jusqu'aux lits, passant entre deux de ces derniers pour venir se placer face à la grande baie vitrée.
Combien de croix s'ajouterons encore ? Combien de pari gagnés ? Combiens perdrons encore cette course à la survie ?
Se détournant de la vue imprenable sur cette ville aussi lumineuse de sombre, la grise, dans son silence habituelle viendra aller s'installer sur les canapés face à la télévision, offrant un regard dédaigneux aux misérables bornes d'arcades fatiguées de se battre contre l'abandon. Allumant la télévision pour briser ce silence assourdissant, remplit des échos des rires et des discussions nocturnes, profitant de ce moment, revisionnant cet épisode déchirant ou chaque personnage enchaîne les erreurs, brisant le cœur et les espoirs de chacun de leurs âmes-sœurs.
Que pouvon-nous offrir de plus que nous ne l'avons déjà fait ? Qu'avons-nous de plus précieux ici-bas que notre parole ?
Ce n'est qu'après de longues heures, qu'au beau milieu de la nuit noire, que les portes de l'ascenseur se rouvrir, la lumière à l'intérieur éclairant la pièce vide avant de se refermer sans que rien n'entre ni ne sorte, laissant alors ce lieu vide et froid à l'abandon, ne laissant que cette trace sur le zinc pour preuve de passage, disparaissant tel un fantôme du passé qui visitait une tombe une dernière fois.
Peut-être que ce ne sera jamais assez, mais qu'importe. Un jour, ils comprendront. Un jour, ils apprendront.
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Scène RP improvisée au milieu de la nuit. Trouvable pour ceux qui peuvent !