EDC de 75468

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Ambiance

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Elle ne savait trop combien de temps elle avait été recrachée par les entrailles du centre de clonage. Quelques minutes ? Quelques heures ? Clone rabougri tassé dans l'angle de la petite salle où reviennent ceux ayant trépassé, elle semblait en état de choc. Immobile, muette.

Au loin, résonnaient en écho sur les parois métalliques du macabre établissement, murmures et chuchotements, trahissant l'officine qui prenait place de l'autre côté du couloir. De là où les visiteurs venaient régler leurs contrats d'assurance vie - ou mort - se projetaient sur les murs des ombres menaçantes. Au nombre de trois - ou peut être plus - immenses et difformes, recourbées les unes vers les autres, les comploteuses riaient, semblaient se gargariser de quelconques méfaits à venir. Mais notre pauvrette, elle, ne bougeait pas. Sans doute pensait-elle que si s'effaçait au point d'adopter sur son derme violacé les motifs du carrelage, alors la ville entière l'oublierait, au moins le temps qu'elle reprenne ses esprits et rentre chez elle.

Aujourd'hui, L'Empereur sait qu'il n'en fut rien. Il y avait un autre clone en état de mort cérébrale se tenant face à la passerelle qui reliait son refuge au fameux couloir. Il obstruait partiellement la vue, si bien que si rigide et stoïque qu'il fut, il aurait fait une remarquable porte - car il en manquait cruellement. Une porte au joli galbe neuf, à la chevelure loin d'être vilaine, que l'on poussa avec violence d'un coup d'épaule. Dans un grand fracas, se tenait là alors, en armes de chasse et voilée de smog, une créature toute droit sortie des entrailles de Kepler. Immense, à la fois debout et se déplaçant sur quatre membres, bruyante et silencieuse, elle trainait à ses pieds une lame rattachée à un long manche. Les ombres avaient disparues. La porte aussi et le monde semblait s'effondrer sur cette vision hors du temps.

Un pas après l'autre, savourant chaque seconde, l'entité s'approchait de sa proie qui avait abandonné toute lutte. Ce recoin là, à la lumière blafarde semblable à la chambre du centre d'accueil qui l'avait vue naître, allait être le dernier.

Stoleen s'arrêta, à quelques centimètres de l'orc au teint parme. Elle reniflait, l'odeur de la peur semblait lui plaire, réveiller en elle un quelque chose qui la différenciait foncièrement de cet être en boule, tremblant, au sol. Il sembla même que pendant un instant, la bête laissa une ouverture à Ywari pour se sortir de cette situation inextricable. Mais cette dernière, ayant sans doute à cet ultime instant renoué à son tour avec des instincts profonds, n'en fit rien.

Ce n'était guère amusant se disait probablement l'enfant. Mais babines moussantes, pelage gonflé et pupilles resserrées, elle devait poursuivre sa mission.

Elle leva son arme dont le tranchant raya le plafond, capta l'ultime regard de sa pitance, et abattis sa francisque moderne d'un coup sec comme l'on fendait le bois à l'époque. La lame traça son chemin d'abord dans le cou, la nuque, le plexus, pour ressortir par le foie dans une trajectoire légèrement arrondie. La coupure était propre. Il n'y eut pas de cris, rien d'alarmant dans le quotidien morbide de la vieille Dreadcast, si ce n'est un petit tesson de métal, solitaire, accroché à la lame qui l'avait fendu en deux.
Il avait une taille plutôt réduite, encore accroché à des bouts de chair. Dessus, un matricule partiellement caché par un cartilage.

L'enfant se saisit d'une moitié de clone, qui pour une fois tiédissait sans se liquéfier. Elle le saisit dans sa gueule en plusieurs coups, affermissant sa prise dans une série de bruits humides, et tourna sobrement les talons pour disparaitre comme elle était venue, au détour du couloir, laissant derrière elle son premier cadavre que les mouches convoitaient déjà.
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