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EDC de 75468

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Premier sang 


‡ Salve Regina ‡

Tout devait bien se passer. A vrai dire, l'enfant avait déjà reçu missions plus difficiles que ça.
Quittant sa tanière, seule, truffe au sol, l'animal affichait une mine concentrée tandis que les côtés de sa truffe ventilaient la piste des siens, tapie dans la poussière. C'était comme un chemin tout tracé qui serpentait entre les buildings : invisible pour tant, mais évident pour elle. Et ce soir là, suivre cette trace, c'était tout ce qui l'importait.
Les rues étaient peu fréquentées, jusque là, pas de confusion possible. Marchant sous une légère pluie qui perçait le smog, sans même daigner regarder les bâtiments et les panneaux autour d'elle, elle se frayait un chemin dans cette ville hostile, qu'elle avait apprit malgré tout à connaitre. La petite n'avait en fait foulé le bitume qu'en quelques rares occasions, presque toujours escortée par les siens. C'était, pour tout avouer, depuis cette année qu'on la laissait parfois naviguer de terrier en terrier, et jusqu'à aujourd'hui, disciplinée, elle n'avait jamais failli à la tâche. Brave petite.
Mais ce soir, trottinant sous la pluie acide, elle tourna à gauche, à une intersection. C'était le quartier où l'on fabriquait les proies. Elle y avait déjà fait un tour, bien malgré elle, et s'arrêta un instant, sous les néons propagandistes que la bruine rendait un peu flou.
"𝔊𝔩𝔬𝔦𝔯𝔢 𝔞𝔲 𝔭𝔢𝔲𝔭𝔩𝔢 𝔥𝔲𝔪𝔞𝔦𝔫 !", "𝔅𝔦𝔢𝔫𝔳𝔢𝔫𝔲𝔢, 𝔡𝔞𝔫𝔰 𝔩𝔢 𝔡𝔢𝔯𝔫𝔦𝔢𝔯 𝔟𝔞𝔰𝔱𝔦𝔬𝔫 𝔡𝔢 𝔩'ℌ𝔲𝔪𝔞𝔫𝔦𝔱é, 𝔰𝔬𝔶𝔢𝔷 𝔣𝔦𝔢𝔯𝔰 𝔡'ê𝔱𝔯𝔢 𝔩𝔢𝔰 𝔢𝔫𝔣𝔞𝔫𝔱𝔰 𝔡𝔢 𝔩'𝔈𝔪𝔭𝔢𝔯𝔢𝔲𝔯."
La culture humaine la dépassait encore, la politique et l'idéologie encore plus. Cependant, elle savait une chose, c'est qu'à la vue de tous ces humains et métas défilant sur les spots, elle avait ressenti le besoin de s'arrêter un instant. Assise de traviole, le cul sur l'asphalte craquelé de cette ville d'après apocalypse, elle fixait de ses yeux émerveillés ce buffet de pixel. Il y avait une elfette, à la peau rebondie, rosée, qui priait à genoux, là où il y avait eu une cérémonie il y a quelques temps. Une sorte d'aura autour d'elle, comme une lumière solaire, pure, ne faisait qu'accentuer sa douceur et sa fragilité en ce moment de recueillement. Puis, des humains, bien plus massifs, défilant fièrement, musclés et à la chaire parée de beaux costumes bleutés. C'était raffiné, c'était beau, tant que par dessus l'odeur de sa piste, s'était imprimé un fumet bien plus musqué et pourtant, discret comme un songe qui venait la distraire.
C'était sucré, comme les cochonneries qu'elle mangeait des fois dans le dos de sa mère. Ce n'était pas propre, presque comme les rats des souterrains. A vrai dire, cela ressemblait vaguement à quelques senteurs rencontrées ça et là, dans quelques recoins obscurs de sa petite enfance.
Son pelage commençait à s'imbiber d'eau âcre, pendant qu'elle contemplait ce programme publicitaire. Alors, sentant son derme picoter un peu, elle se redressa pour se secouer un bon coup, avant de tourner la tête vers la suite de sa piste. Les gouttes percutant le sol perturbaient ses vibrisses. Pourtant elle percevait quelque chose. Un battement de cœur ? Une respiration ? Une présence ?
Elle plissa les yeux, le temps que ses pupilles s'habituent de nouveau à l'obscurité des ruelles. Ces images, ces parfums la feraient elle halluciner ? C'est alors qu'elle se figea, une patte relevée.



Si la traque faisait appel à son
instinct, la faim et les fibres insipides
des steaks artificiels coincés entre ses
crocs murmuraient à son oreille quelque
chose d'inavouable. Là, adossés à un
mur, sous un parvis s'effondrant à demi,
deux points rouges luisaient faiblement.
Cette lumière carmin semblait percuter une
protubérance arquée vers le sol, inhabituelle
pour des morphologies humanisées par
la mode. On aurait dit un grand nez. Elle
posa sa patte au sol et coucha ses oreilles en
arrière, humant dans la direction de ce drôle
d'énergumène. Oserait-elle ?

L'enfant rejoignit rapidement l'ombre,
et abaissa son centre de gravité. Rentrant
ses griffes pour ne plus les faire cliqueter
sur le trottoir, la forme de sa proie se dessinait
de mieux en mieux à mesure qu'elle avançait.
D'ailleurs, elle avançait au petit trot, son palpitant -
qui s'affolait grandement - rythmait ses pas.
Plus elle était proche, et plus elle l'entendait, ce
coeur qui tambourinait dans ses tempes. Plus elle
avançait, plus les tensions dans sa mâchoire
s'affirmaient, et plus ses babines moussaient. Et la
pauvre chose sous son abris, ne se doutait hélas
de rien.

De toute façon, tout était allé trop vite pour elle.
Stoleen avait bondit, et en un coup de patte, la
tête de l'oiseau s'était envolée à quelques mètres
du clone, qui, tandis qu'il était encore sous
l'emprise des derniers influx nerveux, se faisait
déjà démembrer par la folle bête. Elle tirait sur
les os, les chairs, grondant furieusement. Puis,
lassée, l'adrénaline retombant tout doucement,
l'enfant resta là, exsangue, queue battante.


* * *

* *

*

Elle regardait son œuvre, qui commençait à tiédir, et, suivant son instinct qui était désormais maître de son corps, l'exogène perça le ventre du volatile et y enfouit sa truffe pour aller déguster les morceaux nobles. Dans sa brutalité, elle avait détaché un bras, un bout de cuisse, qui furent épargnés par la liquéfaction post mortem qui la laissa, elle, sur sa faim, un bout d'intestin au fond du gosier. Déception.
Sur ses quatre pattes, au milieu de la rue, sous les néons de propagandes, Stoleen couinait de frustration, dans une mare de sang. Elle prit le temps de se lécher la truffe, avant de glaner les morceaux de viandes survivants. Sous l’œil d'un militaire artificiel en haute définition répétant le slogan favori du secteur, l'animal, chargé de victuailles fraîches, reprit alors sa mission initiale, sans même regarder dans son dos avant de tourner à droite, au bout de la rue.
"𝔄𝔡 𝔪𝔞𝔧𝔬𝔯𝔢𝔪 𝔦𝔪𝔭𝔢𝔯𝔞𝔱𝔬𝔯𝔦𝔰 𝔤𝔩𝔬𝔯𝔦𝔞𝔪 ! 𝔄𝔡 𝔪𝔞𝔧𝔬𝔯𝔢𝔪 𝔦𝔪𝔭𝔢𝔯𝔞𝔱𝔬𝔯𝔦𝔰 𝔤𝔩𝔬𝔯𝔦𝔞𝔪 !"
________________________
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Article HRP, non utilisable en jeu.
Merci d'avoir lu, et mes excuses envers ce pauvre Nyxys qui était au mauvais endroit au mauvais moment.

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▴ 𝙸𝚗𝚜𝚝𝚒𝚗𝚌𝚝
28 Janvier 2023
473√  17☆ 4◊

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