EDC de 71478

Envie pressante. Ca fait un moment que je me retiens. Je quitte mon perron, te délaisse le temps de quelques pas. Le temps de me soulager. Foutu accoutumance au sucre. Quelques gouttes martèlent ma chemise, s'écrasent sur mes joues. Ma tignasse rousse se perlent. Ca fait quoi ? Depuis la matinée que le smog se vide ? Chacun son tour.

Pourquoi tu m'as pas prév'nu !?

Je ne l'ai pas entendu venir. La douleur irradie ma colonne, me faisant poser un genou à terre alors qu'une poigne puissante plaque ma gueule contre la brique. J'dois avoir la mâchoire fracturée. Embouteillages synaptiques. Ma substance grise sature d'informations, corps lésé, fissuré. Prunelles embrumées, je ne comprends pas. Je ne comprends pas comment on peut ressentir autant d'affliction. Un fluide macule mon front, voile une orbite, calque sanguin avant que la réalité m'inonde. Ma voix s'éraille, ricochant contre le mur spectateur. Chaque souffle me coute. Mes poumons hurlent, blessés de milles éclats à chaque remplissage. Mon scalp ne lui aura pas suffit. Je m'étouffe, éructe un bouillon visqueux. Derniers battements. Je le frole, relief échappant une fraction de secondes à mes pulpes ankylosées avant de se refermer sur mon neuvo. Juste à temps. Avant que ma puce n'active le process APM. Je revois encore ma tignasse rousse. Tignasse sanguinolente s'éloignant, au bout de sa main. Dernier battement. La décomposition moléculaire rayonne de la puce, vague spontannée. Elle brille à peine, emportée avec mon neuvo dans un saut mutique.

La pluie aura balayé toute trace. Enfin… presque.