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United

Ai-je vraiment pris les bonnes décisions depuis mon arrivé dans le secteur ? Je ne me souviens de rien de ma vie passée, cela semble normal selon les cours de l'université, pourtant, j'aurais aimé avoir quelques souvenirs.
Quand je dors, je ne rêve pas, certains parlent d'avoir une vie en dormant mais pour moi la seule chose dont je me souviens est l'obscurité, le noir, un peu comme ma vie de tous les jours en somme, l'obscurité du ciel, celle des rues les plus sombres, l'obscurité des cœurs. Il ne me reste plus qu'à rêver éveillée, n'est-ce pas mieux dans la finalité que de faire cela en dormant, le rêve reste une chose inaccessible et je veux pouvoir toucher les miens.
Sure de moi, sure de mes choix, ne jamais regretter, j'avance sans trop savoir où je vais, je ne pense pas à la communauté, je ne pense pas à l'unité de l'empire, la seule chose qui m’intéresse c'est les crédits, m'enrichir, rapidement, avoir cette petite robe noire en vitrine, plaire, car oui, mine de rien ça rapporte de plaire. En étant serveuse de bar, de plusieurs bars, j'ai pu en entendre des choses, je suis finalement un peu comme un psychologue ou un médecin, être une bonne serveuse c'est voir, écouter, sans pour autant parler. J'ai pu en voir des hommes mariés, des hommes "libertins" qui voulaient une maîtresse sans pour autant que leur femme soit au courant. J'ai pu en voir des épouses flirter avec des nouveaux venus qui ne connaissaient pas leur statut juste pour les avoir à leurs pieds et ainsi rendre jaloux les maris qui doivent redoubler d'attention pour elles. J'ai pu en voir des prisonniers, des soldats, des policiers des voleurs et bien d'autres, mais dans la finalité mes yeux clairs n'ont vu qu'une chose. Des mensonges, des mensonges et encore des mensonges. L’honnêteté est-elle une vertu trop grande pour le secteur dans lequel je me trouve ? Rigoler avec quelqu'un, offrir un verre et vomir dessus dès que celui-ci passe la porte est visiblement quelque chose de courant. Frapper des NIs, les mettre à terre, montrer sa puissance, tirer des dés pour choisir la punition, aussi. Toutes ces choses ont fait que j'ai vu tellement de gens partir dans le sud sans pour autant suivre jusqu’à la poussière de trop. Ma tête enfouit dans le sol, ma langue dégustant sans que je le décide la poussière du sol, mais surtout les rumeurs qui disaient que je faisais honte à la seule personne à qui je voulais faire honneur m'ont fait perdre mon sang froid et choisir le mauvais chemin. Je finis par me relever, soignée par la douceur d'une personne que j’aurais pu appeler amie si je ne venais pas de perdre tout sentiment en l'humanité à cet instant.
Je me relève, je secoue mes vêtements et je m'en vais, loin du nord, loin des nobles, loin des règles que l'on me dicte à coup de poing, le sud selon plusieurs Nis qui sont déjà là-bas c'est la promesse d'une liberté, la promesse de vivre et de dire ce que je pense. Je regarde une dernière fois ma montre, mon parrain ne me répond toujours pas, je ferme les yeux en écoutant les voix dans ma tête qui me disent que les gens ont raisons. J'ai déçu celui qui a pris sur lui pour accéder à mes caprices, celui qui est occupé et qui pourtant a toujours tout accepté. A présent je m'en vais.

-- C'est le sud baby ! --
Mes grands yeux clairs s'ouvrent alors que je passe une frontière, du moins c'est ce que je ressens à l'intérieur de moi-même. Pourtant les rues semblent étrangement identiques, à quoi je m'attendais de toute façon ? Peut-être à plus de lumière, plus de soleil ou des gens qui dansent dehors. Suis-je folle ? Malgré que je ne me souvienne de rien d'avant mon éveil j'ai toujours l'impression d'avoir quelques notes de musiques qui résonnent en moi, au plus profond de mon être et qui rythment mes émotions. J'entre dans un bar, je rencontre un orc, plutôt grand pour son espèce, je papote un peu avec lui et je le revois plusieurs jours plus tard, il est serveur dans un bar, il veut même apprendre à danser si j'en crois ce que j’entends. Mes lèvres s'étirent pour la première fois depuis des jours, je rigole intérieurement à l'idée d'imaginer un orc, une race guerrière oserais-je dire, en train de danser sur un bar. Il parle de moi à sa patronne, je lui explique rapidement la raison de mon arrivée dans le sud, elle me tend la main et m'offre un travail, les sudistes sont chaleureux. Voilà la première impression que je me fais d'eux et celle-ci sera la bonne.
Je m'amuse bien dans ce bar, pendant une journée complète, même deux, quand durant cette journée alors que je frottais les verres pour les faire briller en chantonnant une chanson je sentis un regard sur moi, levant les yeux mon sourire se perdit bien vite en voyant Nerea, comment avait-elle pu me retrouver aussi vite ? La réponse était logique en soit : Gnoll, elle avait du flair !
Sur le moment je ne pouvais que la détester, dans ma vie, celle d'en haut, elle m'avait menti, trahi, par deux fois et dans le fond si je me retrouvais dans cette situation de merde c'était car elle m'avait demandé d'aller la visiter. N'est-il pas plus facile de détester quelqu'un pour ses erreurs plutôt que de s'en vouloir à soi-même ? En faisant cela suis-je vraiment différente des autres que je ne comprends pas ? Non.
Mes décisions sont de pire en pire, heureusement que les gens du sud pardonnent pour les erreurs, je veux passer le temps, oublier, ne pas regretter car au fond je suis ainsi. Je rejette Nerea, elle part en cryo et finalement pour ne pas y penser je m'oublie, je m'oublie dans les bras de Dra avec qui je n'ai finalement pas le courage de conclure, puis je change pour un autre dominant avec qui je finis par m'ennuyer, trop d'occupations, pas assez d'attention, trop de femelles. Un seul membre peut-il contenter autant de femme sans que personne ne se sente léser mais surtout sans que personne ne soit au courant des paroles dites aux autres ? Cela me semble bien fade tout à coup, je me noie à nouveau dans mes tourments et je ne sais pas ce que je veux faire de ma vie, l'ai-je déjà su depuis mon arrivée ici ?
Ma montre com me réveille de mes idées noires, une réponse de mon parrain, je souris. Un parrain n'est-il pas là pour conseiller ? Mais dois-je vraiment me confesser à lui ? Il semble si grand, si pur, je risquerais d'entacher son monde avec mes idées si différentes des siennes. Nous parlons, juste un instant, il me fait part pendant un instant de ses douleurs, j'ignorais qu'un homme comme lui pouvait ressentir de la tristesse. Malgré tout son travail il trouve un moment pour me parler, et, finalement, je vide mon sac, il faut dire que j'en avais gros en moi j'avais tellement besoin de vider le trop plein de désillusions que je ressens au fond de moi. Mon récit finit je lève les yeux pour le regarder, le visage si doux et souriant que je connaissais de lui venait de disparaître pour des traits plus dur, il semblait en colère, mais pas que contre moi. Nous discutons encore plusieurs minutes avant que son com le rappelle à l'ordre, assez de passetemps, retour au travail. Il me fit un signe, un sourire et disparut dans le brouillard de la rue.
Je restais là, un moment, plantée, comme si mon corps avait bugger, je lève la tête en regardant le ciel sans étoile, tout est si noir, la pluie tombe sur mon visage et je ferme les yeux, la laissant ainsi tomber sur moi, chaque goute se fraye un chemin sur mon visage avant de tomber sur le sol. Ma bouche s'ouvre, je respire à pleins poumons, j’étends mes bras et je reste encore ainsi sans bouger, comme si la pluie pouvait me laver de mes mauvais choix. J'ouvre enfin les yeux, trempée et je souris enfin de moi-même, plus tard dans la soirée j'écouterai la douce mélodie de celui qui porte sur lui la couleur du cœur, il rappellera au mien, avec sa mélodie, la rythme, la cadence des sentiments. Après un bref concert musical je rentre enfin chez moi, je fais tomber ma robe, m'enroule le corps encore humide dans la couette et ferme les yeux. En cette journée j'ai décidé de pardonner, pardonner les autres mais surtout pardonner à moi-même. Ma résolution est enfin prise, je veux m'investir, cela m'évitera au moins de m'ennuyer. J'ose et comme je le dis à Agramf et son épouse alors qu'ils parlaient de mon parrain :

"Mon parrain il est :
1 : Intelligent !
2 : Gentil !
3 : Compréhensif aussi !
4 : Puis il n’est pas vilain à regarder
C'est pour toute ces raisons que je l'ai choisi lui pour être mon parrain, j'espère juste qu'un jour il sera assez fier de moi pour au moins citer trois raisons qui font qu'il ne regrette pas de m'avoir accepté comme filleul. Il est temps que j'oublie le passé, que je me concentre sur l'avenir et que je fasse parti de l'unité de notre empire."

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Les résolutions
10 Juillet 2019
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