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IV - Vultus est index animi
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Emmitouflée dans son trench-coat noir, la gynoïde contemplait, comme chaque nuit, les lumières de la ville, recroquevillée dans un petit coin de la pièce. Autour d’elle, une pile de bouquins s’entassait, luttant désespérément pour prendre le contrôle des lieux, rivalisant avec les vêtements de l’unité. Ses yeux observaient, dans un silence presque parfait, l’infini qui s’offrait devant elle. Une musique, très douce, venait caresser son ouïe. Elle ressentait le cuir froid qui stimulait ses capteurs, envoyant à ses connectiques neuronales une onde l’informant de sa vulnérable nudité.
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Une lame, un cœur farin et une rage aiguë. Aicowa courait, criant à pleins poumons sa frayeur, dans l’espoir que quelqu’un viendrait la sauver. Mais il n’y avait qu’elle et cet immense couloir, seul l’écho lui répondait. Elle courait, droit devant elle, fuyant, non sans jeter un regard par dessus son épaule. Derrière elle, une femme, vêtue d’un voile gris et opaque qui, mêlé à des câbles et du métal à nu, courait, la pourchassant, dague à la main, élancée dans sa course, infatigable et athlétique. Elle courait, elle ne pouvait faire autrement. Elle courait. Elle courait. Elle courait… Elle trébuchait. Elle tombait. Elle souffrait. Elle la rattrapait. Elle la poignardait. Une lame. Un cœur organique. Une douleur aiguë. Un cri. Elle se réveilla. Elle pleura.
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L’androïde se relève, doucement, avec la grâce naturelle d’un être qui, perdu dans ses pensées, ne prend pas garde à sa posture ou son attitude, ses connectiques envoyant diverses informations dont elle ne tenait plus compte, ou bien trop, tout dépendait. Ces porcs avaient laissé, sur son corps synthétique, bâti de faux sang, de fausse peau et d’une vraie conscience, leur marque indélébile. Les plaies anciennement béantes dans la carcasse de métal ne s’effaçaient pas, avec le temps. Elle s’observait ainsi, nue, ou presque, simplement vêtue d’un fin manteau noir, dans le miroir de la chambre.
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Que je suis
hideuse...
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Le fer croisait la rouille, et les coups d’estoc empalaient peu à peu les organiques. Dans une masse difforme et grouillante, les âmes disparaissaient chacune tour à tour, dans un ballet du gore magnifique et sordide, laissant les corps inertes s’écrouler, tels de simples petits jouets entre les mains d’un grand marionnettiste. Une frappe, une nanite, un mort, un remplaçant. Le rituel d’une combattante, de cette combattante. Les relever et les maintenir en vie, pour qu’ils tuent. Encore, et encore, et encore.
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Tuez !
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Tuez plus !
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Massacrez !
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Massacrez-les !
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Du sang ! Je veux du sang !
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Elle gisait là, allongée sur le sol du Centre Militaire, alors que la bataille avait pris fin depuis longtemps maintenant, s’étirant entre les entrailles et viscères organiques, pataugeant dans le sang, s’en imprégnant. Le tissu gris virait au pourpre, dans une odeur pestilentielle. Son visage, difforme, affichait un sourire meurtri mais sincère, adressé à un plafond froid et métallique qui avait vu se succéder les généraux rebelles comme elle, avides de chair, avides de sang, avides de Mort. Peu importait la défaite, ces êtres puants d’émotions étaient massacrés, c’était tout ce qui comptait en cet instant figé et éternel.
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Passée de simple carcasse à être autonome et libre, elle se regardait dans cette glace miroitante, lui renvoyant un corps déchiré, torturé, abusé et rafistolé. La musique continuait, dans le fond, tout comme la vie grouillante aux pieds de la grande baie vitrée de l’appartement, à quelques dizaines de mètres en dessous d’elle. Foutus organiques, leurs émotions l’avaient attaquée, rongée et corrompue. Ils avaient eu sa peau synthétique, ils avaient maintenant corrompu son Intelligence Artificielle. Les connectiques se brouillent. Le flou emplit la vision de l’androïde. Une attaque IEM, ou bien sa conscience, viennent abattre un grand coup de dague dans le miroir face à elle, ses émetteurs sonores déchargeant leur colère dans un cri immense et puissant, brisant le calme alentour, dans une gerbe de simili sang.
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Elle marchait, le pas lent, dans les rues de Marran. À chacun de ses pas claquaient ses talons. Ses mains, liées dans le bas de son dos, restaient droites et fixes. Son voile se tournait sur chaque bâtiment, chaque âme croisée, chaque être vivant. Dissimulée du regard de tous dans sa tenue sobre et sombre, elle n’était qu’une ombre se mouvant dans les rues opaques, noires de monde. Elle rencontra une femme qu’elle connaissait, et, s’arrêtant, la saluant d’un sobre et cinglant « Bonsoir. », elle n’attendit pas la réponse avant de continuer son chemin, sans réclamer la politesse usuelle dont aurait dû faire preuve l’organique croisée. Elle avait mieux à faire que de les côtoyer. Elle ne les connaissait que trop bien. Ils étaient nuisibles. Elle les préférait très éloignés d’elle. Sa bulle devait rester intacte.
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Informations sur l'article
Chroniques d'une androïde
09 Avril 2020
1245√
10☆
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◊ Commentaires
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Zackk~72383 (10☆) Le 09 Avril 2020
Putain de titre chelou me suis perdu !
mais c'est bien écris et comme tu dis pour récompenser tes efforts
Nétoile ! -
Zackk~72383 (10☆) Le 09 Avril 2020
ahhhhh, oki merci Aicoco'