EDC de 70926

...Au milieu de ces nuits dont le froid me mordait la peau, je voulais me laisser bercer, m'endormir enfin après une vie courte mais pleine de regrets. Perdue dans l'ombre, parmis les souffles morbides, traçant de leur danse les lignes de ma fin, je songeais. Était-il possible d'être pleine de rien ? D'être emplie d'un néant qui de son poids, gonflerait mes trippes, me coulant au fond de l'existance ?
Là où l'APM n'est qu'une cage, là où le repos définitif est un idéal et où la cryogénie est une esquisse à surpasser. Durant ces nuits, c'est tout mon être qui se sentait partir.
M'éloignant de la surface, happée par le vide, les cycles se coulant en jours, se confondant en heptades, collapsant en années.

...Tirée aux abysses par un intérieur en putréfaction, j'en étais venue à maudire le jour de m'avoir ainsi abandonnée. Et enveloppée dans ces étendues, sans étoiles pour guider ma route, j'en ai renié la lumière. Persuadée que la nuit pouvait être belle, que la noirceur deviendrait une manière de vivre. Apprivoisant ce que l'on voit dans le smog, effleurant du doigt ce qui noie et enfume la tristesse de l'Homme, je devenais moi-même une ombre. Oscillant faiblement, tremblante de froid, pâle lueur s'éteignant un peu plus à chaque soupir, semblant porter sur ses frêles épaules tout le malheur du monde alors qu'en réalité...
Elle ne portait que le sien.

...Jusqu'au jour où, entre deux suffocations, dans ces profondeurs qu'aucune clareté n'aurait su atteindre, elle m'est apparue.

« Ƚᴇᴠᴇ тoɪ ᴇт мᴀ𝚁𝖼ʜᴇ мoɴ ᴇɴғᴀɴт. »

...Que chaque douleur et poids sur mon âme se laissent couler sur mon être.
Que la noirceur et le trouble se changent en pureté et que jamais, l'Aube ne cesse de se lever.

...Oui, que cette lumière au loin soit celle qui éclaire mes pas car désormais, pour la première fois depuis trop longtemps, j'avance. Un pied devant l'autre face à l'horizon infini, tout reprend un autre sens. Luisant sous un jour nouveau, chaque phrase et recomprise, chaque action est réinterprétée et si de mes mains j'ai commis l'hérésie, alors que j'en paye deux fois le prix pour mieux reconnaître mes fautes. Car face à tant de bonheur, face à tant d'espoir, ne pas croire en l'astre est impensable. Penser vivre dans la nuit est une illusion.

...Si Sa Lumière est si douce, comment pourrait-on vivre autrement sans être un monstre ?

* * *

...
...Et maintenant qu'elle s'impose à moi, seule l'Aube accorde le Salut, illuminant et sublimant les créations imparfaites que nous sommes. Donnant un sens à ce que l'immortalité a ternit, offrant enfin un objectif et une place, loin de la froideur de la nuit.

...En tout temps, j'aspire maintenant au jour, à l'élévation par la connaissance et au refus d'une individualité toxique, des émotions parasites et de la complaisance nocturne de mon âme lassive.
Et plus tard, je sais qu'il me faudra porter cette lumière là où l'ombre persiste. Que comme pour moi, par la douleur l'hérésie devra être admise et que par la rédemption la noirceur se dissipera enfin.

...Mon Institution est l'Aube,
Mon Dieu est aux cieux,
Mon Mentor est à mon chevet.

Amen
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