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Part II - À la Domus des Brumes.

. : À la Domus des Brumes : .
Ou au Quai des Songes.
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𝕷𝖊 𝖛𝖎𝖓𝖌𝖙 𝖊𝖙 𝖚𝖓𝖎𝖊̀𝖒𝖊 𝖈𝖞𝖈𝖑𝖊
𝕼𝖚𝖆𝖗𝖙𝖎𝖊𝖗 𝕴𝖒𝖕𝖊́𝖗𝖎𝖆𝖑

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Par respect eu égard au lieu sacré, le brun se délesta du Masque à l'effroyable expression ainsi que de la Masse Énergétique, qu'il déposa délicatement sur une table, à proximité du Tronc à l'entrée. Changement radical de ton et de décor; l'ambiance jusqu'alors inquiétante des ruelles de Marran - ou bruyante des grandes artères -, laissa place à une sérénité quasi assourdissante. Pas un son, le moindre chuintement extérieur est tut par l'édifice capitonné. Comme toujours, il y régna le calme le plus total.
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À pas de félin non sans humilité, le Vétéran pénétra avec toutes les précautions d'usage dans l'immense bâtisse, taillée dans le plus éclatant des marbres. Vestige d'un autre âge, artefact sublime qui élève les Hommes dans l'abnégation et dans le sacrifice.
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Céleste est Sa Demeure, car où que l'on regarde, la Domus Imperatoris trône au milieu d'obscurs et de sombres gratte-ciels sans visage, bouffés par la brume crasse. Autour de l'antique Cathédrale, étrangement le smog se dissipe, comme conjuré par une force invisible. Pas même les hautes murailles protectrices de la Cité ne parviennent à la contraindre, malgré sa taille modeste. Car la grandeur réside ailleurs. Ainsi est la symbologie enseignée aux Hommes.
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Le brun marcha quelques pas pour traverser la nef et gagner le transept, où il s'arrêta un moment pour laisser courir ses mordorés sur les détails architecturaux qu'il connaissait pourtant par coeur. En cet instant, il fut plongé dans une plénitude absolue ; le coeur apaisé, l'âme légère, il se recueillit ainsi à même la Source. Son regard nu se tourna ensuite vers l'abside ; des bas-reliefs magnifiquement ciselés et sculptés, au-dessus desquels des alcôves logeaient des statues et des vitraux contant l'Histoire des Hommes. Qu'elle fut d'ailleurs dans la joie ou la douleur.
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Il posa enfin un genou au sol, sur le granite froid et immaculé. Cheveux hirsutes, visage sévère et empreint d'une mélancolie, à l'image de celui de Paladine. Un geste parasite pour s'enquérir du contour de son visage, un tic nerveux assurément. Dans la foulée ce mouvement se transforma en un recoiffement bref de sa chevelure ébouriffée, en arrière. Il ferma les yeux, puis inspira longuement et profondément pour faire le vide. Dès l'expiration, il commença à psalmodier quelques mots qui devinrent rapidement des litanies entonnées à mi-voix.

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"Je le confesse non sans rougir ; cela fait si longtemps que je ne me suis pas agenouillé devant Ton Buste, pour me recueillir en Ta Demeure et sous Ton Regard. Au lieu de discourir sur nos Valeurs, désormais je me repais dans un luxe scandaleux comme un bourgeois ingrat et vaniteux, qui s’est perdu dans des considérations bassement matérialistes. J'en viens même à oublier d’observer les vertus cardinales, que je m'efforçais pourtant d'honorer dans ma prime jeunesse. L'excès d'opulence est un venin sournois et indéfectible qui corrompt l'âme."
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"Voulant paraître moins extrémiste, poussé peut-être par la volonté inconsciente d’atténuer mon image fanatique, je reconnais que le conseil prodigué, à une jeune NI, de respecter une vertu à la fois était un non-sens. Une ineptie. Peut-on protéger nos valeurs Impériales et commettre des actes de barbarie, quand bien même envers l’Hérétique? Problème insoluble, où est-ce ma haine inextinguible qui ronge et dissout tout raisonnement de logique pure? Cette aporie me détruit à petit feu."
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"J’ai péché par bien des actes qui me font honte. Et je fus du nombre de ceux que le remord ronge. J’ai trahi l’Esprit et la Lettre même de l’Imperium, que m’enseigna assidûment Zlatows. Mais pourtant, je persiste mordicus à agir comme l’incarnation du Chaos rampant. Je suis leur reflet, et je reproduis leur schéma mortifère, stricto sensu. C’est inextricable et je n’en sortirais jamais. On se fourvoie tous autant que nous sommes."
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"Punitions punitives par des punitions punitives et pour des punitions punitives. Voilà l'Homme créé faible et fragile, mais exulte plein de gloriole, croyant que tout lui est dû. Osant braver l'interdit ultime, il dresse une tour élevée jusqu'au cieux, pour aller déclarer la guerre à Dieu et à son Guide, par excès de folie ou de Liberté. Cette dernière est un puissant poison qui s'insinue dans le corps et le sang, contaminant jusqu'à l'esprit et l'âme."
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Alors à son bon souvenir, des séquences défilent d’un passé déjà presque lointain et oublié. Des esquisses d’ici et d’ailleurs se combinent à la croisée des chemins et du Temps, formés par des émotions vives et vivifiantes ; de la colère, de l'amour et de la peur. Des visages, des figures, dévisagent et défigurent. Inaltérable est la mémoire, tourbillonnant dans une valse continuelle du temps qui passe et qui glisse en sourdine. Tel le sac et ressac de l'éternité, par dessus lesquels l'écume ténue est cette précieuse fraction de vie. Une petite lucarne lumineuse et éclairante, qui donne sur nos existences présentes, figeant l'instant à jamais.
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"Au quai brumeux du souvenir, je lui ai dit; Edi, tu as de beaux yeux tu sais."
"Maintenant, je fraie entre les ombres qui se querellent sur mon passage."
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Émergeant de ses songeries, il se redressa enfin pour se mettre debout et bien droit, dans une posture plus fière et martiale. Un mouvement parasite, un autre, de sa main qui va chercher le visage et qui mue en un geste plus doux. Cette fois, pour sentir la légère pilosité de sa barbe ou le souffle sur ses doigts. Témoins directs qu'il est vivant et qu'il vit, chassant ainsi toute névrose inhérente à l'Homme, dont la Morale et le Doute questionnent et accablent.
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Visage relevé sous le dôme, il se tint là, droit, d'un port altiers sans posture présomptueuse ni dédaigneuse. Car l'arrogant et probablement le plus perdu des êtres, et faible et sa rhétorique. Le Vétéran présenta ensuite un bras levé en guise de salutation Romaine en direction de Son Buste. Comme à chaque fois qu'Il le visite. Que ce soit dans un cadre plus intimiste, comme ce soir-là, ou en grande pompe à l'Honora Ceremonium, la Tradition se perpétue et demeure.
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"Ave Imperator, ceux qui se marient te saluent."
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L’épouse toujours de bonne humeur et bienveillante à son égard, n’était plus là depuis une ou deux décennies déjà. Un terrible vide régna ainsi dans les grands espaces où son ombre est inscrite. Comme s’il déambulait dans un rêve éveillé. Finalement ils n’ont pas réussi à surmonter ce terrible sort du destin, qui sépare encore et toujours des cœurs et des âmes soeurs. Les caprices d’une puce APM défectueuse est un problème qu’on ne peut définitivement pas résoudre. Son départ en cryogénie rendit le brun terriblement irascible. Un moment, il replongea dans ses démons passés ; point d’elfe sautillante au regard de lumière pour apaiser les plaies et les affres, que la Guerre a inscrit de manière indélébile en lui. Edi n’était plus là.
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"Ave Imperator, ceux qui partent mourir te saluent."
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Ses expéditions qui l’ont modelé, façonné et élimé dans la douleur, la vraie. Celle du corps qui se meurt et qui hurle pitié de ne pas disparaître dans le Néant, tandis que les os se rompent dans un craquement insupportable, et que la peau se transperce d'une multitude d'impactes d'ogives chaudes et qui explosent en éclats dans la chair faible et fragile. Pour déjouer la Mort, il s’était réfugié dans la Foi. Celle du Créateur du tout. Celui qui harmonise les couleurs, façonne les formes, dénombre toutes choses et émule les couples en y insufflant en eux de l'Amour, créateur de Vie. L’idée de mort lui était moins insupportable en étant croyant. Disparaître dans l’éternité du silence et du froid, là où même le Verbe ni la Lumière n’ont de sens, ni d’existence. Comme si rien n’avait jamais demeuré. À ces fugaces pensées, le brun frissonna. L’horreur absolue songea-t-il.
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"Ave Imperator ceux qui ont Foi te saluent."
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Alvein, fils de l'Homme, fidèle et dévoué serviteur de ce Dieu infiniment bon et généreux. Il donne mais reprend. Il contraint dans la douleur, mais soulage dans le bonheur. Pour que tout un chacun ait souvenir de Lui. Bien loin de l'image de l'Homme ; entité chaotique, versant sans scrupule dans l'ingratitude et l'égoïsme. Dans la barbarie extrême et la violence opportuniste. L'antithèse parfaite à une déité digne de ce nom. Un Dieu ne torture pas et ne rançonne point en exigeant du sang et la livre de chair. De qui et de quoi se réclame-t-il? Lui, le porteur d'arc à la pointe d'airain. Il tue et pratique des exécutions dans un rituel sauvage, qui renvoie aux plus sombres facettes de l'histoire. Mais son visage est net, immaculé et propre du sang qu'il fait pourtant gicler des Hérétiques. Une souillure infecte, probablement aussi contaminé que sa propre rage et haine. Peu importe, il croit au meilleur des porte-paroles, aux meilleurs des guides suprêmes ; de ceux qui élèvent la Foi des hommes pour que société et civilisation se fassent et se perpétuent. Cyrius est la Voie et Dieu est le faiseur de Voie.
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"Ave Imperator, que ton règne vienne...
...que ta volonté soit fait...
...que tu sois sur Kepler ou dans le ciel..."

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𝕯𝖊𝖚𝖘 𝖉𝖊𝖉𝖎𝖙, 𝖉𝖊𝖚𝖘 𝖆𝖇𝖘𝖙𝖚𝖑𝖎𝖙, 𝖘𝖎𝖙 𝖓𝖔𝖒𝖊𝖓 𝖉𝖔𝖒𝖎𝖓𝖎 𝖇𝖊𝖓𝖊𝖉𝖎𝖈𝖙𝖚𝖒. 𝕹𝖎𝖑 𝖘𝖎𝖓𝖊 𝖓𝖚𝖒𝖎𝖓𝖊.
𝕬𝖉 𝕸𝖆𝖏𝖔𝖗𝖊𝖒 𝕯𝖊𝖎 𝕲𝖑𝖔𝖗𝖎𝖆𝖒. 𝕬𝖉 𝖑𝖚𝖈𝖊𝖒. 𝕲𝖑𝖔𝖗𝖎𝖆 𝖎𝖓 𝕰𝖝𝖈𝖊𝖑𝖘𝖎𝖘 𝕯𝖊𝖔.
𝕯𝖊 𝖓𝖔𝖇𝖎𝖘 𝖋𝖆𝖇𝖚𝖑𝖆 𝖓𝖆𝖗𝖗𝖆𝖙𝖚𝖗.
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Vᴀᴇ Vɪᴄᴛɪs
Sᴇᴍᴘᴇʀ Fɪᴅᴇʟɪs
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Petit hommage au "Quai des Brumes", chef-d'oeuvre absolu revu récemment.
Avec un Jean Gabin magistral et surtout une Michèle Morgan sublime.

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Je remercie JD Laïn et JD Tasalio pour les images gracieusement retouchées et l'artwork vraiment trop bien.
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Paladine~70579
Zlatows
Edwige

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