EDC de 70534
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[Expédition] L'Affliction.
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Marran, jour 1.
Les locaux de L'ASICS.
12ch54, 18°C.
Hygrométrie à 54%.
.Les locaux de L'ASICS.
12ch54, 18°C.
Hygrométrie à 54%.
Ceci ne concerne pas le grand voyage que je m'apprête à entreprendre. Cependant il fera un bon préambule à mon récit et par la même occasion, soulager cette peine lancinante qui me ronge;
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J'ai posé mes yeux sur ton regard humide. J'ai vu ton corps elfique tout recroquevillé sur lui-même, tordu par l'affliction que je te faisais subir encore une fois. Devant ce spectacle insupportable, impuissant je fus. Mon coeur se noua davantage dans ma gorge sèche, presque au bord d'exploser. C'est ainsi, tressaillant dans ta pauvre et inéluctable détresse, que je t'ai quitté une nouvelle fois. Et mes lèvres tièdes collées sur ton front brûlant, comme dernier souvenir de toi.
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A travers mon carnet de voyage, je te demande de me pardonner Edwige; pardonne à mon âme égoïste d'être sempiternellement attirée par et vers le Dehors. Telle une force invisible qui sans cesse l'envoûte et l'ensorcelle. Même si je sais qu'au plus profond de mon être, une mort subite et soudaine pourrait me séparer de toi et à jamais, c'est plus fort que moi. L'horreur de cette pensée ne peut pourtant ni défaire, ni conjurer ma nature profonde, si récalcitrante. Une nature, celle d'un homme dont les secrets de ce vaste monde l'intriguent et le hantent. Ô Seigneur, par Hujan, je voudrais tant me délester de ce lourd fardeaux qui m'épuise et m'éteint. Mais sans cesse, mon âme m'y incline et m'y force, ravivant de plus belle la brûlante flamme qui m'anime.
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Je sais quel profond tourment je t'inflige par mes lubies, mes rêves et mes envies d'explorer les Ailleurs au détriment de dangers imminents. Être un précurseur pour que rayonne notre Héritage, voilà mon obsession ultime, tout comme mes pères génétiques, auxquels je me rapporte et m'identifie. Nos pères fondateurs qui eurent bâti la Cité, ont toujours eu cette fierté en arborant les valeurs profondément humanistes qui sont les nôtres.
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C'est ici, là, aux plus sensible des cellules qui constituent mon clone, que l'irrésistible Appel s'opère. Tout cela me dépasse ma très chère épouse, et tu es pourtant là à mes côtés, supportant angoisse sur angoisse, lors de mes départs. Je m'en veux tellement, si tu savais Edi. Tellement. Mais c'est tout simplement plus fort que moi. Et si je pouvais sceller dans la plus dure des roches, où qu'elle se trouve sur Kepler, l'amour éternel que je te porte, j'entreprendrai le voyage pour l'y graver de mes mains nues. Il demeurera ainsi partout où que j'aille. Ici ou ailleurs.
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No Man's Land, jour 1.
14ch23, 27°C.
Hygrométrie à 19%.
.14ch23, 27°C.
Hygrométrie à 19%.
Le cycle fatidique sonna, mais j'arrivai en dernier sur les lieux, chose rarissime pour le noter. Je fus retardé par mes écrits et mes pensées que je couchai à la hâte dans mon carnet, juste avant le départ final. A nouveau, je me tins debout devant la porte sectorielle sud, avec cette même pointe au coeur que par le passé. Le jour tant redouté se présenta.
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Deux Ladies apparurent et après un moment peu spirituel de l'une d'entre elle, à l'image de l'humaine qu'elle était, elle reformula plus correctement l'ordre, en veillant à y mettre les formes, pour que ServerGuard puisse enfin encoder correctement son injonction et nous ouvrir la porte. Celle-ci s'ouvrit dans un bruit caractéristique, laissant entrevoir un long passage. Sans tarder davantage, notre petite escouade, chacun bien à sa place tactique, se mit en marche d'un pas rapide et décidé, pour emprunter le passage étroit qui mena vers le no man's land.
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Rien n'eut vraiment changé ici; toujours cet indéfectible paysage rougeâtres fait de cendre et de poussière, où ici et là, des cratères de diverses dimensions agrémentèrent l'environnement immédiat, nous empêchant une progression fluide et aisée. La Mort, tel un spectre furtif, se hissa en suspens par dessus chacune des carcasses calcinées d'exogènes que l'on rencontra. On eût dit qu'elle nous toisait à notre tour en ricanant, bien tapie derrière les cadavres charbonnés et éparses dont elle se nourrissait. Feu Alastor Hoblet reposait quelque part là-bas, mais je n'eus ni le temps, ni le courage pour aller me recueillir sur son lieu de repos. Je me remémorai seulement à son bon souvenir.
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Dans ce décor mortifère, je fus très rapidement extirpé de ma torpeur, celle des premiers pas que l'on fait au Royaume de l'Oubli. Une odeur âcre qui congestionna littéralement l'air ambiant, me prit directement à la gorge puis aux poumons. Ce mélange nauséabond et étouffant, m'obligea à revêtir mon masque à gaz pour mieux respirer dans cette atmosphère confinée à l'air vicié.
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Alors je me remémorai des souvenirs passées, sur cette terre cramoisie; hôte orgueilleuse et inhospitalière, qui daigna à peine recevoir mes foulées en son sein. Je la surpris d'ailleurs à effacer soigneusement mes empreintes au sol et celles de mes compagnons, comme pour me narguer et m'accompagner vers mon Fatum. Un Fatum que je présageai fait d'embûches et de dangers. Je ressentis son souffle chaud jusque dans ma nuque, accentué du picotement de mon APM qui se désactiva définitivement. Cela anima en moi une crainte viscérale, malgré mon expérience certaine.
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En vérité -car c'est la vérité que je rapporte- jamais l'Homme ne se fera au monde de l'Inconnu à l'état sauvage. Jamais il ne se fera à la moindre parcelle du monde extérieur, qu'il ne domine, ni ne dompte. Et la Nature n'est pas telle à se laisser assujettir par l'Homme. Notre voyage ne fit que commencer et ici se clôture ma première entrée.
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Ulrant, jour 1.
Jungle Marécageuse.
17ch52, 13°C.
Hygrométrie à 89%.
Jungle Marécageuse.
17ch52, 13°C.
Hygrométrie à 89%.
C'est au loin dans la pénombre naissante que se dessina peu à peu ce qui me sembla être la fameuse jungle qui précède Ulrant. Mes yeux accrochèrent la teinte verdâtre quasi-délavée, presque jaunis, des feuillages. Quelque chose d'étrange m'interpella à cet instant, bien différent du danger intrinsèque qu'elle retint en son sein. Quelque chose sur lequel je ne pus mettre de mots immédiatement, mais seulement nourrir une intuition, qui prit peu à peu forme. C'est alors que nous nous embourbâmes, d'un coup d'un seul, dans une boue profonde et lourde. Cette vase collante nous prit jusqu'aux genoux. Dans mes souvenirs lors de notre dernier voyage, une telle mélasse épaisse ne devait pas être présente en cette quantité. C'est alors que je me rappelai d'un détail crucial; les pluies torrentielles étaient passées par ici aussi.
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Nous nous approchâmes davantage de la rive à l'orée du bourbier. Là je découvris alors que la jungle jadis luxuriante, laissa définitivement place à un marécage. Toute la végétation qui s'éleva comme une muraille organique devant le secteur 4, fut prise dans les eaux stagnantes et baigna dans une gadoue impossible. A la surface de celle-ci, je pus remarquer quelques vaguelettes et cercles concentriques plutôt inquiétants, naître ici et là. Témoins s'il en fut, que ses entrailles immergées furent pleinement animées de vie exogène. Des lianes toutes gluantes et en suspensions, s'ajoutèrent à cette ambiance lugubre, tandis que des chuintements, presque inaudibles, jouèrent en trame de fond sonore pour nous mettre en garde contre elle-même. Parce que la Nature toute féroce et sournoise soit-elle, a ceci de diffèrent par rapport à l'Homme; elle prévient toujours avant de frapper.
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Dès lors, la nage fut inenvisageable dans ces conditions, alors que nous ignorâmes tout de la réelle profondeur de ces eaux troubles et poisseux. Bien plus important, il nous sembla voir des ilots de quelques mètres de diamètres, séparés les uns des autres, tel un chemin providentiel qui se formait à travers l'immense marécage. Mais il fallut adopter une approche plus sécurisante en mûrissant nos choix. Aussi, nous entreprîmes une longue marche sur la rive pour trouver le meilleur point d'accès et y traverser. Chemin faisant, le calme inquiétant régna absolument partout autour de nous.
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A nouveau et comme la dernière fois, la jungle bien que métamorphosée par les pluies diluviennes, capta mes sens et les brouilla de ses multiples émanations enivrantes. Ces dernières furent certainement accentuées par les nuées infinies qui s'abattirent sur la jungle et qui réhaussèrent toutes les senteurs végétales et organiques environnantes. L'emprise fut inéluctable sur mon corps fatigué. Le marécage dégagea certes des effluences parfois putrescentes et qui attaquèrent mes sinus sensibilisés, mais aussitôt, les fortes fragrances de fleurs odorantes, et les doux parfums de plantes aromatiques, prirent le pas sur mon sens olfactif, étrangement éveillé à eux.
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Conséquemment, le verdoyant omniprésent des feuillages, me fit penser à tes yeux émeraudes lorsque tu me regardes de ce regard étincelant. Je crois que tu aimerais l'ambiance silencieuse qui y règne. Enveloppée ainsi de toute cette nature herbeuse, brute et qui empreinte la couleur de tes yeux. Je me plais à penser que tu y serais même bien plus à l'aise que moi. En fait, j'en suis totalement convaincu.
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Ulrant, jour 1.
Bunker Fédérés.
23ch41, 15°C.
Hygrométrie à 86%.
Bunker Fédérés.
23ch41, 15°C.
Hygrométrie à 86%.
L'incertitude commença à nous guetter, quant à savoir si traversée ou non il devait y avoir. Dans ce marécage vivant, qui sans cesse chuinta et bruissa, le smog épais s'illumina étrangement d'une lueur iridescente et jaunâtre. Nos scientifiques pensèrent que cela émana de spores, malgré cet intrigant éclat qui les rapprochèrent davantage d'une source lumineuse de type LED. Personnellement en ces lieux, cela me parut irréel. Finalement, nous nous figeâmes pour en étudier la réelle teneur et surtout la source. C'est alors qu'à quelques coudées de là, cinq silhouettes éthérées et aux épaulettes arrondies, bien caractéristiques de celles des [XXXXXXXX], apparurent derrière cette vapeur volatile pour nous faire pleinement face. Je soufflai alors à toute l'escouade, de baisser les armes, dès que j'eus la certitude qu'il venait bien [XXXXXXXX].
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Aussitôt que mon regard accrocha leur armure à la dorure certaine, de vieux souvenirs très lointains m'assaillirent par dizaines. Dont un particulièrement douloureux, avec le [XXXXXXXX]. Et plus récemment, [XXXXXXXX], aujourd'hui membre de [XXXXXXXX], avec lequel j'eus longuement échangé en toute courtoisie lors de leur dernière visite officielle. Les temps changent. Bien heureux est celui qui se saisit fermement à la barque du Temps, qui vogue en d'autres eaux. Quoiqu'il en fut, leur présence ici nous étonna tous. Mais après tout, ils auraient pu penser pareille chose de la nôtre.
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Une brève mais riche conversation s'entama alors. Ils nous informèrent de la situation aux alentours du [XXXXXXXX] et de la terrible nouvelle qui me fit serrer la gorge; Le [XXXXXXXX] est au prise, au cycle où j'écris ces mots, avec l'armée Fédérés. Un terrible siège le maintenait prisonnier d'un assaut total autour du [XXXXXXXX]. D'autres nouvelles furent de bien meilleures augures: les immondes [XXXXXXXX] semblaient se terrer quelque part. Les alliances se font et se défont. Cela résonna étrangement dans mon esprit, alors que des réflexions me poussèrent à questionner davantage. Mais je préférai taire ma curiosité. Enfin plus trivial, ils nous informèrent aussi que durant leurs patrouilles - là était la raison de leur présence, ils eurent rencontré plusieurs mutants, dont certains furent jetés dans le Cratère du S5. Visiblement bien fiers de leur manœuvre.
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Ma gorge resta nouée et toutes mes pensées allèrent à [XXXXXXXX]. Je souhaitai qu'il s'en sorte indemne de cette guerre asymétrique. Cependant les conseils bien avisés qu'ils nous eurent gracieusement offert, nous rassurèrent; Le passage à travers le marécage, fut donc une chose tout-à-fait possible et praticable. Après qu'ils eurent disparu de notre champ de vision comme ils nous furent apparus, nous nous jetâmes alors chacun à notre tour, moi le premier comme éclaireur, dans ces sombres eaux saumâtres. De ceux-ci se dégagèrent des relents atroces. Les douces senteurs laissèrent définitivement place aux miasmes acides. Ce qui me frappa rapidement c'était l'incroyable tiédeur de l'eau, presque douce et agréable contre mon corps si endolori par la longue marche. Bien que la profondeur varia entre le mètre soixante et soixante-dix, la traversée fut étonnamment calme, quoiqu'inquiétante par moment. Une sorte de lierre sous-marin, voulut s'entortiller tout autour de nos jambes et de nos cuisses. Il fallut accélérer nettement la cadence, puiser dans nos forces insoupçonnées, pour augmenter le rythme de la traversée et nous extirper définitivement de ces eaux visqueuses et sournoises.
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Au loin, à travers les surcouches smoggeuses, l'intermittent éclat bleuté qui ravit presque ma vue, m'éblouit et fit figer tout mon corps. À chacun des éclairs qui déchirèrent la quiétude du ciel nébuleux, mes tempes pulsèrent de tout mon afflux sanguin sous pression. L'adrénaline gorgea mes veines, excité par cette Nuit gluante et lézardée, alors que le Cri du tonnerre s'exprima pleinement sous nos têtes. En avant plan de ce décor nocturne, se dessina peu à peu la Cité en ruine, que je ne reconnus pas sous cette averse battante. Tout fut bien plus dévasté que par le passé. Ici aussi, le Déluge eut fait son office dans l'indifférence totale. Partout où porta mon regard, les pluies en abondances eurent lessivé de fond en comble toutes les rues et les esplanades à jamais désertées. Plus aucun immeuble n'eut d'allure. Ce fut à peine si certains tinrent encore debout, au vu de leurs fondations explosées. Leurs assises mêmes affleurèrent, tandis que tout le béton demeura en miettes. Je remarquai d'un œil distrait, quelques masures épargnées aux alentours.
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À mesure que nous nous enfonçâmes vers la grisâtre Cité de nos pas lourds couverts par l'orage tonitruant, il se dévoila sur le côté Est, et très nettement, la silhouette d'une rangée de bunkers grands formats. Celui qui se trouva à notre proximité immédiate, nous parut en bon état. Aussi, nous nous y fûmes tous précipités, bien à l'abri derrière sa lourde porte verrouillée. Néanmoins nous nous retrouvâmes tous trempé jusqu'aux os et éreinté par notre tortueux périple.
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Curiosité oblige, une fois l'endroit investi, mes compagnons prirent connaissance des lieux avec un certain intérêt, tandis que je me posai dans un coin, mutique, pour commencer la rédaction de quelques pages de mon rapport personnel et griffonner au passage, un petit croquis des lieux. L'intérieur du bunker respirait une certaine sérénité, à mon grand étonnement d'ailleurs. Nous nous sommes posés depuis quelques cycles maintenant et je n'entendais presque plus l'orage écharper le ciel. Hormis ces nitescentes lueurs farines. De l'extérieur, il filtrait à peine un son sourd. Et à travers les meurtrières, mon visage et mes mains tremblantes par le froid et l'adrénaline en abondance, prenaient des teintes bleuâtres à mesure que battait la tempête. Là, dans un coin douillet aménagé avec mon barda militaire, bien adossé contre le mur bétonné et néanmoins froid, je reprenais mes esprits tout en complétant mon carnet de voyage. D'ailleurs, le sommeil me guette et je dois être parfaitement reposé pour prendre mon tour de garde au cycle convenu. Veiller sur mes compagnons expéditionnaires, que rien ne leur arrive. J'espère que la nuit nous sera paisible et réparatrice.
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"Béni soit le Seigneur qui mène mes mains à la guerre et mes doigts au combat ; mon abnégation est ma forteresse ; ma foi est mon donjon. C'est sous Son Regard que je porte l'Imperium aux limites et aux confins des secteurs et de la civilisation. Il est mon Rempart et mon Refuge. Je suis Son Bouclier et Son Fusil".
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Ulrant, jour 2.
Campement Militaire.
17ch32, 14°C.
Hygrométrie à 77%.
Campement Militaire.
17ch32, 14°C.
Hygrométrie à 77%.
Je m'éveillai presque en forme, bien loin de la quiétude de mon paisible foyer. Pourtant la nuit fut bien courte, après avoir tenu mon tour de garde dans cet espace exiguë et anxiogène. Rien de particulier à relever durant cette nuit, hormis qu'elle fut couverte par les tumultes de la météo très capricieuse. Finalement, chacun s'éveilla sereinement et s'affaira studieusement de son côté, aux tâches qu'il lui incomba. On remarqua cependant à travers les meurtrières côté jungle, d'étranges mouvements furtifs de mutants d'un genre nouveau, en tout cas pour nous. Ils furent résolument bien différents des nôtres, qui pullulent en masse dans les sous-sols d'Emperor et aux alentours du Manoir Kender. Ceux-ci émirent d'intrigants sons gutturaux indéfinissables, à mon grand étonnement. Visiblement ils constituèrent la faune locale, de ce côté-ci du secteur.
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Dans la salle opposée aux dortoirs, une subite irruption radiophonique émana des Fédérés, annonçant en substance leur prochaine victoire sur le [XXXXXXXX]. Le [XXXXXXXX] était encore et toujours au prise avec les larbins d'Ahambar Collinn. Cela me coupa le moral tout net et mes compagnons expéditionnaires arborèrent la même mine renfrognée. Peut-être la blonde d'habitude souriante, que je sais secrètement amoureuse de [XXXXXXXX], afficha un visage plus sombre encore. Je la plaignis en sourdine, alors qu'à mon tour mes pensées fugaces me rappelèrent à mon épouse; tout aussi blonde et sautillante. Il est vrai, qu'elle me manque.
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Après cette séquence peu réjouissante, maître-nain s'extasia sur ce radio-émetteur. J'imagine qu'il y vit là tout un condensé de technologie. Rapidement il commença à le démonter pour l'analyser sous toutes ses coutures, voire le reprogrammer dans l'espoir de contacter le Primonatif et prévenir de l'assaut imminent qu'il encoure. Quant à moi il est vrai que tout cela me dépassa, aussi je m'en désintéressai pour aller trifouiller le matériel Fédérés derrière ladite salle. Là, tout un équipement militaire était soigneusement rangé dans des casiers prévus à cet effet. Dans un coin bien entreposées, je remarquai des boîtes empilées de gros calibre. Il y avait du 12.7 pour mitrailleuses lourdes et du 7.62 et du 5.56 standard pour fusils d'assaut. Divers équipements militaires aussi et des uniformes complets arborant les galons Fédérés.
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Le temps passa jusqu'au cycle où tout bascula très rapidement; nous nous figeâmes tous comme un seul homme, lorsque l'on frappa vigoureusement à la porte du bunker sous forme de code crypté. Une voix rauque et autoritaire déchira l'atmosphère. Elle sembla provenir d'un gradé de l'armée Fédérés, à juger à l'expression et au ton qu'il se permit d'employer. Dans la foulée, ladite voix nous intima l'ordre d'ouvrir sur-le-champ et de nous préparer au grand assaut de ce soir. Ce que l'on craignit tous. Sans perdre plus de temps, nous mîmes alors en place une stratégie pour nous diluer dans la masse en nous vêtant des uniformes Fédérés.
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Ainsi affublés et peu fringants il est vrai, nous nous présentâmes alors au chef du bataillon, qui nous repassa tous en revue. Je remarquai alors sur son torse bombé une étoile argentée, avec une certaine stupéfaction d'ailleurs. Un Commandant Fédérés ici, dans les tranchées et dans le bourbier Ulranite. L'affaire était sérieuse. Mais quelque part ce fut presque un honneur pour moi. Je ne pus me l'expliquer et je me devais de dissiper ces pensées. Peut-être fut-ce le fruit d'une déformation professionnelle ou un peu trop d'orthodoxie martiale. Toujours fut-il que du coin de l'oeil j'observai très attentivement, non sans un certain amusement, ma comparse Mitsuko, aussi droite que moi dans son garde-à-vous, devant ce haut gradé. Instinctif et viscéral, simplement. Mais l'occasion été rêvée pour avoir davantage d'indications, quant à "notre mission" pour infiltrer l'armée Fédérés. Ainsi, ma comparse de toujours, l'elfe taciturne et moi-même, fûmes attachés à la section du [XXXXXXXX].
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Notre escouade marranite fut dès lors morcelée en trois groupes distincts; le nôtre, celui de notre chef expéditionnaire et celui de l'inénarrable maître-nain. Secrètement je soufflai une prière à leur attention. Qu'Il les garde et nous garde aussi d'ailleurs, car nous sommes toujours sous Son Regard.
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Au sortir du bunker je vis que les militaires du rang de notre section furent déjà en formation serrée sur deux lignes. De mon côté, je cherchai ma place en tant que Sergent du [XXXXXXXX]. C'est alors que soudainement le Lieutenant en charge de notre unité, beugla ses instructions. Nous nous extirpâmes à peine de cette maudite tranchée engluée que nous nous enfonçâmes davantage dans les ruines de la Cité, en direction du Campement des Fédérés.
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Prenant place sur la première ligne, je me tins ostensiblement à côté du Lieutenant qui me salua rapidement. Je lui rendis le salut militaire. Il avait une certaine allure, lui, contrairement à ses hommes encrotés. De mon regard circulaire, je jaugeai mon unité dans son entièreté. Que ne fut pas ma surprise. Le constat fut cinglant. La plupart des militaires ici, étaient de véritables bleus, recrutés sur aucune base martiale solide. Voire aucune expérience au combat tout court. Après avoir croisé le regard sombre de Mitsuko, totalement à l'aise elle en tant que Caporal, mon regard se prolongea plus loin. Là, je vis un pauvre hère vomir toutes ses tripes, sur le bas-côté. Il arborait un visage blême, tordu par la frayeur, tandis que le Lieutenant et dans le plus grand des calmes, nous mettait sérieusement en garde contre les [XXXXXXXX]. Les fameux mutants locaux. De toute évidence, ils constituent une véritable plaie sur Ulrant. Quant à moi, j'étais tout aussi à l'aise que ma soeur d'arme.
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La traversée fut incroyablement rapide. À peine le sol graveleux de la Cité en ruine foulée, j'aperçus déjà aussitôt les faîtes des tentes poindre à l'horizon. Maintenant que j'y suis depuis plusieurs cycles dans ce campement -d'où j'ai commencé la rédaction de mon rapport journalier d'ailleurs- je peux enfin prendre toute la mesure de sa respectable taille. Il est vraiment impressionnant et l'organisation y est somme toute minutieuse. Les Fédérés s'activent tout autour de moi chacun vers ses diverses tâches. Ils nous prêtent, pour le moins, aucune importance. C'est que ce soir ils espèrent une très grande victoire en faisant capituler le [XXXXXXXX]. Tous ici parlent de bomber le [XXXXXXXX] avec une joie à peine dissimulée. Une victoire contre le symbole même de la résistance, conforterait durablement les sbires aux ordres d'ID 42. Le faire s'écrouler aurait donc un impact idéologique sans précédent, pour tout le secteur. Je peux même lire, malgré des visages anxieux, une certaine excitation dans leurs iris. Foutus Fédérés, nous devons saboter leur plan, coûte que coûte. Mes deux compagnons, quant à eux, sont à quelques coudées de moi. Aucun échange verbale, juste quelques œillades complices, pour partager une certaine inquiétude.
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Au loin, je peux remarquer les silhouettes de véhicules mécanisés. J'en avais déjà vu certains modèles auparavant; en l'occurrence les VAB dont je garde un souvenir amer. Mais ceux là-bas, bien plus imposants et surmontés de tourelles, sont une première pour moi. Ils semblent foncièrement bien plus blindé que les VAB de base. On dirait de gros canons montés sur plateforme mobile, elle-même équipée de plusieurs petites roues entrainées par une large bande métallique au grip certain. Quelle curiosité.
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Je dois prématurément interrompre la rédaction de mon rapport. Le Lieutenant et un Gus se présentent à nous. Visiblement nous allons constituer une équipe à nous cinq, au vu de l'attaque de ce soir.
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Ulrant, jour 2
Cockpit du char.
20ch14, 38°C.
Hygrométrie à 41%.
Cockpit du char.
20ch14, 38°C.
Hygrométrie à 41%.
Le Lieutenant se présenta à nous, étrangement moins haut dans les tours que précédemment. On eût dit qu'il était plus apaisé et plus confident avec nous. Il fut accompagné d'un Gus totalement mort de trouille, lui. Aucune présentation officielle de l'un ou de l'autre, cependant les protocoles militaires m'obligèrent à saluer le grade, ce que je fis naturellement. Il nous présenta notre véhicule de combat très succinctement, les fameux chars d'assaut surmontés d'imposantes tourelles. Le nôtre porte sur son profil un tag qui m'interpelle encore. "Sniper: Qui Vivra Verra". Cette maxime sembla être faite pour moi.
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Je suggérai au Lieutenant, notre compagnon elfe, comme sentinelle sur le haut de la tourelle avec la 12.7. Il accepta ma proposition, puis nous indiqua nos places respectives dans le compartiment exiguë sous la tourelle. Moi au ciblage et Mitsuko au chargement d'obus, une première pour nous deux, tandis que lui et son Gus blafard se placèrent devant nous en qualité de pilote et commandant. Je pris connaissance du système de visée, somme toute assez complexe. Néanmoins mon instinct militaire m'aida à m'y retrouver. À mon grand étonnement, je devinai les commandes et autres leviers qui me tombèrent naturellement sous les mains. Les indications ne furent pas de trop sur les boutons à presser, alors que je visualisai le tout, concentré.
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Le départ était imminent. Le Lieutenant ordonna au Gus d'allumer les moteurs, tandis que tout autour de nous, le vacarme se fit presque insoutenable. Mes oreilles sifflèrent, saturées par le bruit intense des moteurs en action. Les chars Fédérés chargés de mort, filèrent déjà à toute vitesse vers le [XXXXXXXX] pour le flanquer. La guerre commença.
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Paradoxalement, je reste plutôt serein à côté de ma comparse mutique. Je n'ai pas peur, mais tout mon corps tremble d'un invraisemblable frémissement. L'excès d'adrénaline peut-être qui me met dans cet état frénétique. Avant que je ne cesse la rédaction de mon carnet journalier, j'ai lancé quelques regards vers elle. Son expression semble dubitative. Serait-elle perdue de son côté, avec tous ces obus au liseré coloré? Ceci étant, il nous faut partir à présent. Tous les chars autour de nous se meuvent et nous sommes les derniers encore à la traine. Le Gus finalement à son tour démarre le nôtre. Nous voilà donc en direction de l'Ouest vers le [XXXXXXXX], et la Cité en ruine défile déjà à toute vitesse.
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Grand Extérieur, jour 3.
Cockpit du Char.
12ch06, 34°C.
Hygrométrie à 75%.
Cockpit du Char.
12ch06, 34°C.
Hygrométrie à 75%.
Il n'eut suffi que d'un long sifflement, caractéristique d'un obus en approche à toute vitesse, suivi d'une déflagration, pour nous stopper net dans notre progression. En réalité, nous continuâmes à dériver très profondément vers l'Ouest lointain, bien au-delà de la zone circonscrite au [XXXXXXXX]. Conséquemment, le Gus -qui était notre pilote- décéda sur le coup, laissant les commandes du char sans manoeuvre quelconque. Quant à l'elfe, au Lieutenant et à moi-même, grièvement blessés par le contrecoup, perdîmes tous les trois connaissance dans cette riposte musclée et soudaine.
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Quelques cycles avant, dans une bataille qui fit rage au coeur de cette nuit écarlate, nous eûmes pourtant fait mouche à plusieurs reprises. Non pas sur les tours défensives de l'immense bâtiment du [XXXXXXXX], mais bien sur les chars Fédérés, massés tout autour de lui. J'en alignai deux coup sur coup, avec le concours de ma comparse; le choix des obus fut judicieux pour mettre hors d'état de nuire ces gros véhicules au blindage quasi impénétrable. Quant à notre sentinelle elfique, toujours juché sur le haut de la tourelle, il s'amusa à perforer les quelques [XXXXXXXX] qui s'approchèrent impunément de notre véhicule lourd, lancé à toute vitesse. J'entendis même, malgré l'épaisseur du blindage, les os écrasés et le staccato impitoyable et continu de la 12.7, qui déchira les tissus dégénérés de ces mutants en furie.
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Je m'éveillai dans l'espace étroit de la tourelle, avec une vive douleur qui me prît sur le côté gauche de l'abdomen. J'hurlai à tue-tête, pris par des spasmes nerveux. Des éclats d'obus m'écorchèrent profondément le flanc, laissant mon corps meurtri et groggy. La première chose que je vis en m'éveillant, ce fut ce visage asiatique que je reconnus entre mille; ferme, martial et aux petites prunelles sombres. Mitsuko s'enquit de mon état tout en me prodiguant les premiers soins, du mieux qu'elle put. J'avisai mes mains badigeonnées de ma propre hémoglobine, alors que j'étais encore sous le choc, entre vie et mort. Une fois l'hémorragie stoppée via de grosses compresses, l'injection de plasma et la prise d'antalgique faits, Mitsuko nous fit un résumé succinct de la situation critique dans laquelle nous nous trouvions. Seuls survivants de l'attaque nocturne, nous n'aurons aucun renfort. Le Centre de Commandement Fédérés nous laisse donc face à notre destin, perdu probablement dans la banlieue de DreadCast.
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Après avoir essuyé l'obus de plein fouet, nous eûmes dérivé très lointainement jusqu'à sortir de la ville de DreadCast, à travers la brèche du mur ouest d'Ulrant. De toute évidence, ils nous apparaît que nous nous trouvons en plein dans le Grand Extérieur. J'imagine que la situation n'est pas aussi critique qu'elle aurait pu être. Nous avons évité la jungle mortelle qui [XXXXXXXX]. L'étrange [XXXXXXXX]. Cette barrière biologique nous aurait tous foudroyé sur place. Maintenant il faut que nous nous reposions, particulièrement moi au vu de mon état. D'ailleurs l'elfe et le Lieutenant semblent être en meilleure posture. Aussi, il faut que je me ressaisisse et que je m'extrais de cette maudite jungle. Parfois je me questionne; que suis-je venu faire ici, loin de mon secteur? En guise de dégâts collatéraux, je me retrouve à moitié charcuté dans un infâme bourbier sans nom. Je suis pris dans une guerre qui n'est point la mienne. Du repos physique et mental. Voilà ce qu'il me faut, là, maintenant. Le compartiment étroit de la tourelle est inconfortable, mais il faudra faire avec.
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Hors de DreadCast, jour 3.
Campement de fortune.
23ch11, 28°C.
Hygrométrie à 81%.
Campement de fortune.
23ch11, 28°C.
Hygrométrie à 81%.
Après un repos salvateur, nous nous hissâmes hors de notre char éventré, via les écoutilles auxiliaires, tombant ainsi pleinement et de pied ferme dans l'immensité herbeuse de cette fastueuse jungle. Il est vrai qu'en comparaison, celle d'Ulrant n'est qu'un bien modeste petit jardin de délassement. Un petit parc de promenade. Subjugués par sa beauté muette, presque ensorcelés, nous gardâmes longuement le silence pour mieux nous imprégner de ce nouveau monde qui s'ouvrit à nous. Sans nous perdre en palabre, nous empruntâmes rapidement le chemin inverse, vers la brèche d'Ulrant. Impossible de distinguer quoi que ce soit à travers le feuillage épais et dru de la végétation Keplerienne. Partout où mes yeux portèrent, des espèces bien singulières d'arbre que je n'avais jamais vu encore, semblèrent se mouvoir et osciller sur place pour nous hypnotiser. Les cimes de certains d'entre eux, dépassèrent même très largement la limite du smog dense, tandis que d'autres, tout filiformes et tordus, atteignirent des hauteurs vertigineuses. Chemin faisant, devant moi je buttai continuellement contre une barrière feuillue et épineuse, quasi impénétrable et dont ma machette eut du mal à en venir à bout. La jungle est vivante, mais ce qui se dissimule en son sein, est pire encore.
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Il m'apparut clair que je foulai des territoires encore inconnus et vierges. Ironiquement, j'avais toujours voulu voir l'extérieur. Observer Kepler, au-delà de nos murs protecteurs et fouler ses contrées mystérieuses remplies de leurs propres histoires, qui fascinent tant les Hommes. C'était une sorte de rêve pour moi. Cette attraction irrésistible est dans mes gênes, dans le sang qui coule dans mes veines. Mais je m'imaginais explorer ces terres en de meilleures conditions et circonstances. Depuis, j'ai mûri sur cette question. Et avec mon expérience, je sais que l'exploration est une discipline des plus sérieuses. Ce n'est pas une affaire de rêve ou de lubie. L'extérieur brut et sauvage est certes un terrain dangereux, où l'on risque d'y perdre la vie définitivement, à tout instant. Mais elle a ceci de salvateur; on grandit à son contact et on se surpasse incroyablement. À contrario, demeurer en ville, nous rend bête et puéril. Il suffit de voir les nombreux déchets non-finis que Thallys répand régulièrement sur Marran et surtout Orion. Entre les deux, mon coeur ne balance point.
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Curieusement, les bruits de fond ne furent pas si inquiétants que cela, au début. À peine plus bourdonnant et sifflant que ceux d'Ulrant. Mais je me fis la réflexion que c'était précisément là que se dissimulait l'ennemi mortel; Une confiance trop excessive en la nature sauvage, que l'on foule de son pied en exultant plein de gloriole. Sur ses entrefaites, les premiers ennuis se manifestèrent comme par hasard. Les branchages alentours bruissèrent peu à peu, jusqu'à nous tirer de notre émerveillement latent. Une sorte d'animal longiligne aux corps écailleux et à la circonférence épaisse, nous débusqua dans les feuillages sombres. Après quelques cyclo-secondes à tournoyer autour de nous, il présenta enfin son immense gueule béante en apparaissant de derrière un bosquet. Ainsi je découvris, avec les autres, sa dentition fournie, dont deux immenses crocs se rétractèrent ostensiblement, en guise de présentation. Aussitôt, il s'éleva de toute sa stature imposante jusqu'à notre hauteur pour nous intimider. Il resta ainsi malgré son long corps serpentin, quoique fortement musculeux. Ses pupilles jaunâtres en fente qui me fixèrent, jetèrent presque l'effroi au fond de mon âme, l'ombre d'un instant furtif. Je me ressaisis et dans l'intervalle, j'ouvris le feu à bout-portant avec l'elfe à mes côtés, tandis que ma comparse s'essaya au katana sur le dur de sa peau écailleuse.
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Énervé par nos attaques simultanées, le [XXXXXXXX] tourna sa gueule d'envergure vers nous, et nous percuta violemment pour nous balayer au loin, moi et l'elfe. Je pris un envol de plusieurs mètres avant de m'échouer sur un talus. Sonné, mais toujours conscient et apte au combat, je tentai de me relever pour empoigner à nouveau mes Azmats. Ma cible était déjà sur nous et dans la foulée, elle tenta de nous emprisonner en se tortillant frénétiquement autour de nous, formant ainsi un gigantesque cocon de chair. Nous tirâmes de toute notre puissance de feu, tandis qu'à l'extérieur, encore une fois en parfaite synchronicité, ma comparse à la lame légère, taillada l'ignoble créature ondoyante, jusqu'à la faire fuir au loin, dans son incommensurable territoire sauvage. Les plaies ouvertes, le [XXXXXXXX] disparut à vitesse surprenante. En fuite, il continua de geindre à travers la vaste forêt hostile, alors que les échos réverbérés et distordus, nous parvinrent encore longtemps après.
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Il fallut plusieurs cyclo-minutes pour nous remettre de cette assaut, où nous eûmes réchappé de peu à une mort violente. Une rasade d'eau, c'était tout ce que je désirai et lorsque qu'elle fut prise, la tension dans mon corps baissa d'un cran, tel un réconfort insoupçonné. Sans trainer davantage, nous continuâmes ensuite vers notre destination, en suivant toujours notre itinéraire à l'aide de notre boussole. Le décor en arrière plan, fait à dominante de vert et de marron, nous parut vivant, comme si nous eûmes été envoûtés par les diverses émanations des fleurs exogènes. En d'autre circonstance, c'eusse été un repos réel pour le corps et l'âme, mais mon instinct veilla sur moi et me tint en alerte, parce que la forêt veut notre mort.
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Nous poursuivîmes notre exploration au court de laquelle nous eûmes un peu de répit. Quelques cycles de balade relativement tranquille et sans encombre, à tailler de nos machettes à travers la grasse jungle luxuriante. Mais très vite, ces précieux cycles de calme furent perturbés à nouveau, par de suspicieux bruits dans les feuillages et en hauteur. Mes yeux accrochèrent des silhouettes qui traversèrent à toute vitesse, et à environ trois ou quatre mètres au dessus de nos têtes. Rapidement, j'en distinguai un qui sembla s'approcher dangereusement du Lieutenant, pour le happer de ses longues pattes effilées et crochues. L'alerte fut donnée et aussitôt, tous à l'unisson, nous ouvrîmes feu sur l'espèce d'insecte géant tout verdâtre et tortillant. Heureusement pour le Lieutenant, totalement figé sur place par l'incompréhension de la situation, la bestiole en suspension fut déchiquetée par nos tirs soutenus. Notre entreprise fut plus expéditive que pour l'autre créature vorace. Une fois le périmètre sécurisé, je m'approchai davantage pour mieux distinguer à quel exogène nous avions eu alors affaire; c'était un [XXXXXXXX] de belle taille. Je n'en avais jamais encore vu. Et dire qu'il existe dans ces infinies contrées, de bien plus terribles créatures. Je me souviens que mes mains tremblèrent à cette simple réflexion. La pression est terrible Dehors. Mais il fallait avancer, ce que nous fîmes.
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Nous avançâmes sans relâche en écartant les ramures intempestives, qui se mirent sur notre route. On remarqua alors que la jungle dense, devint plus clairsemée. De toute évidence, nous sortîmes progressivement de celle-ci pour arriver dans ce qui nous apparut être une vaste plaine, où le smog épais recouvrit à nouveau légèrement la voûte sous nos têtes. Nous pénétrâmes plus avant dans cette clairière spacieuse, tandis que tout alentour, se dressa de manière fière et impétueuse la jungle Keplerienne. Nous étions enfin bel et bien sortis de cet enfer vert, mais pas forcément tiré d'affaire pour autant. La plaine prit rapidement en degré, pour nous servir une pente sur plusieurs dizaines de mètres, ce qui nous acheva physiquement. Profitant de cet arrêt imposé, le Lieutenant sortit une carte détaillée, que je m'empressai d'étudier. Il tenta de s'y repérer, alors que nous suggérâmes des possibilités de campement sur cette plaine, où la visibilité périphérique nous parut intéressante. Il fut décidé d'établir notre bivouac sur un point culminant, avec des branchages récupérables à l'orée de la jungle. Et une tranchée fut creusée grâce à nos pelles militaires, pour plus de sécurité pendant la nuit. Le reste de notre barda, servit à monter nos tentes et nos couchettes respectives. Après avoir durement pelleté le sol et tailladé des branches pour les nettoyer, nous pûmes nous reposer enfin dans notre abris de fortune.
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Près du feu Prométhéen, nous prîmes le temps de nous réchauffer et de nous sustenter, pour reprendre un peu de nos forces. Puis, à la nuit tombée, le Lieutenant nous parla des fameux [XXXXXXXX], qui se trouveraient à une journée de marche de là. Une sorte de légende locale. Il paraît qu'on y trouve des [XXXXXXXX], sans que la lumière ne les touche. C'est alors que l'elfe se pencha vers moi et me souffla qu'en réalité il s'agissait du "[XXXXXXXX]". Ceux bâtis à l'origine, pour transformer l'atmosphère de tout Kepler. Les prétendus [XXXXXXXX]. Une sorte d'énergie en puissance, confinée dans ces [XXXXXXXX]. Les [XXXXXXXX] en seraient tout infesté d'après les rumeurs. Il nous donna aussi des nouvelles de Talion; un infâme [XXXXXXXX]. Le secteur tout entier est défiguré par [XXXXXXXX] et la crise hydrique n'aurait rien arrangé à l'affaire. Enfin, il nous conta un peu de son histoire et de ses nombreuses pérégrinations jusqu'à être enrôlé dans l'armée Fédérés. Une histoire incroyable. Les autres continuèrent à discuter encore un peu, ce qui me permis de changer mon pansement imbibé de sang. La blessure était vraiment sérieuse, je l'avais presque minimisé avec le cocktail d'antidouleurs que je me suis envoyé. Une fois fait, je commençai enfin à griffonner nos mésaventures subi dans cette jungle. La fatigue me guetta très vite, il me fallait à présent me reposer et me préparer à assumer mon tour de garde.
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"Faites que cette nuit sous Son Regard, nous soit calme et réparatrice."
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Ulrant, jour 4.
Retour au Campement Fédérés.
15ch43, 19°C.
Hygrométrie à 37%.
Retour au Campement Fédérés.
15ch43, 19°C.
Hygrométrie à 37%.
Toute la nuit, je crus entendre de lugubres hululements, à quelques coudées à peine de notre campement de fortune. Des chuintements parfois imperceptibles, mais souvent indescriptibles. Ils me firent sortir à plusieurs reprises de mon sommeil léger. Dans la nuit noire ensmogguée, j'aperçus même des silhouettes de quadripède se mouvoir à la lisière de la jungle. Exténué, je restai malgré tout sur le qui-vive, même après mon cycle de garde, avec mes armes de poing toujours à portée de main. Il faut dire que le bleuté halluciné qui filtra à travers les arbres telle une lueur psychédélique, me fit penser à un vieux cauchemar que je fis. C'était d'ailleurs en pleine exploration, quelque part dans le Grand Extérieur, où j'étais au prise avec un étrange gaz colloïdal. Un gaz bleuté chargé de je ne sais quoi, et qui vous fait tordre de douleur et d'agonie, tandis qu'il s'insinue par tous vos pores pour vous ronger de l'intérieur. Quelle horrible nuit, au milieu de nulle part. L'atmosphère toute entière fut oppressante et électrique. Dans ma couchette au fond de la tranchée, je tremblai sans contrôler le moindre de mes muscles; l'excès d'adrénaline encore, qui pulsa dans mes veines. Mes nerfs furent mis à rude épreuve depuis le début de notre voyage. Cette nuit, fut-elle l'acmé de celui-ci? Rien de moins sûr.
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Levés de bon cycle, nous ne traînâmes pas outre mesure dans cette plaine bien trop surexposée à notre goût. Ulrant se trouva encore à de longs cycles de marche, alors que dans nos esprits nous assumions déjà le fait d'être vraiment perdus. Barda enfin rangé, nous levâmes rapidement le camp en direction de l'Est, vers la jungle naissante. Nous arrivâmes dans un sous-bois à la végétation très peu dense. À peine quelques troncs d'arbres éparpillés ici et là et quelques lianes en suspension. Le sol fut jonché de racines, et d'un impressionnant tapis de feuilles mortes et de branches arrachées en tout genre. Je pris acte du sinistre lieu, dont l'ambiance changea résolument de celle de la jungle foisonnante. C'est alors que le Lieutenant s'exclama concernant une hypothétique apparition, ce qui me fit sortir de mon calme martial, car je ne vis absolument rien autour de nous. Des bruits de craquement commencèrent à se manifester, à ma droite, à ma gauche, finalement presque partout autour de nous. Une profonde respiration suivi d'une voix rauque, nous mit un coup de pression, nous pétrifiant littéralement sur place, alors que le mystère demeura encore.
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Je cherchai de mon regard notre interlocuteur invisible. Ce que je vis en tournant la tête, m'impressionna profondément; une créatures de bois et de feuilles, se présenta poliment à nous de sa voix caverneuse. Il craqua de toute sa stature en se mettant plus en évidence, en se décalant nettement des arbres alentours. Recouvert d'écorce sur tout son corps végétal, je distinguai à peine une paire d'yeux sombres, derrière cette écorce épaisse. Il nous observa avant de continuer à converser très lentement et calmement. De toute évidence perspicace, il nous indiqua la direction pour retourner sur Ulrant. Nous étions sur la bonne voie, ce qui nous rassura. Il jaugea nos regards, dans lesquels il put y lire certainement de l'émerveillement et de la curiosité. La conversation se fit naturellement, il nous mit ainsi en confiance en nous narrant quelques histoires locales fort intéressantes. C'est ainsi que des sujets tels que les fameux [XXXXXXXX] et le Calver Terrarium ont été évoqués avec lui.
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Chemin faisant -car il nous accompagna gracieusement dans notre périple- je le questionnai sur d'éventuels dangers imminents, aux abords de DreadCast. Sa réponse nous glaça le sang; un mal qui naquît dans le sud lointain, contaminant tout sur son passage, ferait tordre les Hommes de douleurs à son contact, en les changeant en monstre. Aujourd'hui ce danger serait présent un peu partout dans cette jungle. Ce qu'il tenta de nous faire comprendre avec sa locution lente et hachée, c'est que les exogènes ne sont pas la pire chose que l'on puisse rencontrer aux abords des murs extérieurs. Il continua à évoquer un tas de choses cryptiques, qui m'interpellèrent à plusieurs reprises. Peut-être que le Nexus est déployé dans la zone de la [XXXXXXXX]. Et puis quand était-il de "La Tour" associée au nom "d'Imponite"? Tout cela resta plus ou moins flou dans mon esprit, cependant nous n'eûmes pas eu le temps de le questionner davantage, car nous arrivions à la brèche.
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Là, il nous salua respectueusement en réitérant ses mises en garde, quant aux dangers qui nous guettèrent. Puis comme il nous était apparu, il disparut dans cette immense étendue vert sombre. Ses craquements caractéristiques, se firent entendre quelques cyclo-minutes après nous avoir quitté. de notre côté, nous passâmes la fameuse brèche et nous pûmes enfin reposer pied sur Ulrant. Le smog épais nous accueillit. Tel un linceul blanc-gris, il nous recouvrit silencieusement. Au fond de moi, cela m'apaisa étrangement. Je renouai avec ce que je connaissais et la tension qui traversa tout mon corps ces deux dernières journées, baissa mystérieusement, d'un coup d'un seul. Je ne sentis plus aucune angoisse viscérale, ni de gorge nouée, si ce ne fut une méfiance immédiate à l'environnement hostile. Mais plus aucune peur mystifiée.
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Au pied des murailles, le calme fut impérial. Aussi, nous profitâmes pour prendre un peu de repos. Cette accalmie nous permit de nous désaltérer et de consommer quelques rations en vue de reprendre la route en meilleur état. A bien nous regarder, nous fûmes comme des "Stalkers pique-niquant au bord du chemin". Mais le Lieutenant mis rapidement fin à cette petite halte, en nous indiqua la route à suivre après avoir longuement consulté sa carte. On fila au pas de course en direction du [XXXXXXXX], tout en évitant soigneusement son périmètre proche. A peine sa silhouette se détacha de l'horizon à travers les volutes grisâtres de plus en plus épaisses, qu'une pointe au coeur me pris. Toujours le même constat; il est bien plus imposant que le Militarium.
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Aux environs du [XXXXXXXX], nous entrâmes au coeur du champ de bataille, qui fit rage deux jours plutôt. Nous fûmes les quatre seuls rescapés de cette insensée boucherie humaine. Tant de morts pour qui et pour quoi? Partout autour de moi, des cadavres calcinés et éventrés, jonchèrent le sol boueux et nivelé par le passage incessant des chars Fédérés. Impossible d'éviter cette horreur. Où que je portai mon regard, je vis des bras et des jambes éclatés. Je vis même des têtes et des torses affreusement mutilés. Au milieu de tout ça, pas un seul char fonctionnel. Tous furent mis littéralement en pièces détachées, voire explosés sur place. Comment pouvons-nous être capable de telles atrocités? Et comment pouvons-nous être meilleur après de tels actes commis?
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Nous quittâmes l'enfer du [XXXXXXXX] tout en évitant précautionneusement la zone du centre-ville, où les [XXXXXXXX] sévissent en masse. Malgré notre grande fatigue, la route se fit toujours à un rythme soutenu et en formation serrée. Le décor défila sur plusieurs ruines indistinctes, dont une en particulier m'interpella, car je vis le Lieutenant y jeter un œil intéressé. Elle eut l'aspect d'une très vieille caserne, peut-être un ancien avant-poste Fédérés. Le Campement, le vrai, n'était qu'à quelques kilomètres à peine, que déjà nous croisâmes des petites escouades Fédérés qui patrouillèrent dans la région. Nous ne tardâmes pas à regagner le Campement Fédérés, qui me parut fortement dépeuplé qu'auparavant. Plus aucun char ne stationna à proximité des hangars. Cependant et aussi incroyable que cela puisse paraître, je fus totalement calme et serein dès l'instant où je foulai le sol du Campement. Je me retrouvai presque dans mon élément naturel, aux milieux de ces quelques militaires Fédérés. Le Lieutenant nous invita à nous reposer quelques cycles, après ce long épisode éreintant. Mais avant de nous quitter, il nous rappela qu'il nous présentera au Général Oskar de Montbui.
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Pendant tout ce temps, je mis d'abord mon rapport à jour, puis la carte de la région. Énormément d'éléments furent ajoutés à celle-ci. Mon ancienne carte était devenue presque obsolète. Par la suite, j'entrepris de nettoyer mes armes et mon équipement militaire. Je réorganisai mon barda, quelque peu dérangé au court de notre péril dans la jungle Keplerienne. Une fois fait, le Lieutenant -entre temps devenu Capitaine- se représenta à nous, avec ce que je devinai être le Général à ses côtés. Épaulettes dorées, uniforme strict, l'homme imposa sa stature martiale, comme rarement j'eus l'occasion de le voir. Je le saluai immédiatement d'un garde-à-vous rigoureux en ordonnant à mes compagnons d'observer le geste à leur tour. Le haut gradé Fédérés nous renouvela ses chaleureuses félicitations et après une petite conversation, il nous décerna la plus haute distinction militaire; la médaille "Pour Ulrant".
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A présent il nous fallut dormir quelques cycles et regagner d'une manière ou d'une autre, le nord du secteur en vue de notre retour. Par chance, le Capitaine nous proposa de le suivre justement au nord, vers les bunkers, ce que nous acceptâmes évidemment. Une activité marranite fut détectée dans la zone. C'était très certainement les nôtres qui regagnèrent le marécage. L'occasion de reconstituer notre groupe se présenta, et il fallait la saisir coûte que coûte. Le départ fut donc acté. Nous partirons tous les quatre dans quelques cycles. Ce sera sûrement ma dernière note concernant cette incroyable odyssée. J'espère que nous regagnerons sains et saufs et tous ensemble, notre secteur. Qu'Il nous garde. Et qui vivra verra.
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Mais l'histoire se répète, car elle est terriblement cynique et vicieuse. Elle se repaît des sempiternels déboires des Hommes avec un plaisir obscène. Le lendemain de bon cycle, à peine sont-ils sortis du campement militaire, en direction du marécage pour regagner le nord du secteur, voilà qu'ils tombent nez-à-nez avec un barrage de la XXXXXXXX]. Une institution qui semble faire office d'Inquisition sur tout le secteur d'Ulrant. Ils demandent à la petite escouade, bien trop pressée à leur goût car sur le retour, de s'authentifier en déclinant leur nom et leur matricule. Le militaire se laisse tenter par un artifice audacieux; il se présente sous son grade de Sergent du [XXXXXXXX], ainsi que son nom d'emprunt "Caz Hévoula". Enfin il décline son faux matricule, bien trop sûr de lui.
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Mais la martingale ne passe pas. Mis de côté avec sa comparse, qui a eu la même brillante idée, il est virulemment pris à partie par le gradé de la [XXXXXXXX]. Le ton monte très vite. Le Capitaine [XXXXXXXX], a d'abord temporisé à plusieurs reprises, en les présentant comme des héros de guerre de la 3e Division de Défense, récompensés de la médaille "Pour Ulrant", remise par le Général Oskar de Montbui en personne. La plus haute distinction honorifique, pour un militaire Fédérés. Mais l'intransigeante [XXXXXXXX] ne l'entend absolument pas de cette oreille. Les marranites sont bel et bien démasqués et pour la [XXXXXXXX], la sentence pour des traitres infiltrés, c'est l'exécution sur-le-champ. [XXXXXXXX] s'interpose finalement en les braquant, au grand étonnement du brun et de ses compagnons.
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S'ensuit alors une violente fusillade. Les échauffourées se poursuivent, alors que le militaire et ses compagnons ripostent, puis se replient derrière des ruines, bien à l'abris des balles qui fusent. L'elfe et le brun sont grièvement touchés. L'un s'écroule directement, l'autre rampe avec plusieurs balles logées dans le corps.
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Plus loin ses pas s'alourdissent, et au sol ses genoux glissent.
Ses forces le quittent, des milliers de spasmes l'envahissent.
Son cœur s'est tu, son corps abrite de nombreuses balles perdues.
Il sue de partout, il tend l'oreille mais plus de bruits de la cohue.
La mort l'a fauché, mais il n'entend point la cuve s'activer.
Il veut s'accrocher, mais c'est trop tard, il a été coché.
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L'asiatique et le Capitaine, le tirent derrière un mur délabré, mais ses jours sont définitivement comptés. Mitsuko pose alors sa main gantée sur son épaule et le rassure.
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Mitsuko: Courage Casey, ça ira, nous rentrerons tous sur Marran. Tous.
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Casey: Je ne peux... plus avancer... Mon corps... est disloqué... Faites ça vite.
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Mitsuko: J'ai compris...
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Casey: Qui vivra verra, n'est-ce pas, Mitsuko?
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Mitsuko: Et nous verrons, je vous l'assure.
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Ni commencement, ni fin, bien au contraire.
23 Juillet 2021
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Edwige (21☆)
Businelfe
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