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¥ - Le Premier Clone

« Vous êtes condamnée à la Peine de Vie, 70298 »

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On m'avait parlé de l'après-clonage. Le mal de crâne qui tambourine les tempes et perturbe les pensées, la sensation de faiblesse qui ralentit le corps et l'esprit ; réminiscence d'une défaite trop récente pour être oubliée. Ils affirmaient, pourtant, que ce n'était pas grand-chose. Ils affirmaient, qu'après la première, celle d'après, et toutes les autres, que l'on s'y faisait à la longue. Clone après clone, mort après mort, il arrivait un moment où le : « Je ne veux pas mourir » devenait « Ce n'est rien de mourir ». C'était une sorte d'abandon, je crois. Une défaite de plus pour l'Humanité, face à son Bastion. Une solution de facilité bien trop usée, qui détruisait toute pugnacité.

Je n'étais pas de ces gens-là. Malheureusement, peut-être. Après tout, accepter était toujours plus simple que de refuser. C'était surement de la fierté mal placée. Un trop-plein d'estime de soi-même qui un jour, débordé, me mènera à la perte. Mais il en avait été décidé ainsi, lors de mon émancipation, que jamais je ne ploierai. J'étais astreinte à vouloir vivre. À refuser la mort, pour le salut de mon Humanité. Et je n'avais pas peur d'elle ; pas entre nos Murs, du moins. La défaite, éternelle et amère, m'apparaissait bien plus terrifiante.

On ne m'avait jamais parlé de l'avant clonage, cependant. Le moment fatidique, où la respiration est retenue, les muscles tendus ; où l'on sent la lame fendre l'air, sans la voir, le temps de quelques secondes. Où l'on connaît sa destination, mais qu'on ne peut pas l'empêcher de l'atteindre. Je sentais mon sang suinter de mes plaies pour s'exfiltrer hors de mon armure. Je le voyais s'épandre sur le sol pour m'entourer, comme s'il voulait laisser savoir à tous, qu'ici, j'avais échoué. Pourtant, j'étais contrainte de garder la tête haute, le dos droit. Animal blessé mais pas encore abattu, je savais la fin proche mais refusais de m'y résigner. Et avant que je ne m'en rende compte, l'épée vint alors cueillir ma nuque et trancher mon derme, un coup brutal et vif qui signa la fin de ce premier clone.

C'est Dame Fierté, qui a le plus souffert, finalement. À l'abri, au sommet de sa tour, elle pensait être intouchable, invincible ; se permettant même de juger les Autres depuis le haut de son perchoir. Les Hommes étaient venus lui rappeler qu'elle était atteignable. Fouaillée en bas de son estrade, elle en avait pris pour son grade, la Dame. Assez pour la faire enrager, tout bas, à l'abri des regards victorieux. C'est meurtrie, qu'elle remonta les marches de son donjon, lueur enflammée dans les yeux, plus incisive que jamais. Plus rebellée que jamais.

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05 Décembre 2020
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