EDC de 68398

Du carrefour parviennent des odeurs de fritures. Le smog emporte ce parfum plus bas à travers les grilles des égouts. Passé le coin de la rue, on distingue à travers le léger brouillard les néons clignotant du club. La chaude réputation du lieu et la forte odeur d'huile bouillante qui en émane semble indiquer qu'un événement festif s'y produit ou se prépare.

De l'autre coté du bloc, descend un groupe d'androïdes, affichant des tenues grisâtres et un empressement qui laisse penser qu'ils viennent de s'évader de la prison du secteur.

Longeant les murs, maintenant viennent les rejoindre, depuis une ruelle, un couple formé d'un outrilien et d'une gnoll. Tous deux portent des masques de chauve souris, des capes et combinaisons sombres, des gants et des chausses griffus. Ils se mêlent au groupe fermant la marche.

A la traversée d'un passage sur les clous, les six s'arrêtent net, et tous portent leur regard vers une troll dégoulinante de sueur, traînant par une chaîne un petit rat à trois pattes qui s'étrangle par son lien. La bête semble ne pas obéir aux injonctions de sa maîtresse, qui, apercevant le groupe, lève son poing en guise de salutation, imprimant le smog de l'odeur de sa transpiration. De ce geste elle décolle l'animal du sol, qui, décrivant une trajectoire parabolique dans les airs revient s'écraser aux pieds nues de sa geôlière.

Tels un seul, les quatre humanoïdes aux polos numérotés lèvent leur mains en retour. Les deux personnages restés en retrait, imitent ce geste de ralliement.

Se rejoignant, tous sillonnent alors la chaussée, en direction du proche TCast. De là, apparaissent à travers la brume, sept petits rondouillards aux barbes taillées, cintrés de syncuir, des armoiries clef de trente et marteau croisés épinglées dans le dos. Arborant des bandanas fauves, ils ajustent leurs cols et repoussent sur leurs longs appendices des paires identiques de binocles Rezo. L'un d'eux écarte les autres qui l'entourent, et tend sa main à une silhouette féminine qui remonte les marches d'entrées sorties du Fax. Couronnée d'un diadème, et vêtue d'une robe translucide qui la découvre, cette dernière empoigne l'avant bras tendu, puis sans mot dire, allonge une jambe couverte de duvet en direction de l'immeuble d'où provient une basse vibration musicale.

Le groupe entier mené par la matriarche s'arrête devant le perron. L'un des nain libère la doyenne de sa chaîne, et enroule celle-ci autour d'un réverbère pour y attacher son rat.

Les rejoignent aussitôt, comme jusqu'ici tapie dans le smog une personne au déhanché chaloupé. Elle marche dans des bottes trop grandes, une robe à fleurs trop courte, un mini shirt, et affiche ostensiblement une pierre factice brillante à son nombril. Du rimmel vert couvre le pourtour de ses yeux jaunes. Une mèche rebelle orange couvre un côté de son crane rasé. Grimaçante de joie, elle lance un salut général, et approche ses doigts du rat pour lui donner une caresse sur les flancs.

La porte s'ouvre alors, et s'en échappent vers l'extérieur une vague de chaleur et une mélodie tambourinante. Le visage porcin d'un orc grimé et coiffé en pirate les accueille d'un air affable. La colonne se fraye un chemin vers l'intérieur et la porte qui se referme sur la rue désertée laisse le rat déchirer le smog d'un cri rageur emprunt de liberté.