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XXI. Cor contritum est melius
- Cor contritum est melius -
Un jour de l'an 335.... Marran....
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Tant d'années sont passées. Il est parfois difficile de se retrouver, de trouver son chemin dans les méandres d'un monde qui a tout d'hostile. La guerre, la confrontation, les secteurs, les desseins voilés. On croise des gens d'abord sympathiques, ils se présentent à vous avec toutes les meilleures intentions de ce monde de despotes. Une promesse tendue comme une rose, les premiers jours elle resplendie, les suivants; elle se flétrie. On en découvre souvent les envers, la laideur cachée qui refait surface. Les roses s'enchainent, toutes miroitantes, mais aucune ne survit au ravage du temps, et autant de fleurs desséchées trace le gribouillis de sa vie amoureuse.
Vie amoureuse, la violine en avait vécu en 50 années de vie, toutes teintées de petits bonheurs, jusqu'au moment fatidique. Des coeurs elle en a sans doute brisé autant que le sien fut brisé. Écorchée, elle finit par se demander si un jour elle trouverait une rose qui garde sa beauté pur et innocente. Entre les abus, les torrents vengeurs, les paroles acerbes, comment faire confiance? La jeune femme avait fini par tracer un trait, une frontière érigée comme un mur sectoriel. Finis les histoires à l'eau de rose. Fini les couples rangés. Elle s'était jurée de ne plus jamais laisser un homme s'approcher autant. Son coeur, elle allait l'emprisonner dans une G.L.A.C.E noire.
Des années durant la traqueuse s'était tenue fermement à cette résolution, éloignant les entreprenant, assouvissant ses désirs, son plaisir dans les bras de rares amants. Elle vivait en solitaire, parfois sous le regard inquiet de ses proches qui se demandaient sûrement pourquoi dans l'Immortalité, elle s'infligeait maintenant la plus complète solitude sentimentale. Mais pourtant ils savaient, tous, pourquoi. Y'a des blessures qui prennent plus de temps à guérir. Et sans qu'elle se rende compte, un homme s'approchait lentement, comme un Gnoll dans le souk qu'était DreadCast.
Un brun, ténébreux, comme elle les avait tant aimés. Au début, aucun geste brusque, aucune intention dévoilée. Juste une oreille à porter pour lui permettre de vider le sel de sa colère. Puis le sel fut rapidement allégé. Le plumé, friand de pâtisserie s'était mis à en faire toutes les nuits, une part spécialement conservé pour la barmaid qu'elle était. Une douce attention dans laquelle elle trouvait un peu de réconfort, et pourtant, ils étaient amis. Que amis. Du moins, elle essayait de toute ses forces de s'en convaincre.
Lentement, inexorablement, les petites séances nocturnes de dégustation de pâtisseries se transformèrent en une invitation à manger chez lui. L'écorchée n'avait eu de cesse de répéter les mots "seulement ami" et pourtant, au fond elle, elle commençait lentement à vouloir un peu plus, bien que cela l'effrayait. La perspective de laisser un homme s'approcher autant était comme une mise en abîme. Elle, pieds nus, au bord du gouffre, le vent soufflant en de brusque rafales, prêts à la faire basculer dans le vide. Une chute longue et périlleuse. Comment y survivrait-elle? Elle voulu alors s'éloigner encore de cet homme. De le repousser, pour son propre bien. Se protéger, le protéger, éviter une énième cicatrice amer sur son âme. Mais il ne se découragea pas.
Il était patient, compréhensif, et il prenait la distance qu'elle exigeait. Elle qui agissait comme la peste, un fléau sourd qui allait ravager des vies. Que faisait-il encore là? Pourquoi continuait-il avec les douceurs nocturnes? Le temps commençait à avoir raison d'elle. La vautour s'adoucissait lentement mais sûrement. Apprivoisée par un chasseur méticuleux. Un flirt anodin, un baiser voler au coin d'une rue. Des doigts aventureux qui filent contre la courbe paisible d'un mont fessier. Un câlin opportun, une tendresse rare. Une première rechute, comme une junkie, elle s'était laissée prendre au jeu. Le piège était refermé. Le lien s'approfondissait. Ami, plan cul, amant. Il se frayait un chemin.
Et elle, perdue dans les ténèbres comme une enfant, elle ne voyait pas sa chute imminente, jusqu'à ce que l'abysse l'invite une fois de plus à l'embrasser. À embrasser cet inconnu. Une discussion, des mots, il avait tout fait pour l'appaiser, mais un avertissement subsistait, il n'allait pas attendre indéfiniment. Déchirée, elle fit un pas, il ne lui en fallait qu'un dernier, un seul et cette fois la descente serait fulgurante. Tremblante, la frêle créature avait fini par céder, elle basculait entièrement. Le destin? Elle l'emmerdait, elle prenait le risque.
La peur fut la première émotion qui l'accompagnait. La peur de décevoir, la peur d'être blessée, la peur de le blesser, la peur que ça ne devient qu'un échec de plus dans sa vie. Les jours se transformèrent en semaines, et elle finissait par se détendre, la peur cédait place à la sérénitude. Elle avait eu tord. Tord de ne pas avoir plongé. De ne pas l'avoir fait avant. Sereine que la violine était enfin. Comment on faisait déjà? Ça paraissait si naturel et si lointain à la fois. Doucement elle se réapprivoisait, elle, et ses sentiments. Les défenses finirent par céder, un à un comme les verrou d'un SAS. Elle tourna le regard vers le brun qui fumait doucement, clope au bec. Leurs neuvopacks ronronnant dans le smog épais de Marran.
Deux abysses bicolores qui cherchèrent ce regard qui avait fini par la convaincre. Les semaines étaient devenues des années. Ce que le temps passe rapidement lorsque nous sommes immortels. Naurestel s'en étonnait encore parfois, comment elle en était venue là. Comment malgré toutes ses craintes, elle avait pu goûter à nouveau ce synthé-fruit qu'elle croyait lui être défendu. Peut-être que les contes de son enfance étaient vrais. Peut-être que Thallys créait des clones complémentaires, habités d'un être qui ferait écho au sien. Son esprit plus créatif se plaisait à le croire, sa part pragmatisme la sermonnait parfois de cette folie. Mais ça, elle le savait déjà. La folie avait toujours flirté avec elle, et le ferait toujours. Folle, d'amour, de joie. Folle. Démente, créatrice sanguinaire. Folle, comme les éléments qui secouaient la fragilité de la vie en DreadCast.
Il n'y avait-il pas d'ailleurs un dicton qui disait " Le coeur a ses raisons que la raison ignore" ? Un doux sourire s'étire sur ses lippes. Les charnues venant à l'encontre de la chair, un mordillement affectueux, alors que l'étreinte se referme une nouvelle fois sur elle. Elle se laisse aller, comme si son esprit refermait avec contentement un livre longuement étudier, si désintéressant. La question ne subsistait plus: Réparer un coeur brisé. C'est avec lui qu'elle recollerait les morceau, elle l'espérait. Elle le savait. Les mots filent une nouvelle fois, lovée qu'elle est contre cette chaleur, sa moitié.
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.« Je t'aime »
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Informations sur l'article
📖Vita Vulturis
06 Janvier 2022
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◊ Commentaires
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Amaryllis (436☆) Le 07 Janvier 2022
@Quirin I'm watching you OvO
@Nau On te l'avait dit ! ECOUTE TA SOEUR ! ♥