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Cacher
Rat in a box
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Image : Pajunen - Forest tales
Musique : The Caretaker - Increasingly Absorbed in His Own World
Image : Pajunen - Forest tales
Musique : The Caretaker - Increasingly Absorbed in His Own World
Est-ce que je peux prétendre être une ancienne, à présent ? Je manque de signaux indicateurs, c'est à ajouter aux innombrables choses que je ne sais pas, est-ce qu'il y a un quota ? Quota d'années, de partenaires, de cicatrices ou de crédits, quota de victoires ou d'oubli, quota de mémoire, de drama ? J'ai en tout cas rempli ma part.
Mon appart, mes bouquins, mon deck et ma meuf, sortir le moins possible, prier beaucoup, méditer, regarder des vidéos débiles en se planquant sous la couette, écouter le son de la pluie qui grésille contre le vitrage. Ma modeste pension (200k par heptade pour cause de femme riche), quand je n'oublie pas de la retirer à cause de ma sénilité précoce. Regarder la plèbe en s'émerveillant de la petite voisine qu'elle est bien courageuse de bosser si tard et le gars qui passe en milieu d'après-midi en affichant fièrement son galon de sous-lieutenant.
Deux-trois demandes de rendez-vous, quand même, ou de murmures ennamourés, laissés en plan sur un com délaissé à part pour une correspondance occasionnelle. Je me dis que si je réponds, ça va encore finir au lit. La flemme de me déshabiller, j'ai plus trop l'âge pour ces conneries. Trop occupée de toute façon à cultiver des champignons, ils se glissent entre les rainures du parquet. Spores au cerveau, aux souvenirs, odeur d'humus, sous-bois profond, champignons du sol au plafond.
Parfois un frôlement sur mon oreille m'arrache encore un frisson. C'était facile, pourtant, avant, je me rappelle, j'avais le feu au cul, le feu au corps, je me faisais troncher partout, tout le temps, dans toutes les positions, je n'étais pas toujours d'accord mais l'un dans l'autre c'était bon. Puis un jour, c'est comme tout, on se lasse, enfin, pas tout le monde, mais moi ça m'a lassée, puis les sentiments aussi, voilà, on s'en lasse, au compost, ça nourrira les champignons (sortez couverts).
Des fois, je m'attable, je m'exerce, je me dis, j'écrirais encore bien, pour qui, pour quoi, pour rien, je ne sais pas, je le fais quand même, dans le doute, il y aura toujours bien quelqu'un pour lire, un rat pour écouter, de toute façon, je m'en fous, ça sort tout seul, et si ce n'était plus le cas ça me paniquerait.
Je regrette juste, je regrette de ne pas pouvoir écrire sur les gens, ou si peu, mais c'est peut-être que je n'ai pas le talent, ou peut-être que l'émotion, la vraie, elle ne se décrit pas avec des mots, elle est trop fugace, ou trop fourbe, allez savoir.
Comment écrit-on sur quelqu'un sans avoir su comment le combler ?
Comment écrit-on sur quelqu'un sans assombrir, enjoliver, écrire sans mensonge aucun ?
(Cette série de questions tient elle aussi du lieu commun)
Quand on y pense, seul le Rat et la Ville sont éternels, donc mes écrits n'auraient ni plus, ni moins de valeur que ceux qui se promettent l'amour ad lib jusqu'à l'année prochaine ou un descriptif physique pré-cuve et post-coït, donc allons-y, allons-y gaiement... Et non, ça ne vient pas, c'est la timidité, la pudeur ou la fierté, la peur de se ramasser... Uh.
Elle était pas conne, enfin, beaucoup moins que la moyenne, peut-être même moins que moi, je me rappelle, entre ses bras, et ses aisselles toutes en sueur, et puis son coeur proche de mon coeur.
(Encore raté)
Fait : on ne connaît de l'autre que ce qu'on en découvre, que ses interactions. Même les malédictions ne changent rien à cela, écrire sur autrui, c'est fort écrire sur soi, ce que je fais déjà, ma foi fort à l'excès, mais c'est le seul sujet que je connais un peu.
Que va-t-il se passer maintenant, je me demande si certaines ont lu jusqu'à ce petit flottement. Que ce suspense nous tue.
Mais je crois que c'est tout, enfin, pour le moment, finir sur un flottement. Ma meilleure raison de rester est que je ne vois pas pourquoi partir, c'est plutôt bien, ici, les oraisons aux champignons, mise à distance de l'émotion. Je sais que je ne sais pas, je sais que c'est mon luxe, aussi, un écureuil de Schrödinger. Ce n'est qu'en abattant les murs d'appartement que l'on saura alors, de la vie ou la mort, qui m'étreint tendrement.
Je ne suis pas pressée...
Informations sur l'article
NM
02 Septembre 2019
624√
16☆
4◊
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◊ Commentaires
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Alix (115☆) Le 02 Septembre 2019
Pour moi, la mise en page est plus jolie sans cacher
C'est une lecture très agréable, et la mise en page fait partie de ce qui rend agréable la lecture. -
Hécate (205☆) Le 02 Septembre 2019
Perso, je vois un S comme SNENI ! -
Manerina~6356 (1551☆) Le 08 Septembre 2019
♥