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EDC de 65442

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Cacher

Ramassis

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Quelques jours de cerveau-foutoir, mélanges mêlés de rôleplay et de tranches de vie.. Cliquer sur "cacher" pour votre confort de lecture.



On en est tout de même arrivés au stade où quand le haut-parleur signale la présence d'une personne sur la voie, plus d'une voix s'élève pour exprimer son ras-le-bol envers les suicidaires qui mettent tout le monde en retard.





[H]rp

Je suis incapable d'écrire un roman, un texte-fleuve, une histoire monolithique. Pourtant, appâter les mots et les notes de musique semble simple, les assembler en une mélodie cohérente aussi. Spontané, presque naturel à force d'y travailler, quelque chose qui parfois libère de l'émotion dans la plume comme à l'oeil. On s'entend bien, les mots et moi. J'espère – je crois.

Pourtant, ils demeurent de petites créatures farouches, éprises de liberté. Lorsqu'ils se posent sur une page, on sent bien que c'est à contre-coeur, et les phrases tremblotantes et trébuchantes qui en résultent n'ont plus grand-chose à voir avec leur puissant pouvoir d'évocation. Les mots ne se laissent pas capturer si facilement. C'est sans doute mieux comme ça.

Selon le proverbe, les paroles s'envolent, et les écrits restent. J'espère que c'est faux, que l'usure et le temps effacent même les écrits, si bien qu'à terme il ne reste que des réminiscences un peu décousues. Alors, après avoir été trop longtemps piégés dans une rigidité qui ne leur sied guère, les mots se libèrent. Ils quittent leur prose figée pour revenir papillonner.

Je crois que c'est là qu'est leur quintessence, qu'est l'imaginaire. Non quand on les trouve, mais quand on les perd, quand on les égare dans son propre coeur ; quand on n'entrevoit que quelques morceaux, que quelques monceaux, pépiant à la limite du regard, se laissant frôler mais jamais happer. Ecrire un véritable texte, après réflexion j'en ai fait le deuil.

A la place, je peux mettre ces extraits décousus, largués dans l'inconnu, vivant leur propre vie. Un jour, sans doute, j'oublierai, et serai oubliée, mais j'aurais tissé assez d'extraits fugaces pour qu'une évocation se fraye une petite place, qu'une impression diffuse murmure et nous enlace. Des petits pas, des pointillés. Les mots sont délicats, je préfère être patiente, ne pas les effrayer.



Un instant ton regard me capture
Et je sens dans ta démarche sûre
Le parfum envoûtant des luxures
Au point de rupture

Où nous oublierons le présent
Longuement enlacés, des amants
Est-ce le stupre ou les sentiments ?
Instant malaisant

Je sens l'envie me dévorer
Et j'aurais attendu bien assez
Cette occasion de me délasser
Dreadporn adoré.

Aitl Impérial




Rébus non-publiés.

Six ryus
Hue, Jean !
Lance




Page froissée.

"Petite NI, petite NI,
Tu comates dans les déchets sans te soucier du temps qui passe
Petite NI, petite NI,
Tu es naïve et si petite – petite NI."
Comptines et reprises



On ne va pas se mentir, des fois on aimerait qu'ils et elles gardent toute leur vie durant cette naïveté, cet enthousiasme, ces qualités qui les rendent si exploitables aux yeux de certain.e.s, si pleins et pleines de potentiel pour d'autres. Malheureusement la naïveté est bien souvent une petite fleur qui ne dure qu'un temps, la relève tant mise en valeur semble avoir un don pour se cogner à tous les murs de passage, pour faire les pires rencontres, pour respirer le smog à plein poumons.

Autant dire que quand l'une d'elle persiste et signe, son entourage trépigne. Parfois pour l'adopter, parfois pour l'enrichir ; parfois pour l'exploiter, enjoignant à coucher avec de temps à autre une insistance certaine, un peu de tout cela. A titre personnel, ça ne m'émoustille pas souvent, je dirais même, ça me refroidit, s'attacher surtout aux jeunes c'est souvent se faire du mal pour rien et le masochisme a quelques limites.

Profites-en, NI, NA, c'est une période qui ne dure pas, remplie d'épreuves mais aussi de joies ; il te faudra d'abord sortir du Centre sur tes jambes flageolantes (et encore, je tiens à dire que de mon temps, tu sortais à poil/plumes/écailles, avec un flingue vide et une casquette si t'avais de la chance). Quel triomphe que ces premiers pas ! Tu la sens, à tes tympans, cette voix impersonnelle qui te rappelle les vérités et tes devoirs alors que tu n'as déjà qu'une envie, celle de dégueuler ?


La traversée vers le CIPE, ce moment magique où tu troques l'air aseptisé du Centre d'Arrivée pour le doux parfum du smog, les regards grivois ou indifférents des passants ; si tu la surmontes, le plus difficile est fait, il ne te restera qu'à t'inscrire au registre des chômeurs. C'est fier comme un écureuil en parade nuptiale que tu touches tes 2000 crédits, avant de te rendre compte qu'il te faudra quelques semaines rien que pour économiser de quoi te vêtir.

Mais les bonnes âmes ne manquent pas, centres d'accueil et autres mécènes, intéressés ou non. Bon, tu n'as pas les éléments nécessaires pour faire le tri entre les vrais gentils et les connards, et de toute façon tes capacités de résistance à la pression sont nulles. Mais c'est par l'erreur qu'on apprend ! Cette règle sur l'erreur, garde-la précieusement toute ta vie, sinon tu finiras parmi la horde de dépressifs qui vident les fonds de godets en attendant que le froid vienne les chercher.

Normalement, dès ce moment, tu seras lancé.e dans la vie. Les menaces les plus pressantes pour ton corps vacillant auront été éloignées, réduite à quelques dangers insignifiants tels que les traumas précoces, le cynisme, la dépression, et autres joyeusetés considérées à tort comme des pathologies mentales vu que statistiquement ça semble la norme. Tu resteras une NI, mais plus pour très longtemps, tu prendras ton envol dans les salles aseptisées ou dans les ruelles rustres.


C'est un peu à tout cela que je pensais, hier, en regardant ma boite de messagerie où un nom effacé surplombait une conversation sans titre. J'ai fouillé le contenu, et elle me disait essayer de rester sur le droit chemin, espérant que la sagesse tempérerait l'instinct. Sa puce n'était plus. Mais pour toutes ses épreuves, nous ne l'oublierons plus ! Son nom était Balle... Besha... Un truc à trois syllabes... Mh. Ca reviendra.

Comme ils grandissent vite.



Et si la page était blanche ?
Une vaste plaine où le doute insiste
Lieu où la plume arrogante flanche
Le silence seul subsiste

Mais les silences dérangent
Gluants relents des huiles de schiste
Les mots s'extraient d'une absconse fange
La poésie entre en piste

Sept-neuf-neuf-sept en boitant
Un texte émerge en un long soupir
A-B-B-A lus en contretemps
Douze lignes à ne rien dire.

Aitl Impérial - Fin


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Image : Jeff Rowland

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