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EDC de 65442

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Cacher

Les lambeaux


Le Comité contre l'Exploitation des Ecureuils ne compte pas beaucoup de membres. L'elfette, qui n'a jamais touché un steak de sa vie, n'en fait pas partie. Sans doute à cause de leurs campagnes-choc qui semblent plus pressées de heurter le chaland pour des dons de bonne conscience que de défendre leur cause de façon réaliste.



Les lambeaux...



Parfois, c'est même l'effet inverse qui se produit, tant les habitants de la Surface peuvent être friands de sang et de violence gratuite. N'empêche, elle avait été impressionnée devant l'un de leurs rares reportages sur les conditions de vie en élevage.




C'était peut-être un faux. Peut-être un savant amalgame d'images de synthèse, d'actrices et acteurs pornographiques détournés de leur vocations première pour couiner et grogner. De l'hémoglobine de champignons-néons, des barreaux en carton.

C'était peut-être troublant à cause du même regard sanglant dans les yeux des habitants, même des idéalistes détournés de leur vocation première pour couiner, grogner ou se réinvestir dans la pornographie. De l'hémoglobine à foison, des barreaux en béton.



Elle est retournée danser au Red Bar. Le public a disparu, ses entailles récentes laissent chuter de fines gouttelettes sur le zinc et sa fine couverture de poussière moelleuse. Le juke-box, après avoir extorqué sa taxe de crédits, de jurons et de coups de pieds, délite sa musique agressive. Dans sa solitude, elle s'agite, se sent salement sensuelle.

Les habitants s'ébattent et se débattent dans l'enclos trop étroit au gré de leurs émois. A force de trop se frotter, tous laissent des lambeaux de peau qui décorent les cages. Ils s'entrechoquent entre eux, tant l'espace est restreint, ou tant l'angoisse de la solitude les rapproche. Alors, ils couinent et grognent, se lacèrent ou meurent dans leurs excréments.



Quand les êtres parasitant les lieux s'estiment assez grands, ils construisent des murs à mesure de leurs egos et de leurs idéaux. Puis ils fuient ou se décatissent, comme toute âme le fait un jour dans la Ville.


C'est ainsi que naissent les ruines, comme celle dans laquelle danse l'elfette. Au fond, elle leur en est reconnaissante, de lui avoir offert ces enclos oubliés.





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Référence 1 - Blame !, Tsutomu Nihei
Musique : rework personnel - Guilty Rocks, par Mùm.
Musique 2 : Amesoeurs - Troubles (éveils infâmes)

◊ Commentaires

  • Asajj~42272 (668☆) Le 09 Août 2017
    "Transe, sang, danse." Je l'avais jamais pensée celle là ! ☆