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EDC de 65442

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Scar(r)ed

Elle tousse. Les pluies acides ont été violentes ces derniers jours, quelques minutes dans le Smog sans respirateur ont suffi. Ca siffle quand elle respire, il doit y avoir quelque chose de pourri à l'intérieur, un peu comme dans le Secteur, un souffle malsain qui fait dégorger une bile âcre et douloureuse, les larmes et le coeur au bord des yeux.

Elle se redresse à demi pour regarder par la fenêtre. Ses yeux fiévreux dévorent la scène. Pour elle, le rouge qui teinte le smog et les nuées d'annonces aitl qui parcourent les cieux bouchés sont aussi concrets que le verre sous ses doigts. Elle inspire profondément pour ne pas céder aux angoisses. Peu de choses sont aussi désagréables que gerber par-dessus une toux grasse. Tiens, elles sont là, d'ailleurs. L'une s'appuie contre son épaule, vient mordiller le lobe de son oreille d'une bouche froide, sèche, d'une voix qui a la dureté des Souterrains, presque affectueuse, pourtant.
L'elfette sort un kanuf abîmé, frottant son avant-bras presque machinalement en se perdant dans le paysage. Le tribut de sang apaise les créatures, qui se retirent dans un recoin sombre pour se sustenter. Elle n'est pas dupe, elle sait qu'elles reviendront au moindre relâchement, si elle laisse trop ses pensées dériver. Les nuées de mots se battent entre elles dans le smog, plus les lettres giclent, plus elles se renforcent, ce n'est pas demain la veille qu'elles seront épuisées.

Son ton est neutre. Une simple constatation. Elle a dit cela sans arrière-pensée, sans hargne, avec un fatalisme un peu blasé. C'est donc cela que les vautours ressentent quand ils établissent des suites logiques ? Du moins ça y ressemble. Une nouvelle sensation à ajouter à son panel, elle en prend mentalement note.


Elle sort de sa besace son carnet de notes et son aitl, laissant le kanuf de côté. Tant pis, elle fera un rite d'exorcisme plus tard ; il y a plus urgent. Maintenant qu'elle sait quelle information est manquante, il n'y a plus qu'à la rechercher, fût-elle aussi rare qu'un vêtement kitté dans un champ de déchets. Parmi toutes ces grandes gueules qui noircissent l'onirisme, quelqu'un doit bien avoir des éléments d'illumination.


Elle craint tout autant les réponses que l'absence de réponse,
et n'ose trop se lancer.


Dans la rue, un fouilleur écorche un rat mort.

◊ Commentaires

  • Milla~66111 (22☆) Le 06 Juin 2017
    Être seule à vouloir voir le monde rêver quand tant veulent le voir crever...
    Belle utopie. Triste utopie.