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Crachée du caisson
Crachée du caisson...
Elle s'écrase sans un son dans la salle glacée, risible résidu. Personne pour la cueillir à l'accueil. Elle n'a guère de formes, et touché le fond. Sans doute, si elle n'avait été trop jeune leader par le passé, aurait-elle été oubliée dans un coin de poussière. Elle ressort comme de rien et arpente la rue d'un pas feutré assez serein.
Survient l'assaut assassin du décalage horaire. Le passé sournois s'impose. Elle se prend des avants qui rappellent son arrêt. L'autre elfe a fondé famille, et la rêveuse se laisse aller à frémir. La voilà maintenant en famine et en froid, la fluette. Et les murmures noirs en profitent pour lui rappeler à quel point elle est défectueuse.
Elle prend leurs dires en considération, puis en fait défection ; après tout, c'est plutôt le Secteur qui a subi une défaite tueuse ; elle n'est pas une fée, et encore moins tueuse, elle est inutile, ce qui est plus qu'honorable, une rêvasseuse qui tisse des textes alambiqués pour le plaisir de se les murmurer. Puisqu'elle ne peut être en duo, elle se masturbera intellectuellement, ça leur fera les pieds !
Elle aurait aimé faire sonner une clochette dans les ruelles. Sortez vos morts, vivants ! Mais ses poumons ne sont guère assez puissants. Elle aurait voulu braquer les passants. Haut les pattes, patate ! Mais ses canons ne sont point reluisants. Elle aurait secoué le Secteur tout entier. Levez-vous, vicieux ! Mais elle est amorphe, et puis elle a froid et faim, et les reponsabilités l'écrasent trop facilement et elle n'aime pas les foules.
Elle capte les chaleurs, épluche les chalands, et noie l'aitl de ses vers dissonnants. Elle sème son sang d'encre sur les murs et les pages, évite les phalanges et s'épand sur le smog. Peu à peu, elle re-tisse un réseau, un écrin, et agrippe les rêveuses en son sillage pour chasser l'insipide.
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